Chapitre 19

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L'homme lui parla en russe à une vitesse folle en la tirant violemment vers la sortie. Personne ne bougeait pour l'aider, Ana se sentit si seule... 

Terrorisée, elle n'osa pas crier. Il la fit sortir de force de la librairie et l'attira dans une petite ruelle. Ana ne respirait presque plus. L'homme était impotent, il sentait fort l'alcool et ses gros doigts tripotaient la  jeune femme par dessus son manteau. Il la colla contre un mur et se pressa contre elle. C'est lorsqu'il déboutonna son manteau qu'elle revint à la réalité et comprit enfin la situation. Prise d'adrénaline, elle donna des coups de pieds dans les jambes de son agresseur. Celui-ci grogna fortement et la gifla avec une force extrême. Sa tête partit violemment sur le côté et sa joue se cogna contre le mur glacé. Assommée, elle sentit que ses jambes ne la soutenait plus. Elle se laissa tomber au sol, faible. Mais, l'homme ne s'arrêta pas là, il la récupéra par le col et la remit debout. Il parvint à lui retirer son manteau rapidement et le jeta dans une flaque d'eau. Il déchira de toutes ses forces telle une bête enragée le pull pourtant résistant d'Anastasia. Le froid la frappa de plein fouet. A nouveau, il se pressa contre elle afin de l'écraser complètement contre le mur. Ana ne parvenait plus à atteindre l'air. L'homme s'approcha de son cou et elle pouvait sentir son souffle chaud répugnant. Des larmes coulaient sur ses joues en silence lorsqu'il cola sa bouche visqueuse sur la peau de son cou...

Mais, soudain, l'homme hurla de douleur, se décolla du corps frêle qu'il tenait entre ses mains. 

Ana voyait flou. Aussitôt qu'elle fut lâchée, elle s'écroula dans une grande flaque d'eau gelée. Sa tête heurta lentement le sol. La douleur la fit trembler de tout son être. Allongée par terre, elle voyait son agresseur se faire ruer de coups presqu'à mort. Il avait le visage tuméfié et hurlait. Ana essaya de distinguer celui qui en était l'auteur. 

Les coups se stoppèrent lorsque l'homme ne fut plus capable de crier. Ana put enfin découvrir son sauveur à travers le rideau de larmes opaque qui couvrait ses yeux. Soulagée, elle ferma les yeux dans un souffle.


Zahid, affolé, se précipita sur le corps de la jeune Anastasia, étendu au sol, dévêtu.

Il posa sa main sur sa joue. Elle était gelée. Il ramassa son manteau jeté à quelques mètres. Celui-ci étant trempé, il récupéra juste son portable et le laissa par terre. Il retira le sien en feutre chaud et enveloppa la jeune femme dedans. Ça lui faisait comme une grande couverture. 

Zahid souleva sans difficulté Ana. Il la porta collée contre son torse recouvert d'un pull chaud en cachemire noir. Ana grelotait contre lui sans s'en rendre compte. Dans la rue, les passants se retournaient au passage de Zahid mais il n'y prêtait pas attention. La seule chose qu'il voulait, c'était de retourner dans la chambre. 

Arrivé dans le hall de l'hôtel, il lança un regard noir de tueur au gérant qui était à l'entrée. Celui-ci avait eu l'air de s'en foutre complètement quand il avait demandé de l'aide. Il allait s'en occuper personnellement après. Les gens du palace regardaient la scène, effarés. 

Zahid prit l'ascenseur qui menait à leur chambre puis, y pénétra. Il déposa très délicatement Ana sur le lit et augmenta le chauffage de la chambre. Elle se recroquevilla sur elle-même, encore sous le choc. Il vint tout près d'elle et défit les lacets de ses baskets trempées. Il la couvrit d'un plaid chaud et alla dans la salle de bain faire couler un bain dans la grande baignoire de la suite.

 Lorsqu'il revint près du lit, il entendit des reniflements qui lui brisèrent le coeur. Il souleva la couverture très délicatement pour ne pas l'effrayer davantage et vit des larmes ruisseler sur ses joues. Il remarqua justement une grosse éraflure sur sa pommette gauche. 

Dans sa valise, il alla prendre une trousse de toilette dans laquelle il avait tout le matériel de soin au cas où. En vitesse, il soigna sa joue avec une pommade et un pansement. La rage le rongeait de l'intérieur. Jamais il n'avait eu envie d'une telle vengeance. Zahid se pencha sur Ana et essuya avec tendresse ses larmes avec ses doigts doux et chauds. Elle avait les yeux grands ouverts et regardait dans le vague. Depuis le début, ils ne s'étaient pas dit un mot... Désemparé, Zahid lui murmura d'une voix grave qui se voulait rassurante : 

- Viens, tu vas prendre un bain chaud. 

Comme elle ne répondait en rien, il la souleva et la fit s'asseoir sur une chaise dans la grande salle de bain. Il arrêta l'eau et y versa un produit parfumé. Ana observait silencieusement le Prince faire tout son possible pour l'aider. Elle lui en était tellement reconnaissante. Il lui avait encore sauvé la vie. 

Zahid se dirigea vers la porte de la salle de bain et s'arrêta. 

- Tu vas y arriver toute seule ?

Ana ne pouvait pas répondre. Même si elle le voulait de tout son être, elle avait le souffle coupé. Et comme il n'entendit pas de réponse, il se retourna et vit que la jeune femme ne bougeait pas d'un centimètre. Il alla, d'un pas hésitant, vers la chaise où elle était assise. Il s'agenouilla, chercha dans son regard une quelconque réponse et lorsqu'elle hocha furtivement la tête, il fit glisser lentement le jean mouillé le long de ses jambes. Ensuite, il l'aida à retirer son t-shirt devenu gris. Ana se retrouva en sous-vêtements face au Prince.  Zahid lui apporta une serviette de bain blanche cotonneuse et la déplia devant elle pour qu'elle puisse se déshabiller entièrement sans gêne. C'est ce qu'elle fit et s'enroula dedans, nue. 

Il l'aida à marcher jusqu'à la baignoire et la souleva pour qu'elle entre dans l'eau. Il se retourna pour qu'elle puisse retirer la serviette. Le bain était très mousseux et l'eau assez haute pour cacher ce qu'il fallait du corps de la jeune femme. Quand elle s'assit, la température idéale de l'eau lui fit du bien instantanément. Tous ses muscles qu'elle avait tant contractés se relâchèrent peu à peu. Lorsque Zahid se retourna face à elle, ses joues pâles reprirent des couleurs. 

Il se baissa et prit une éponge moelleuse de bain, la trempa dans l'eau chaude et savonneuse et la passa délicatement dans le dos d'Anastasia. Celle-ci ferma les yeux. Doucement, il lui lava les cheveux. Il voulait que toutes les marques qu'avait pu laisser le malade de tout à l'heure disparaissent. 

Après une bonne demie-heure passée dans l'eau, Zahid sortit de la salle de bain pour laisser à Ana son intimité. Il passa plusieurs coups de fil et s'assit dans un fauteuil en cuir marron, un verre à la main et souffla enfin. 

La jeune femme n'avait pas dit un mot depuis qu'ils étaient rentrés. Il s'en voulait tellement d'avoir été si froid et distant avec elle, elle qui fait si attention à tous ses gestes, qui a toujours peur de faire une erreur ou de le décevoir...

- alqarf (merde) se murmura Zahid tout bas en se passant la main dans les cheveux nerveusement et en serrant sa mâchoire, plus qu'énervé. 





Romance (Anastasia et Zahid : une rencontre)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant