Le royaume d'Atoerrhi : Nina

Chapitre 18 : silence

— Nina ? Nina, réveille-toi, chuchota Yhana en lui frottant l'épaule.

La terrienne grogna. Elle était encore trop fatiguée pour se lever.

— On repart. C'est trop dangereux de rester ici, insista la sergente.

La jeune femme se sentait encore écrasée par l'atmosphère. Le simple fait d'ouvrir les paupières exigea une énergie considérable. Ses yeux étaient gonflés et des grosses cernes descendaient vers ses joues.

— Tu vas pouvoir marcher ? Les chevaux sont réservés pour ceux qui ont été blessés. Le processus de guérison fatigue énormément. Mais si vraiment tu ne te sens pas de...

— Non... c'est bon. Je vais y arriver.

Elle s'assit et la tête lui tourna immédiatement. Elle se frotta les tempes. Yhana la dévisagea.

— Tu es sûre ?

Nina acquiesça d'un signe de tête. Elle chercha du regard sa louve. Elle jouait avec d'autres de son espèce. Un petit sourire se dessina de lui-même sur son visage.

— Elle a dormi contre toi jusqu'à ce que je vienne te réveiller, lui précisa la sergente.

La terrienne se leva et un soldat vint immédiatement ramasser sa couverture. Yhana lui tendit une petit boule de tissu.

— Des fruits séchés, des rations ont été distribuées il y a trente minutes. Tu dormais déjà.

Nina vit son sac à dos au pied d'Yhana.

— Ils l'ont retrouvé dans ce qu'il restait du chariot du général et l'ont rapporté.

Nina se mit à genoux et glissa les fruits dedans. Elle avait la nausée et préférait les garder pour plus tard. Elle sortit ses compotes et ses sachets de gâteaux. Elle les posa sans ménagement dans les mains de la sergente.

— Biscuits et compotes, dit-elle sans préciser plus avant de mettre son sac sur son dos et de rejoindre le reste du groupe près à partir.

Yhana fixa les paquets ne comprenant pas ce que la jeune femme voulait en faire. Khalil, repliant ses propres couvertures, souriait.

— Je pense qu'elle veut partager avec tout le monde, expliqua-t-il.

— Comment tu le sais ?

— Pourquoi te le donnerait-elle sinon ?

— Oui, bien sûr...

— Ne prends pas son côté taciturne contre toi. Elle a besoin de toute son énergie pour continuer à fonctionner, le minimum vital. Parler est compliqué pour elle.

Yhana allait ouvrir le bouche pour demander comment il le savait. Mais elle s'arrêta au dernier moment. Il était évident qu'il avait appris à connaître son épouse.

Nina avait attrapé ses bouchons d'oreilles dans son sac. Il était plus prudent de les utiliser dès maintenant pour protéger son ouïe hypersensible en cas de nouvelle attaque.

Le convoi se mit en route dans le plus grand silence. Ils devaient éviter à tout prix de donner la moindre indication de l'endroit où il se trouvait.

Khalil grimpa sur le cheval qu'on lui avait assigné avec Priam. Il trouvait cela ridicule. Il était en meilleure forme que son amie. Mais on ne lui avait pas laisser le choix. Il avait failli mourir et devait ménager son corps.

Yhana courut jusqu'à l'unité qui s'occupait des rations avant de rejoindre Nina pour voyager à ses côtés. La terrienne marchait tête baissée en frottant le bout de ses doigts les uns contre les autres. Sans les chariots, le voyage s'était rallongé de plusieurs jours. La sergente s'inquiétait pour Nina.