Le royaume d'Atoerrhi : Nina

Chapitre 34 : fin de soirée

Khalil avait bien mené le repas selon le général. Il avait impeccablement dirigé les conversations. La plupart des invités l'avaient interrogé sur la Terre. Ils mourraient de curiosité pour la planète qui avait accueilli bon nombre de leurs ancêtres.

La reine avait été particulièrement silencieuse, buvant chacune des paroles du jeune homme. Mais lui ne pensait qu'à Nina. Il avait reçu sa crise de plein fouet au moment des entrées.

La tempête éclatant au même moment ne pouvait pas être une coïncidence. Deveya avait elle aussi regardé par la fenêtre et une expression étrange était apparu sur son visage.

A présent ils étaient de retour dans la salle du trône pour un bal. Khalil s'était installé dans un coin cherchant du regard le général. Il voulait pouvoir rejoindre Nina. Néanmoins il ne préférait pas envenimer la situation. Il avait bien compris que désormais leur bien-être dans ce royaume dépendait de sa seule réputation.

Son regard se tournait régulièrement vers les deux portes menant à l'escalier.

— N'espérez pas vous échapper avant plusieurs heures mon jeune ami, lui déclara le général en arrivant derrière lui.

Khalil sursauta et se retourna.

— Vous êtes l'attraction ce soir et la reine se vexerait de vous voir quitter sa fête avant tout le monde.

— Je m'inquiète pour elle.

— Je le sais bien. Mais ma fille et Ezéo sont à ses côtés. Elle ne craint rien. Venez vous mélanger à la foule. Je vais vous présenter.

Ils passèrent de petits groupes en petits groupes rencontrant ducs, marquis, comtes, ambassadeurs, Khalil eut rapidement le tournis. Cette soirée entière n'était décidément pas faite pour Nina.

Lorsqu'ils réussirent à obtenir un moment seul à seul. Khalil demanda au général :

— C'est quoi une folsom ?

— Des gens qui fonctionnent un peu différemment.

— Des difficultés de communication et des intérêts envahissants et assez spécifiques ?

— Oui, et généralement des besoins de routines, des difficultés à gérer la nouveauté, une hypersensibilité sensorielle ou au contraire...

— Une hyposensibilité... Oui. Chez nous, cela se nomme autisme. Notre société ne les intègre pas très bien. Ils sont souvent victimes de violence, ne trouvent pas de travail et j'en passe. C'est la même chose ici ?

— Non. Des lois ont été faites il y a bien longtemps pour leur permettre une vie décente.

— Excusez-moi général mais une société peut très bien décider de bien jolies lois sans vouloir prendre conscience des mauvais comportements.

— Vous êtes bien sage pour un si jeune homme.

— Je ne vis pas ce que subit Nina au quotidien. Mais je connais le racisme. Croyez-moi, j'ai expérimenté très jeune les contradictions d'un système entier.

— Le raci... quoi ?

Khalil le dévisagea. Comment pouvait-il ignorer ce dont il parlait ? Puis il fit un tour d'horizon de l'assemblée et il comprit le léger soulagement qu'il avait ressenti en arrivant sur Maa, malgré le bazar qu'il avait dû gérer. Les couleurs de peaux des gens étaient diverses et variées. Il n'y avait aucune dominance.

— Sur Terre pendant des siècles l'homme blanc a dominé le monde, colonisé des continents entiers. Il y a bien sûr des lois maintenant. Mais cela n'empêche pas de payer encore les conséquences de ce passé.