Chapitre 20 : intimité

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Nina courrait dans le bois. Poursuivie, elle ne se souvenait pas comment elle s'était perdue. Où étaient les autres ?

Les arbres se ressemblaient tous et elle ne savait jamais quelle direction elle empruntait. Des râles raisonnaient de tous les côtés. Des daphaines très probablement.

Puis soudainement une brûlure lui traversa le ventre. Un monstre blanc et verdâtre se dressait devant elle, un sourire tordant ses lèvres déjà étirées.

Elle baissa les yeux pour comprendre. Ses sensations se déconnectaient souvent de ses pensées.

Le daphaine l'avait éviscérée. Un liquide chaud jaillissait sans plus s'arrêter. Elle y porta ses mains. Son intestin pendait sur le côté. Par à-coups infligeant une douleur intolérable, il continuait à se glisser hors de son ventre. Affolée, elle tenta de le retenir. Puis elle chuta au sol.

Avant de s'évanouir complètement, elle aperçut une silhouette floue. Elle ferma les yeux et se réveilla brusquement dans les couvertures au milieu des soldats.

Elle fit un tour d'horizon ne comprenant pas ce qu'il venait de se passer. Elle examina son ventre. Rien !

Elle se frotta le visage avec ses deux mains. Elle avait rêvé, un cauchemar encore une fois bien trop réel. Que lui arrivait-il ? A défaut de contrôler parfaitement sa vie, elle avait toujours maitrisé ses songes.

La prochaine journée de marche serait encore plus compliquée si elle ne réussissait pas à dormir correctement la nuit. Elle tenta d'enlever la suie qui s'était incrustée sur sa peau lors de l'incendie. Elle porta son regard sur la rivière qui scintillait à quelques mètres sous les clairs de lunes.

— Vas-y, si tu ressens le besoin de te laver. Je veille sur toi, lui déclara Aliénor.

Nina leva la tête vers la cime des arbres. Au début, elle ne vit rien. Puis des grands yeux violets apparurent entre les feuillages.

Elle se leva et descendit un pente assez abrupte. Elle se précipita sur la rive, tomba à genoux, retira sa veste et plongea ses deux mains dans l'eau. Elle se pencha et lava son visage avant de frotter ses bras.

Elle grimaça. Son dos tirait légèrement. Il commençait à la démanger, comme si la surface entière de son débardeur était remplie de petites épines. Yhana apparut à l'orée du bois et avança pour se placer juste derrière elle :

— Tu ne dois pas t'éloigner comme ça, la sermonna-t-elle gentiment.

Nina lui montra le ciel du doigt et la sergente aperçut une ombre étendant ses ailes. Elle sourit.

— D'accord. Pardon d'avoir douté de ton bon sens. Ton dos est encore très rouge. J'ai apporté une crème qui soulage les irritations. Nous ne savons pas trop pourquoi. Mais les Soigneurs n'ont jamais pu accélérer la cicatrisation des marques. Tu en as pour une petite semaine environ. Je peux ? demanda-t-elle en lui montrant une petite boite ronde en métal.

Nina retira son t-shirt sans dire un mot. Tout en observant les formes voluptueuses de ce dos qui s'offrait à elle, Yhana dévissa le couvercle, prit une grosse noisette et commença à l'appliquer entre les deux omoplates, légèrement fébrile. Nina sursauta et décolla son corps des doigts d'Yhana.

— Pardon, je ne pensais pas que cela serait si douloureux.

Nina prit une profonde inspiration :

— Non, désagréable. Je...

Ses pensées se perdirent un petit moment. Elle ne retrouvait plus les bons mots à employer. Elle soupira.

— Je n'ai pas eu mal, finit-elle par réussir. Applique-la franchement. N'aie pas peur. En hésitant ça me chatouille et je ne supporte pas.

Le royaume d'Atoerrhi : NinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant