Chapitre 1

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 Il était une fois  le prince Zahid El-Azhar, âgé de vingt six ans et l'unique héritier du puissant royaume El-Azhar.  Ses parents, le roi et la reine  veulent absolument qu'il se marie afin d'être apte à gouverner. Mais, le prince, lui, n'est pas de cet avis. C'est un homme solitaire et sévère. Pourquoi aurait-il besoin d'une femme à ses côtés ? Certes, il a déjà eu de nombreuses conquêtes mais il n'a jamais trouvé la femme qu'il lui fallait  pour diriger un peuple. Non, Zahid n'aimait pas assez les femmes de son entourage pour ne serait-ce qu'imaginer le mariage. Le roi Mohammed, son père, espère l'union de son fils unique même si cela passe par un mariage forcé. Depuis cette déclaration, Zahid n'adresse plus la parole aux personnes du palais. Il fait la tête et tout le monde subit ses humeurs...

Non loin du royaume, une jeune femme de dix-neuf ans, Anastasia habite une simple maison avec son oncle, sa tante et ses deux cousines Leïla et Mina, toutes deux âgées de vingt-trois ans. Ces deux filles sont des plus insupportables, prétentieuses, égoïstes, mesquines et égocentriques. Les parents d'Anastasia sont décédés dans un accident de voiture à ses douze ans. Depuis, elle vit chez son oncle et sa tante dans une région du royaume El-Azhar. Le père d'Anastasia était français et sa mère était du pays. Anastasia a vécu en France jusqu'à ses douze ans.  Vivre chez son oncle, entre coups et humiliations est un enfer pour elle. 

Un jour, alors qu'Anastasia était partie faire les courses au marché, le roi et la reine se rendirent dans le petit village afin de sélectionner des jeunes filles de 23 à 26 ans. Ces demoiselles pourront vivre au Palais Royal sur une durée de 2 mois afin de goûter à la vie de princesse. Le prince devra alors choisir parmi 8 jeunes femmes sa future reine. Celui-ci est bien évidemment contre cette organisation qu'il juge trop médiatique. Il n'a aucune envie d'être le protagoniste d'une histoire de télé-réalité... Dans son bureau il tournait en rond tout en imaginant les nouveaux titres des journaux : "Un Prince à la recherche de sa princesse", "laquelle saura faire fondre le coeur de pierre de notre Prince" ou bien "Le Prince El-Azhar au coeur d'un harem moderne"...Une catastrophe...

Le Prince avait décidé. Il ne compte pas laisser ces filles entrer dans son intimité. Zahid sait qu'un jour, il trouvera celle qu'il cherche, celle qui sera digne d'être reine et qui lui fera enfin ressentir ce qu'est l'Amour. 

(...)

Quand elle revint chez elle, Anastasia se retrouva nez à nez avec le couple royal. Ils étaient tous les deux dans le salon, à boire le thé. Son oncle et sa tante étaient assis entre leurs deux filles et faisaient leur éloge. Mina et Leïla étaient vêtues de longues robes qui mettaient en valeur leurs formes. Elles étaient maquillées, trop maquillées. Le roi semblait sous le charme des jumelles. Il signa un contrat avec l'oncle comme si elles n'étaient que de simples objets. Anastasia fit une révérence maladroite et commença à ranger les courses dans la cuisine. Sa tante se précipita sur elle pour l'amener face à la reine. 

- Vous voyez votre majesté, elle est parfaite comme servante. Je peux volontiers vous la laisser ! 

La reine dévisagea la jeune femme d'un air cynique et fit un signe de tête. 

- Quel âge a-t-elle ? 

- Elle vient tout juste d'avoir dix neuf ans.  Elle est bien plus naïve et immature que ses cousines, je peux vous l'assurer. Ce n'est qu'une orpheline, elle ne fera pas d'ombre aux autres filles votre majesté. 

- Est-elle docile ? 

