Chapitre 22 : âmes sœurs

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- Ils sont dans ma tête, lui murmura Nina. Les daphaines...

Le visage de la sergente se décomposa et elle chuchota :

- Surtout ne le dis à personne. Pas même à Khalil.

- J'ai su qu'ils voulaient te tuer pour m'emporter. Je... Je... sais ce qu'ils vont faire, se releva-t-elle soudainement. Ils me parlent et j'anticipe leurs actions.

Elle observa autour d'elle. Les soldats étaient entrainés les uns après les autres. Les daphaines s'insinuaient partout avec une agilité et une vitesse déconcertantes. Des dizaines de visages disparaissaient subitement, les uns après les autres suivis par des plaintes effroyables.

Chaque seconde voyait des dizaines se faire emporter.

- Ils font diversion au-dessus de moi mais attaquent sur les extrémités pour vous éliminer petit à petit, conclut Nina.

— Exactement, approuva le général. Restons bien près de la rive.

La jeune femme comprit rapidement pourquoi. Les loups les encerclèrent à nouveau et aboyèrent sans s'arrêter en guise de rempart. Il était donc primordial que les canidés "aient pattes" et ne se fatiguent pas à nager.

- Les bruits les dérangent ? questionna Nina.

- Seulement les aboiements.

- Et les Hurleurs, avaient-ils un impact sur eux ?

- Nous ne savons pas, déclara Yhana. Ils ont disparu en même temps que l'apparition de la malédiction.

- Il faut vous éloigner ! Ils vont tous vous tuer pour m'atteindre ! s'affola Nina.

Elle appuya ses pouces sur ses paupières fermées dans une tentative de calmer l'angoisse qui nouait déjà son estomac. Ses jambes cotonneuses la soutenaient difficilement. Un massacre inévitable s'abattait impitoyablement sur eux.

- Il en est hors de question ! tonna le général. De toute façon, les seuls survivants qu'ils laissent sont toujours contaminés. Qu'on t'abandonne ne changera pas cette fatalité.

- Nous allons tous mourir ou être maudits ? s'exclama Khalil qui venait d'arriver.

Haletants, lui et le Soigneur avait remonté la rivière pour retrouver Nina.

- Probablement, déclara Priam.

- Non ! Non ! Il y a bien un truc à faire ! N'importe quoi ! paniqua le terrien.

- Garder son calme serait une bonne chose, grogna entre ses dents le général. Aliénor a appelé des renforts, il faut tenir jusqu'à ce qu'ils arrivent.

Nina se retourna et fonça sur son ami. Elle l'étreignit. Il colla sa joue à la sienne.

- Je ne veux pas mourir ici, déclara-t-elle la voix brisée.

Que pouvait-il dire pour la rassurer qui n'aurait pas l'air d'un mensonge ?

Les hurlements ne s'arrêtaient pas. Certains étaient entrainés sous la surface et ne remontaient pas. La plupart des autres disparaissaient à coups de griffes. Du sang giclait régulièrement. Les minutes s'égrainaient et les éclaboussures d'hémoglobine se rapprochaient.

- Serrez les rangs, ordonna le général. Ne les laisser par percer. Ne leur permettez pas d'emporter votre voisin. Battez-vous jusqu'au bout. Visez les yeux pour atteindre leur cerveau !

- C'est notre présence qui a déclenché tout ça, sanglota Nina.

- Je sais, confirma Khalil.

Tous les deux souhaitaient par-dessous tout éviter la mort de plus de personnes par leur faute. Il lui embrassa le front. La peau de ses lèvres fut aspirée par celle de Nina.

Le royaume d'Atoerrhi : NinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant