INSAISISSABLE

So let him be my bad boy

Olivia

— Rachel?

— hmm... oui, Maugréa t'elle la bouche pleine.

— dis, tu me racontes ce qui s'est passé entre toi et le voisin ?

— bof... pas envie d'en parler.

— allez, juste votre rupture alors. S'il-te-plaît.

— pourquoi tu t'y intéresses ?

— ben... juste pour savoir.

— me dis pas qu'il t'a tapé dans l'œil.

Elle arqua un sourcil et me regardait désormais droit dans les yeux.

— Non ! Bien-sûr que non, qu'est-ce que tu racontes ?

Elle me lançait des sous-entendus dénonciateurs par sa façon de me dévisager.

— Tant mieux.

Puis reprît un macaron dans le bol posé entre nous deux.

— lol. Si tu ne veux pas me dire... je t'y forcerai pas, tant pis.

Un silence s'empara de la pièce. Ma cousine se sentît tout à coup mal de me "tenir éloignée" d'elle. Enfin, ça c'est ce qu'elle pensait dès que je faisais mine d'être déçue parce qu'elle avait refusé de me parler ou de me prêter quelque chose. Je sais, ce n'est pas très juste mais elle n'y vois que du feu à chaque fois.

— Argh... il m'a trompée !

Dans le mille !

— mais encore ? Demandai-je toute excitée à l'idée d'avoir plus de détails.

Rachel s'était maintenant allongée sur le canapé comme si elle était épuisée d'avoir trop mangé. Je me retournai vers elle et repliai mes pieds en posant une main sous mon menton.
Je lui étais tout ouïe.
Elle me regarda puis pouffa en voyant comment je m'étais mise.

— Regarde toi, pauvre commère. Change de vie.

J'éclatai à mon tour de rire.
Ensuite elle prît une inspiration avant de se lancer:

— On était en couple. Enfin, c'est ce que je croyais. Et puis il m'a doublement trompée.

— doublement? C'est-à-dire deux fois de suite?

— non, c'est-à-dire avec deux autres en même temps.

Aïe !

— Apparemment il sortait avec une autre fille. Je les avais déjà aperçues ensemble mais il m'avait dit que c'était juste une amie, et je l'ai cru. Cependant j'ai su que ce n'était pas le cas le jour où elle a trouvé une de ses amies à elle dans l'appartement de Yoahn.

Elle émît un rire désespéré.

— La meuf a fait tout un scandale ce jour là dans le coin. Elle avait surpris son "petit copain" en plein acte avec sa "meilleure amie", continua t'elle en prenant bien le soin de mettre les mots « petit copain » et « meilleure amie » entre des guillemets qu'elle mima.

Nouvel éclat de rire. On aurait dit qu'elle se moquait d'elle-même.

— Moi, je me suis juste contentée d'observer la scène avec faiblesse. De quoi allais-je bien pouvoir me plaindre ? D'avoir été trompée par le même garçon ? Non, désolée... j'ai bien trop de fierté pour me rabaisser à ce niveau. Alors je ne lui ai simplement plus adressé la parole et je l'ai bloqué à tous les niveaux, en étant sûre qu'il comprendrait forcément que c'était fini.

Je la regardais avec autant d'attention qu'une gamine devant un épisode de My little pony. Cette histoire me laissait un peu sans voix...
Aucun commentaire ne me venait en tête. Je n'avais rien à dire.
Ses yeux fixaient un point imaginaire, comme si elle essayait de se projeter dans les tréfonds de ses souvenirs.

— Votre relation, elle datait n'est-ce pas, réussis-je tout de même à demander.

— non. On en était juste à quatre mois et demi.

Elle rigola à nouveau.

— Maintenant qu'on en parle, je me demande justement si ce n'est pas plutôt avec moi qu'il trompait l'autre, reprît-elle.

Rachel poursuivait son hilarité — qui d'ailleurs sonnait un peu faux — tandis que je me mis à penser que ce garçon n'était vraiment qu'un salaud. Et il espérait peut-être me refaire le même coup ? J'en eus presque la nausée.

— Yoahn n'est vraiment qu'un gros con, ajouta t'elle.

— Yoahn ? C'est comme ça qu'il s'appelle ?

— oui.

— mais l'autre fois je t'ai entendu l'appeler...

— Keller ? C'est son nom de famille.

— je vois.

— c'est pas un mec bien. D'ailleurs, j'te conseille de faire gaffe. Il est doué.

— t'en fais pas. Tu me connais bien, moi et mon manque d'intérêt pour la gente masculine, répliquai-je sur un ton enjoué, faisant ainsi passer cette mise en garde pour une plaisanterie.

Pourtant, je savais bien qu'elle avait à s'en faire.