Chapitre 2

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– Deux milles dollars cash.

Bobbie abattit les billets sur le comptoir avec un sourire éclatant à l'appui.

Aux yeux de certaines personnes, elle était peut-être entrain de commettre une folie en dépensant une telle somme pour un vulgaire violon. Mais pour elle, ce n'était pas le cas. Aucun violon n'était quelconque d'ailleurs. Sa passion pour cet instrument de musique n'avait pas de bornes. Bobbie n'avait jamais appris à jouer dans une école de beaux-arts. Ce n'était pas qu'elle n'en avait pas envie mais ses parents n'avaient pas les moyens nécessaires. Tout ce qu'elle connaissait, tout ce qu'elle avait appris c'était grâce à ses propres recherches sur internet. Depuis toute petite, elle avait accumulé les connaissances. Elle ne voulait pas forcément devenir prof de musique ou violoniste célèbre, elle voulait juste être elle, Bobbie, la petite australienne jouant sur le toit de son immeuble une fois la nuit tombée.

Le vieil homme derrière le comptoir nettoya ses lunettes tandis que ses yeux dont un des deux globes était laiteux, voyageaient de la jeune femme souriante aux billets posés sur le meubles et vice-versa.

– Vous y êtes finalement arrivée miss Wiggins ? Bravo !

– Je t'avais dit que je les aurais Everett. Et arrête de me vouvoyer ! elle ronchonna boudeuse en faisant rire le septuagénaire.

– Je n'en doutais pas.

– Je peux l'avoir maintenant ? elle fit en sautillant sur place telle une gamine.

– Bien sûr. Mais avant... signe-moi ceci.

Il sortit un attaché-case de sous le comptoir et en retira une feuille. C'était un second contrat stipulant que la vente avait été finalement faite et que les engagements avaient effectivement été honorés. Bobbie avait toujours trouvé ces papiers inutiles mais le vieux Everett était de la vieille école et il était très pointilleux sur ce genre de choses.

Il lui laissa un stylo pour qu'elle s'en serve. Ensuite il ramassa l'argent. Bobbie s'étonna de le voir le mettre directement dans la caisse.

– Tu ne comptes pas ?

– Une personne comme toi mérite mon entière confiance, fit le borgne avec un clin d'œil à travers ses verres médicaux.

D'une démarche fatiguée et propre aux gens de son âge, le vieux antiquaire se dirigea vers l'arrière de sa boutique pour chercher le précieux violon tant convoité par la petite Bobbie pour laquelle il s'était pris d'affection. En effet ça faisait cinq ans qu'elle venait au moins une fois par semaine pour admirer ce violon de collection assez rare. Ça faisait cinq ans qu'elle venait pour s'assurer que personne ne l'avait acheté. Elle avait même gentiment -et un peu sérieusement aussi- menacé Everett de ne plus jamais lui adresser la parole s'il osait vendre l'instrument de musique à quelqu'un d'autre. Ils avaient même signé un contrat : le vieil homme retirait l'instrument de la vitrine ou il était exposé et Bobbie se donnait trois ans pour acheter ce trésor. Ça coûtait beaucoup plus mais le gentilhomme lui avait fait un petit rabais.

Pendant ce temps, Bobbie lisait ledit contrat qui faisait à peine sept lignes et était rédigé en gros caractères. On lui apporta le violon et on le déposa sous ses yeux brillants. Everett souffla sur le dessus de l'écrin un peu poussiéreux et l'ouvrit après l'avoir tourné l'ouverture face à Bobbie. C'était comme si le saint graal venait d'être déposé à sa portée.

L'amante secrète du Cheikh Où les histoires vivent. Découvrez maintenant