- Absolument votre Majesté. 

- Je vois. C'est d'accord, je l'engage le temps que les jeunes filles sont au palais. Elle sera servante. Nous avons bien besoin d'aide en ce moment. 

- Vous ne serez pas déçue votre majesté.

La reine acquiesça de la tête et retourna au salon. 

La tante se retourna vers Anastasia et elle lui ordonna tout bas : 

- Va préparer tes affaires ! Fait bien attention à toi, si tu déçois la famille royale ou mes filles,  à ton retour  je dirai à mon mari de t'amener voir qui tu sais. Et ne t'avise surtout pas de trainer avec le prince, je ne veux pas qu'il te remarque. Tu n'es au palais uniquement pour lui servir de bonniche. Reste dans ton coin et devient invisible comme aurait dû le faire ton cher père. 

Anastasia retint ses larmes. Elle ne voulait pas aller au palais dans cet espèce d'Harem malsain. 

Elle monta les marches de la vieille maison et sortit un vieux sac en cuir brun usé. Elle y glissa des tenues (elle n'en avait pas beaucoup), des romans de littérature française, des photos de son ancienne vie, ses cahiers d'écriture et quelques affaires de toilette. 

La jeune femme se changea et descendit les marches. Ses cousines n'étaient pas encore prêtes. Evidemment.  Elles étaient dans leur chambre, à ricaner et à emporter toute leur garde robe. 

Anastasia s'assit sur le canapé, en attendant le départ. 

Soudain, le roi entra dans le salon. Sa poitrine se compressa. Son coeur battit plus vite. De l'homme émanait une telle puissance, qu'elle avait l'impression qu'il absorbait l'oxygène de toute la pièce.  Anastasia se leva lorsqu'il s'installa sur le fauteuil juste en face d'elle. Elle lui proposa du thé. Il refusa en la fixant. 

- Mademoiselle, vous êtes ? 

D'une voix douce et faible, elle répondit : 

- Je suis Anastasia Perlman votre majesté.

- Bien, vous êtes la cousine des jumelles Mina et Leïla, je me trompe ? 

- C'est exactement cela. 

- Mais non votre majesté, elle est surtout notre servante ! Anastasia est arrivée chez nous il y a quelques années... rectifia Mina, sourire aux lèvres, en arrivant dans la pièce. 

- Je vois. Ravi de faire votre connaissance Mademoiselle Perlman. 

Anastasia baissa la tête, s'inclina. Puis, elle partit pour laisser la place à ses cousines.

Lorsqu'ils sortirent enfin de la maison, de grosses voitures noires blindées attendaient devant. 

 Les jumelles montèrent dans la première qui se présenta. Des hommes en costume portaient les  nombreux bagages.

Anastasia fut invitée à entrer elle aussi dans une seconde voiture. Les sièges beiges étaient très confortables et moelleux. Elle se serait presque cru sur un nuage. En s'enfonçant dans le cuir frais, elle  pensait et se disait qu'elle ne s'était pas assise dans un fauteuil si agréable depuis bien longtemps. Malgré son poids léger,  elle se sentit engloutie par la mousse. Anastasia n'est pas une fille toute maigre, toute fine, avec un corps parfait comme le sont ses cousines, elle a des formes mais pas de trop. Elle ne se rend pas compte de l'effet qu'elle produit lorsqu'elle côtoie des hommes...Depuis toujours, sa famille maternelle critique son physique. Pour eux, il faut ressembler à un mannequin ! 

Le trajet est long. La voiture roule dans le désert depuis presqu'une heure. Le chauffeur est muet comme une carpe. Il jette de temps en temps des petits coups d'oeil dans son rétroviseur. La douceur des sièges, le bercement de la voiture sur le sable et le petit vent chaud qui émanait de la vitre emporta la jeune femme épuisée dans un léger sommeil. 




Romance (Anastasia et Zahid : une rencontre)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant