Le lendemain matin, je me suis dégonflée.
L'aprem, pareil.
Le soir Rachel a même essayé de me booster en me goinfrant de chocolat, mais je n'en ai toujours pas eu le courage. Ni l'envie d'ailleurs. Pas après ce qu'il m'a dit.
«Tu te débrouilleras toute seule.», cette phrase, cela fait trois jours qu'elle souille mes pensées et hante mes rêves.
Il n'avait pas le droit de me cracher cette horreur à la figure. Il n'avait pas le droit de me faire aussi mal. C'est lui qui m'a blessée, c'est donc lui qui doit revenir vers moi pour discuter.Du moins, ça c'est que je me disais durant ces trois jours où j'ai pu résister à l'envie de le voir. Jusqu'à ce que je me rappelle que mon orgueil s'arrête là où le sien commence.
Je sais qu'il ne fera jamais le premier pas. Et puis, il me manque déjà juste beaucoup trop.Désormais je me fiche un peu de ce qui a bien pu nous mettre dans cet état, j'ai besoin de le voir, de l'embrasser, de lui parler et de sentir sa peau qui ne cessera jamais de me faire frémir à chaque fois qu'elle entre en contact avec la mienne. Je veux être avec lui.
C'est donc dans cet élan de besoin profond que je traverse sans hésiter la centaine de mètres qui sépare l'appartement de Rachel de celui de Yoahn et viens me planter devant sa porte.
Je souffle un bon coup pour me donner du courage avant de frapper trois coups contre le bois vernis.Je fais tapoter mes mains sur mes cuisses qui se mettent à danser toutes seules et me mords la lèvre alors que plusieurs secondes s'écoulent sans qu'aucun indice de présence à l'intérieur ne se fasse savoir.
Le stress me gagne peu à peu et je décide d'essayer d'ouvrir, bien que je sache pertinemment que Yoahn ne laisse jamais la porte ouv...
Mais à ma grande surprise, j'y arrive d'un coup et celle-ci s'ouvre.
Bizarre. Mais je m'en préoccupe peu, au moment où mon seul objectif, là, est de voir mon copain.Je pénètre alors dans l'appart' et y fais le tour de chaque pièce. Mais aucun signe de vie. Je ne trouve Yoahn nulle part. Même pas derrière son bureau où il passe le plus clair de son temps à dessiner. Je connais pourtant son emploi du temps par cœur, et aujourd'hui est un jour libre pour lui.
Instantanément, un mauvais pressentiment s'empare de moi et mon cœur se contracte dans ma poitrine. Je n'aime pas ça.
Je précipite ma main dans mes poches et y sors mon téléphone sur lequel je compose rapidement le numéro de mon petit ami.
Quelques tonalités se font entendre et je croise les doigts pour qu'il réponde au plus vite. Mais mes espérances se fracassent presque aussi vite lorsque j'entends subitement la mélodie de Birds résonner dans la pièce d'à côté. Je me rue immédiatement à la salle de bains et retrouve le portable de Yoahn posé sur le lavabo, sonnant toujours.Je m'approche doucement, comme si j'avais peur de découvrir quelque chose à partir de cet appareil sur l'écran duquel je vois, même à une certaine distance, le mot "Pinky" suivi d'un coeur rouge flotter au milieu de deux touches rouge et verte.
Yoahn ne sort pas sans son téléphone. Jamais. Et même s'il l'oublie – chose très rare –, il revient toujours le chercher.
Ma respiration s'accentue de manière drastique.
Ne panique pas Liv, me dis-je intérieurement. Il est peut-être juste allé faire un tour et revient d'ici peu.Honnêtement, cette possibilité ne me convainc pas plus qu'elle convaincrait un as de la déduction. Mais je préfère éviter de penser au pire. Et puis, je suis sûrement parano et il va rentrer d'ici peu.
***
— Non, il ne rentrera pas, pleuré-je, le portable collé à mon oreille droite.
