Chapitre 36

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Aux portes de la ville, le convoi ne fut pas arrêté et fouillé puisqu'il s'agissait de celui du roi. Le voyage se poursuivit donc sans encombre.

Bobbie se demanda si Sania avait déjà remarqué leur disparition. Sûrement que non sinon la nourrice aurait appelé le cheikh pour l'en avertir. Yara et les autres avaient promis de bien garder le secret au chaud pour que Sania ne s'en rende pas vite compte. En plus ça ne faisait qu'une heure que le convoi avait quitté le palais. À ses côtés, Chaima ne semblait pas soucieuse de la réaction de sa mère. Bobbie en déduisit que la jeune fille devait avoir l'habitude de faire des petites bêtises de ce genre même si cette fois-ci ça allait être la goutte de trop. Elle s'en voulait de l'embarquer dans ça mais était heureuse de faire le voyage avec elle. Au moins c'était beaucoup plus supportable.

Les Jeeps roulait déjà depuis un bon moment sur une large route goudronnée traversant et serpentant le désert du Khayat. Le soleil était haut dans le ciel et il faisait chaud. Même si l'Australie était un continent réputé pour la chaleur qui y régnait au point de faire naître des incendies de forêt, Bobbie trouvait l'atmosphère du Khayat étouffant. À un moment donné, elle commença à avoir soif et demanda à Chaima de lui passer la bouteille d'eau qu'elles avaient heureusement emportée avec elles. C'était ça leur seul bagage. Bobbie dut faire un peu d'acrobaties pour pouvoir goûter au liquide tiède mais rafraîchissant. Elle n'en prit pas beaucoup afin de pouvoir retarder une quelconque envie de pisser. Nullement égoïste, elle passa ensuite la bouteille à la servante qui but silencieusement à son tour quelques gorgées avant de remettre le petit capuchon.

– J'étouffe. Pas toi ?

– Oui, moi aussi. Je crois qu'on est enfin sortis de la ville, on va donc pouvoir s'autoriser certaines libertés.

Chaima souleva discrètement la couverture mais sans pour autant l'enlever complètement. L'ouverture leur permettait juste de respirer, d'avoir un peu d'air et de voir le chemin que la voiture laissait derrière elle en avançant. Par moment de légères secousses les secouaient.

– C'est beau !

– Tu n'es jamais passée par ce chemin ? s'étonna l'australienne.

– Non. Ma sœur et moi n'avons connu que le palais et la capitale. Et puis notre mère ne voyage jamais. Elle ne nous laisse pas non plus nous rendre hors de la ville. Donc non, je n'ai jamais vu ce paysage. En plus le désert est très grand, on ne peut tout découvrir ou le voir sous tous ses aspects.

Bobbie acquiesça en silence en se disant qu'elle avait effectivement raison. Le désert beau mais avec des pièges comme sa grandeur avant tout.

En plus c'était la première fois que Chaima la bavarde se livrait vraiment. D'habitude, elle ne parlait que de son amour et de sa dépendance pour Furkan.

Après plusieurs heures de trajet et alors que les filles fatiguées avaient fini par s'assoupir l'une sur l'autre, la voiture qui les transportait s'arrêta soudainement. Le freinage les reveilla en les faisant sursauter par la même occasion. Elle se lancèrent des regards inquiets en entendant les hommes descendre.

– Que se passe-t-il ? Pourquoi s'arrêtent-ils tout à coup ? Nous sommes déjà arrivés ? paniqua l'australienne dans un chuchotement avec un air alarmé à l'appui.

– Apprêtez les méharis ! ordonna quelqu'un à voix haute.

– Où sont les animaux ?

L'amante secrète du Cheikh Où les histoires vivent. Découvrez maintenant