Meredith expérimentait pour la première fois la sensation d'arriver quelque part et de s'y sentir chez soi. Comme si elle avait traversé l'enfer pour atteindre enfin un foyer de paix. À demi-couchée sur son cheval, elle observait admirativement Camelot depuis que le sommet du bâtiment était apparu dans le défilé de roche.
Elle avait hâte de pouvoir se poser, revoir Gawain et s'enquérir de l'état de Galahad. Elle espérait que ce dernier s'était amélioré. Mollement, elle dirigea son cheval dans la cour du château et se redressa avant de se laisser tomber à terre. Arthur et quelques autres guerriers étaient déjà devant l'écurie et s'attardaient sur une jument à la robe brune, qui semblait mal en point. Meredith ressentit une bref pincement d'anxiété et s'approcha à la hâte.
— Qu'est-il arrivé à ce cheval ? demanda-t-elle.
— Il n'est pas au Cercle, répondit Lance. Quelqu'un est venu. Sans doute Merlin.
— Ce n'est pas sa monture habituelle, dit Arthur avec réticence, mais il en a peut-être changé. Allons voir.
Meredith remarqua néanmoins qu'il portait la main à sa garde. Elle se pinça les lèvres. Elle n'aimait pas ça du tout. Elle suivit cependant le groupe jusqu'à l'entrée arrière qui menait aux cuisines. Lance pénétra le premier à l'intérieur, à pas de loup. Arthur fut le second. Meredith entra au bout de la file, derrière Perceval. Elle entendit des voix plus loin, calmes, pacifiques. Après une parole d'Arthur, surgit la voix essoufflée d'une femme dans la fleur de l'âge. Meredith s'avança, étonnée. Que faisait une grand-mère ici ?
Elle fit un pas dans la pièce centrale de Camelot et se pétrifia sur place en apercevant la femme qui s'accrochait au bras de Gawain. Impossible, pensa-t-elle aussitôt, affolée. Elle ne peut pas avoir survécu...
L'aïeule pencha la tête sur le côté et la vit. Leurs regards se croisèrent et la vieille eut un hoquet. Elle toussa et Gawain lui tapota le dos. Lorsque sa quinte se fut terminée, elle articula d'une voix éraillée :
— Meredith ?
๑۩۞۩๑
Chaque effroyable cri qui retentissait dans le domaine les poussaient à se recroqueviller un peu plus. Tapies dans une vaste garde-robe, elles attendaient que les voix se taisent. Mais à chaque fois qu'une s'éteignait, d'autres la remplaçaient. Cette cacophonie de hurlements était épouvantable et elle n'avait pas conscience qu'elle-même avait cessé de respirer, comme si cesser d'apporter de l'air à ses poumons ferait taire les cris.
Des doigts légers caressaient ses cheveux, trop nerveusement. Sa main tremblait. À côté de ce geste silencieux, la respiration d'Adele, rauque et bruyante.
— Chut, murmura une voix teintée de terreur, qui se voulait pourtant rassurante. Pas un bruit...
✧👑✧
Elle courait pieds nus sur les dalles glacées, le souffle court, les cheveux collés à ses tempes. Meredith avait été séparée de sa petite sœur et de sa gouvernante lorsque quelqu'un avait surgi dans la pièce où elles se cachaient. Elle s'était enfuie, les abandonnant aux mains des meurtriers... Les larmes lui montèrent aux yeux. Elle n'aurait pas dû abandonner Adele... Mais si elle restait... si elle était restée...
Meredith s'arrêta au centre du couloir, gelée jusqu'à la moelle, terrifiée et perdue. Elle laissa ses doigts glisser contre le mur et tomba au sol en sanglotant. Elle hurla d'une voix stridente :
— Maman !
๑۩۞۩๑
La dame était gentille, mais le cœur de Meredith battait toujours aussi fort. Il pulsait avec tant de vigueur dans sa poitrine que les coups résonnaient désagréablement dans son crâne. Elle serra fort la main qui la guidait vers l'extérieur. Elle ne connaissait pas la dame. Mais elle l'avait aidée, alors c'est qu'elle était une alliée.
VOUS LISEZ
Le Cercle de la Table Ronde : Le serment de Key
Paranormal𝕋𝕠𝕞𝕖 𝟙 Pays de Galles, VIe siècle. Le Cercle de la Table Ronde, confrérie secrète dissimulée au cœur de la vallée d'Avalon, dans le château de Camelot, réunit dix valeureux guerriers alliés face au danger qui menace le pays : les banshees. ...