— calme-toi je t'en prie, m'implore Rachel, à l'autre bout du fil. Je suis sûre que tu paniques pour rien.
— non Rachel, ça fait plusieurs heures que j'attends. En plus j'ai vérifié, Anna est garée dans l'allée. Où veux-tu qu'il soit allé sans sa moto, hein ? Il lui est arrivé quelque chose, j'en suis sûre. Je le ressens au plus profond de moi-même.
— ne dis pas ça, Liv. Tu sais quoi ? Rentre à la maison. Il me reste juste une heure de cours, après je te rejoins. Essaye de rester zen en attendant s'il te plaît.
Je l'écoute, sans pour autant être soulagée, puis coupe l'appel.
Mes mains tremblent, mon cœur bat à mille à l'heure. J'ai peur. J'ai peur de ce qui pourrait bien être réel. Où est Yoahn ? Où est l'homme que j'aime ?
Je plonge mon visage dans mes mains, incapable de contenir mes larmes.
Je regrette.
Je n'aurais jamais dû partir et le laisser seul ici.
C'est peut-être ma faute.
Putain, s'il lui est vraiment arrivé quelque chose je... Je ne me le pardonnerais sans doute jamais. Et s'il arrive que je ne le revoie plus jamais... Je ne m'en remettrais pas. Clairement. Je ne supporterais pas de vivre sans lui. Je ne peux pas perdre Yoahn. Non!Mon cellulaire vibre sur le canapé, me sortant ainsi de mes pensées pessimistes. Je me précipite de l'attraper en espérant que cette notification soit une nouvelle rassurante concernant mon copain, mais je m'énerve presque en y lisant le message de Mavis qui me demande des nouvelles de Yoahn en précisant que ça fait deux jours qu'il est injoignable.
Je redépose désespérément mon téléphone, résignée à lui répondre, avant d'éclater en sanglots. Si même sa propre sœur n'a aucune nouvelles depuis deux jours, alors c'est que je ne me fais pas d'idées. La situation est bel et bien grave.Je pense à récupérer le téléphone de Yoahn et envoie un message à tous ses contacts. Tous me renvoient des réponses négatives. Armand m'a même appelée, inquièt.
— Il doit sûrement faire une crise existentielle, m'a-t-il dit sur un ton faussement blagueur pour essayer de me remonter le moral. Il n'a pas pu disparaître comme ça, pour rien. Il reviendra forcément, je te le promets.
***
C'est faux. Il ne reviendra pas. Personne ne sait où il est et n'est en contact avec lui.
Yoahn s'est tout simplement volatilisé, comme ça. Pour quelle raison ? J'en doute. De toute façon je ne suis plus sûre que d'une chose, c'est que mon âme est désormais déchirée à jamais.Plus de deux mois que les recherches se poursuivent. La police ne parle même plus que de retrouver Yoahn, mais potentiellement son corps. Un corps sans vie qui ne pourra pas me serrer dans ses bras et me dire que tout ça n'était qu'un mauvais rêve.
Plus de deux mois que je n'ai pas faim, pas soif, ni sommeil, ni envie de rien. Si ce n'est de me réveiller dans son lit, en face de son visage d'ange aux paupières closes, sentant sa respiration sur ma peau enivrée de son parfum.
Plus de deux putain de mois que j'ai perdu toute raison de vivre.
Rachel me supplie de manger, de me laver, de parler. Andie vient me rendre visite tous les jours avec des petits cadeaux auxquels je ne prête jamais attention.
Je ne vois que tristesse et désespoir dans leurs yeux. Tous ceux qui m'aiment savent déjà qu'ils m'ont perdue, tout comme moi j'ai perdu l'amour de ma vie.
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INSAISISSABLE
RomanceOlivia, première année à l'université, emménage avec sa cousine et tombe d'un coup sous le charme de son mystérieux mais séduisant voisin. Ce dernier lui devient dangereusement addictif alors que la jeune femme ne cesse de découvrir à son sujet, des...