Le sommeil de Nina avait commencé paisiblement. Son rêve réunissait une multitude de souvenirs heureux avec ses parents : les jeux, les rires, les danses,... Mais insidieusement, l'atmosphère changea.
Une averse tombait dans le jardin familial. Des éclairs déchiraient le ciel. Nina regardait l'orage avec un immense contentement. Sa mère lui tenait la main et l'encourageait.
— Tu ne penses pas qu'elle est trop jeune pour s'entrainer ainsi ? s'inquiéta Quentin, son père.
Rose soupira :
— Nous n'avons pas le choix.
— Elle a quatre ans, prononce à peine quelques mots et tu veux en faire une combattante, souffla-t-il accablé.
Nina fixait la cime des arbres en se balançant au même rythme. Elle aimait plus que tout agiter la végétation pour se bercer avec elle. Elle y passait des heures durant.
— Elle est douée, argumenta sa mère. Tu le sais bien. Mais elle doit apprendre à se maitriser parfaitement. Distinguer les moments où elle peut utiliser ses pouvoirs de ceux où elle doit les cacher.
— Saura-t-elle faire cette différence un jour ? On ne sait pas encore si elle est bel et bien autiste. Mais il y a quelque chose qui ne va pas chez elle.
Rose le fusilla du regard.
— Tu sais que je l'aime plus que tout, se défendit Quentin. Mais je pense qu'il faut rester réalistes sur ses capacités.
— Crois-moi, avec notre aide, elle pourra.
Rose hésita quelques instants. La paupière de son œil droit tressauta et enfin elle ajouta :
— Je ne veux pas qu'elle soit sans défense s'ils nous retrouvent et si...
Sa voix se tordit et elle ne réussit pas à terminer sa phrase. Son mari la prit dans ses bras et lui frotta le dos :
— Tu as raison. Mais avec son suivi médical et le diagnostic en cours... Je...
— Au contraire, sa sorcellerie la protégera même de ce monde. Je te le certifie. Handicap ou non, ils sont une aide précieuse !
Elle le repoussa après l'avoir embrassé, s'accroupit près de sa fille et lui chuchota à l'oreille :
— Maintenant utilise la Flamme pour atteindre la cible.
Pour leurs entrainement, Rose avait placé des sacs, lestés de farine, un peu partout dans le jardin. Nina leva sa petite main potelée afin de viser celui qui, malmené par la tempête, se balançait sur le portique de jeux.
Avant qu'il ne s'enflamme et que son contenu s'échappe dans un grand nuage blanc, un fourmillement traversa le bras de la petite fille. Elle sautilla de joie. Rose la serra dans ses bras en la félicitant.
Mais des pleurs et des hurlements retentirent brutalement. Nina, légèrement plus âgée, regardait sa mère gisant à plusieurs mètres. Une part importante de son corps portait des brulures trop sévères pour qu'elle survive.
Complètement sidérée, la petite fille ne réussissait pas à détourner son regard. Son pantalon était humide d'urine.
Les vêtements de Rose avaient fondu dans la chair rouge et boursoufflée. Sa respiration irrégulière et difficile émettait un sifflement atroce et un râle abominable. Ses lèvres ne se distinguaient plus l'une de l'autre. Elles avaient fusionné sous l'effet de l'incendie.
Nina réalisa que sa mère ne viendrait plus l'embrasser le soir, ni lui lire d'histoire. Elle n'entendrait plus jamais sa voix rassurante et remplie d'amour. Elle ne l'accueillerait plus chaleureusement dans ses bras.

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Le royaume d'Atoerrhi : Nina
ParanormalNina, autiste de vingt- deux ans, enchaine les petits boulots pour essayer de survivre. Un soir de fermeture dans le magasin où elle travail, un dernier client très étrange la perturbe. Elle débute une crise autistique. Khalil, un collègue, lui vien...