Chapitre 6

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Malgré ces lourdes interrogations qui tourbillonnaient de plus en plus fréquemment dans sa tête, la jeune australienne lui posa cependant une autre question par peur de paraître trop incertaine de lui parce à vrai dire aussi fragile que soit leur relation, elle était basée sur la confiance. Elle connaissait les conditions et les conséquences dès le départ et elle s'était tout de même lancée dedans la tête la première. Alors pourquoi douter maintenant et faire des scènes ? Peut-être tirait-elle des conclusions trop hâtives et que Hakim avait juste des soucis de travail.


– J'espère que tu as faim parce que je vais préparer le dîner. Tu as envie de quelque chose en particulier ?


– Je te laisse choisir.


– Un ragoût, elle décréta d'emblée.


Il y avait de cela quelques mois, elle aurait rougi d'embarras en lui proposant un tel repas. Il fut même un temps où le voir se tenir debout dans son minuscule salon mal décoré avec des meubles bas de gammes aurait pu la faire mourir de honte. Aujourd'hui elle avait pris l'habitude même s'il se voyaient rarement tous les mois. Elle se leva et gambada joyeusement vers le frigo de la kitchenette ouverte qui permettait au souverain d'admirer sa maîtresse à l'œuvre. Elle l'ouvrit et y jeta un coup d'œil. Génial, il y avait des pommes de terre. Sinon elle aurait été contrainte d'appeler un pizzaïolo puisqu'il n'y avait rien d'autre pour constituer un autre repas solide. Or Hakim avait un excellent appétit sans pour autant manger comme un ogre. Dans la semaine il faudrait faire les courses.


– Laisse-moi voir... Tu préfères quelle viande ? Des pilons de poulet ou du bifteck de bœuf halal ?


– Je préfère t'avoir toi.


– Idiot ! rit Bobbie en rougissant tout de même face à la lumière qui éclaira le fond du réfrigérateur. Désolée de te décevoir mais je ne suis pas au menu pour l'instant.


Si elle savait le nombre de gens qu'il avait détruit rien que pour avoir osé l'insulté ou le traité d'idiot. D'ailleurs seuls les plus fous s'étaient risqué à se dresser contre lui. Mais venant de Bobbie, il pouvait tout accepter, même qu'on lui retire son titre de noblesse et sa coiffe de Cheikh. Après tout, elle était là femme qu'il chérissait.


Au lieu de s'enflammer, il arborait un mince sourire en coin tout en admirant sa tenue d'intérieur qui se résumait en un débardeur blanc à fines bretelles rentrées dans une jupe fluide de couleur rouge lui arrivant un peu plus bas que les genoux. Elle était pieds nus et il trouvait ça sexy. Avant elle, il n'avait jamais su qu'il était un fétichiste des petits pieds féminins.


Profitant du fait qu'elle soit occupée à fouiller le frigo, il essaya de l'aider à ranger le désordre de jouet régnant sur le sol de la pièce déjà bien digne du plus bordélique des capharnaüms ou souk. Depuis qu'il connaissait Bobbie, il accomplissait des tâches que ses congénères auraient jugé indigne d'un Cheikh. Mais étrangement, il n'en avait absolument pas honte. Si c'était le cas, il ne se tiendrait même pas là. Il n'avait pas non plus honte de Bobbie. Il aurait voulu la présenter à son peuple mais la situation critique du Khayat ne le permettait pas encore. Bientôt, se promit-il. Lorsque tout serait réglé, il comptait refaire les choses de la bonne manière en lui révélant son identité, en lui demandant pardon et en l'amenant vivre dans son pays.

L'amante secrète du Cheikh Où les histoires vivent. Découvrez maintenant