✧ Quinze ✧

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Arthur n'avait jamais vu d'aussi près, et avec autant de puissance, la magie à l'œuvre. Le choc qu'elle dégagea en s'extirpant du corps de Meredith, tel un cri de rage trop longtemps réprimé, le frappa de plein fouet et le propulsa contre le mur opposé, où son dos fut meurtri par la collision. Grimaçant de douleur, il glissa jusqu'à terre en lâchant la torche qui, de toute manière, s'était éteinte en libérant un épais panache de fumée, mais la magie qui virevoltait autour de Meredith en une tornade furieuse éclairait seule la pièce, faisait grincer les barreaux de la prison et trembler les fondations. La tour semblait sur le point de s'effondrer. La terreur emplit le guerrier qui dégaina son arme.

— Meredith, arrête ! hurla-t-il par-dessus le mugissement du vent et les craquements sinistres. Tu vas tous nous ensevelir !

Il esquissa un pas vers la geôle mais les bourrasques n'avaient de cesse de le repousser et Arthur avait bien du mal à garder l'équilibre. La tempête était bien trop forte, et la puissance de Meredith démesurée, bien au-dessus des estimations d'Arthur. Elle avait redoutablement caché son jeu. Il dut admettre que la ruse était bien menée.

Cependant, peu importe cet étalage brut de puissance magique qui n'avait pour seul but que de l'impressionner – et peut-être, également, avoir sa peau –, Arthur ne comptait pas la laisser réduire ce bâtiment en poussières avec tous ses occupants. Il leva son glaive en le tenant à deux mains. Le rubis serti dans la garde rougeoyait furieusement.

— Je suis guerrier ! s'écria-t-il rageusement. Je me bats avec honneur ! Tu ne me fais pas peur, Meredith. Si tu veux me tuer, affronte-moi à la loyale !

— Tais-toi, susurrèrent les rafales au creux de son oreille.

Dans un grincement insupportable, la porte sortit brutalement de ses gonds et se rua sur Arthur. Il n'eut pas le temps de se protéger mais, par miracle, la porte s'arrêta soudainement à moins d'une main de son visage. Il aperçut à travers les barreaux la grimace tordue par la rage de Meredith qui semblait user de toute son énergie afin que la porte fracasse Arthur. Cependant, malgré tous ses efforts, elle n'y parvenait pas. Arthur se redressa avec une satisfaction jubilatoire.

Personne ne pouvait plus remettre en doute cette histoire d'immunité. D'ailleurs, Arthur ne sentait même plus le vent sur sa peau. Visiblement, il avait été affecté l'espace de quelques secondes, pendant un moment de faiblesse, mais à présent il était redevenu insensible. Le regard étincelant de haine, il avança. La porte avançait avec lui, repoussée vers Meredith dont la tornade protectrice faiblissait à vue d'œil. Elle paraissait perdre ses moyens alors que sa tentative devenait un fiasco total.

— C'est impossible ! hurla-t-elle en envoyant finalement la porte sur le côté. Qui es-tu, Arthur ? Comment réussis-tu...? Je suis la plus puissante de toutes et tu me tiens en échec !

— Je suis Arthur Pendragon, tonna-t-il, et toi, tu n'es qu'une banshee parmi des centaines d'autres, Meredith. Tu veux prouver qui tu es ? Bats-toi !

Un rictus étira les lèvres de l'enchanteresse.

— Tu ne sais rien de moi. Tu ne sais rien de ce que je suis.

La tornade se défit alors en une gerbe d'étincelles qui s'éparpillèrent à terre, plongeant les geôles dans le noir complet. Par le carré de lumière provenant de l'escalier, Arthur put voir Meredith, les cheveux impeccables, les mains pleines de terre et le regard fou, se dresser face à lui. Ses mains s'auréolèrent de magie et sans attendre, elle les plaqua au sol en s'agenouillant.

Un pic de pierre se dressa devant Arthur, transperçant le plafond des caves. Il recula en évitant les gravats qui tombèrent et se plaqua contre le mur, prêt à parer un assaut de Meredith. La banshee était forcée de trouver des parades pour le toucher, puisque sa magie n'avait pas d'effet sur lui.

Le Cercle de la Table Ronde : Le serment de KeyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant