Yoahn
Je n'en avais pas envie. Mais il fallait bien que j'aille en cours aujourd'hui.
Les rayons du soleil qui se frayaient un chemin entre les volets de la fenêtre me donnaient un peu de peine à complètement ouvrir les yeux.
D'une force herculéenne, je parvins tout de même à me lever et à sortir de ma chambre.Me préparer, c'est la chose que j'ai le plus de flemme à faire au monde. Franchement, surtout quand je sais que la journée s'annonce peut-être longue. Je préfère largement rester dans mon appartement à squatter devant la télé ou mon ordinateur. À première vue on ne parierait pas là dessus, mais en vérité je suis quelqu'un de très casanier: J'aime les murs blancs et beige de mon appartement, le parquet subtilement verni et mes meubles vintages; j'aime le parfum de mon gel douche dans la salle de bain, et celui de mon eau de toilette dans ma chambre; ainsi que mon jardin parsemé de pelouse toujours soigneusement tondue et quelques orchidées plantées ici et là.
En sortant de chez moi, j'ai jeté un dernier coup d'œil chez les voisines de droite, et leur appartement est fermé. Elles doivent déjà être parties à l'heure qu'il est, je ne suis pas souvent ponctuel.
***
— Yoahn ! S'exclama Antonio lorsqu'il me vît entrer dans son garage.
— comment tu vas Anto ?
— por Dios on s'en sort mon petit ! Et toi ?
— bien, bien. Dis, tu as terminé avec Anna ?
— ah, non non pas encore. Elle a encore besoin d'une bonne couche de graisse et il me manque une soufflette à air. Mais t'inquiète pas, d'ici deux jours je pense qu'elle sera de nouveau opérationnelle.
— d'accord. Je peux attendre jusque là, même si c'est vrai que j'espérais un peu aller avec elle aujourd'hui au campus.
— C'est pas grave bambino, prends donc un taxi en attendant, c'est plus prudent de toute façon.
Je plissai les yeux en sa direction. Je commençais à le soupçonner de ne pas s'être occupé d'Anna exprès. C'est vrai, depuis un certain temps il me reprochait déjà de passer beaucoup trop de temps sur cette bécane — oui, il s'agit bien d'une moto à qui j'ai donné un prénom: Anna. Ma belle !
Je l'ai gagnée il y a un peu plus d'un an dans un pari, je lui ai fait quelques petites retouches et depuis, nous sommes inséparables. Enfin, nous l'étions avant qu'elle ne finisse dans une rigole il y a une semaine à la suite d'une soirée très arrosée.
Je n'aurais jamais pensé que je m'attacherais autant à un objet. D'ailleurs, elle a la réputation d'en faire bien des jalouses, parmi mes multiples conquêtes. Ces dernières se plaignent qu'elle soit le sujet principal de presque toutes nos conversations, mdr. Mais en même temps, que veulent-elles quand elles, n'ont rien de plus intéressant à raconter.Antonio quant à lui, est le garagiste du coin. Un petit homme de la cinquantaine environ, un peu rondouillard, aux origines mexicaines. J'ai eu à lui prêter main forte à une époque, lorsque je cherchais encore à faire quelques sous pour prouver à ma mère et à mon oncle que je pouvais me débrouiller tout seul; ça c'était avant qu'on ne me retienne pour le job de maître nageur auquel j'avais postulé à la piscine municipale.
— mouais, si tu le dis... Marmonné-je perplexe. Allez, j'y vais. C'est vrai que j'ai l'habitude d'être en retard mais bon, il faudra bien que ça change un jour. Ciao Anto.
— Ciao ! Conclût-il sur un accent typiquement latino.
***
Après les deux premiers cours, je me retrouvai avec Armand à l'arrière du bâtiment. On n'aimait pas rester en salle durant les heures creuses. Et puis, là on pouvait fumer librement.
Je m'amusais à former des cercles avec la fumée que je libérais de façon saccadée vers le ciel, tandis que mon ami protégeait la flamme de son briquet du vent avec l'une de ses mains pour pouvoir allumer la cigarette qu'il tenait déjà en bouche.
Quelques volutes s'échappèrent de ses narines avant qu'il ne porte son regard sur moi. Il me dévisageait maintenant d'une manière interrogative , comme s'il s'attendait à ce que je lui donne une explication qu'il n'avait pas demandée.— quoi ? Demandé-je intrigué.
— tu sais ce que je vais te demander.
— argh... s'il-te-plaît, pas maintenant.
— si, maintenant et tout de suite même. Elle a pleuré pendant deux semaines !
— nous étions séparés !
— non, vous étiez censés faire une pause !
— et alors, c'est pareil non ?
— te fous pas de moi, mec. Ça fait de moi un mauvais grand frère à traîner encore avec toi après ça. À la place je devrais plutôt t'en coller une, ou deux même.
— mais... tu m'aimes trop pour ça ? Répliqué-je sarcastiquement.
— c'est pas drôle, arrête. Il s'agit de ma petite sœur, là. Je t'avais pourtant prévenu. Imagine un peu si j'avais fait pareil avec Mavis.
— mais j'ai fait attention, non?
— non. Tu l'as juste pas respectée. Tu lui dois des explications, et surtout des excuses.
— pourquoi déjà ? Elle a bien dit qu'elle ne voulait plus me voir non?
— Léa ce n'est pas un jouet bon sang! Tu sais bien que toutes les filles sont comme ça. Si elle te dit de lui ficher la paix, c'est pour que tu te remettes en question et que tu trouves une solution, pas que tu te tapes sa meilleure pote deux jours plus tard ! Idiot.
Je soufflai en me remémorant la scène où elle nous a surpris.
— En plus j'te dis qu'elle a pleuré pendant deux semaines. Deux putains de semaines ! Tu le comprends ça au moins? Tu as le droit de faire ce que tu veux d'accord, mais j't'avais dit de faire gaffe à Léa. Et toi-même tu sais que je m'opposais à cette relation, mais tu m'as supplié de te faire confiance et tu m'as promis de ne lui faire aucun mal. Et même si j'appréhendais beaucoup trop, je me suis fait violence à vous laisser vous mettre ensemble. Et voilà, maintenant je regrette.
Rien ne me venait à l'esprit en guise de justification, il avait totalement raison. Il a été un bon pote, et moi j'ai fait chier, comme d'habitude. Par contre, c'est à lui que je dois des excuses, pas à Léa. Elle, c'est juste une grosse gamine gâtée qui voudrait que tout le monde succombe à ses moindres caprices — dommage, elle est pourtant vraiment très belle.
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INSAISISSABLE
Lãng mạnOlivia, première année à l'université, emménage avec sa cousine et tombe d'un coup sous le charme de son mystérieux mais séduisant voisin. Ce dernier lui devient dangereusement addictif alors que la jeune femme ne cesse de découvrir à son sujet, des...