Chapitre 7 : Lunes et Frênes

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Il ouvrit la bouche hébété, ne comprenant pas pourquoi elle le prenait pour un chasseur. Elle bondit de son cheval, saisit Nina par le poignet et de son autre main plaqua une dague sur la jugulaire du jeune homme. Les autres cavaliers le mirent en joue avec leurs fusils. Kalil lâcha son étreinte et mit les mains en l'air.

Nina, entrainée par cette inconnue, paniqua encore plus. Les doigts, qui s'étaient refermés sur son bras, lui brûlait la peau. Ses hurlements se firent plus intenses. Elle donna des coups et griffa, persuadée qu'elle avait affaire aux complices du client-agresseur. Avant de les envoyer ici, il avait évoqué son besoin d'aide. Il lui avait promis qu'il s'occuperait de son familier juste après elle.

Blue était surement morte quelque part au pied d'un arbre ou pire elle agonisait toute seule, blessée par balle. Dévastée, Nina s'effondrait complètement. Elle ne reverrait plus son adorable chienne.

Kalil voyait son amie se débattre. Mais il n'osait pas bouger d'un millimètre.S'il tentait quoi que ce soit, il craignait qu'on l'abatte sans aucune sommation.  L'homme étrange, qui avait attaqué Nina dans son immeuble, avait réussi. Ils étaient tombés dans son piège. Face à ces dizaines de soldats, ils ne s'en sortiraient pas. Les paroles de Nina lui revinrent en tête, le mot sorcière particulièrement. Il avait de prime abord rejeté cette idée. Pourtant ce qu'ils vivaient depuis plusieurs heures balayaient complètement toutes ses idées logiques et  rationnelles. Comment expliqué leur arrivée ici sans passer par la magie ?

Puis Kalil douta soudainement. L'évidence le frappa brutalement. Pourquoi s'embêter avec une proie qui se défend s'il est possible de la tuer immédiatement ?

La cavalière abasourdie essaya de calmer Nina :

— Madame, vous n'êtes plus en danger. Calmez-vous !

Ses suppositions se confirmaient. Ils n'étaient pas là pour les tuer.

— Vous lui faites peur ! intervint-il. Vous avez tiré sur son chien !

— Un coup en l'air pour l'effrayer, c'est tout.

— Ne la touchez plus, s'il vous plait, conseilla-t-il. Laissez-lui le temps de se calmer. Ensuite nous pourrons nous expliquer tous ensemble.

La femme, méfiante, le scruta un moment avant de desserrer ses doigts. Nina fonça droit sur son ami et se blottit contre lui. Surpris, il ne réagit pas immédiatement.

— Je suis désolée, lui souffla-t-elle avant de s'effondrer en sanglot.

— Ce n'est pas grave, lui assura-t-il en repliant ses bras sur elle. Si ça avait été mon chien, j'aurais sans doute fait pareil.

Elle tremblait. Kalil sentit ses yeux piquer. Il était bouleversé de la voir dans cet état. Les militaires les observaient silencieux. Il lui frotta le dos et lui déclara :

—Tu as entendu ? Ils lui ont juste fait peur. Elle est quelque part, vivante et en bonne santé.

Nina acquiesça sans pouvoir prononcer le moindre mot.

— Je suis la sergente Yhana Toel, se présenta la cavalière. Apparemment vous n'êtes pas un chasseur. Je suis vraiment désolée pour notre erreur. Mais la façon qu'elle avait de se débattre... Nous avons tous pensé qu'elle essayait de vous échapper. Vous pouvez m'expliquer comment vous avez eu un mahina ?

— Un quoi ? s'étonna Kalil.

— Votre chienne appartient à la garde.

— Je... Elle... On l'a trouvé bébé près d'une poubelle. Je... Nous ne savions pas.

Elle plissa les yeux de plus en plus dubitative avant de continuer son interrogatoire :

— Maintenant expliquez votre présence dans l'entre-deux frontières ? Aucun civil n'a le droit de s'y rendre.

Le royaume d'Atoerrhi : NinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant