Le royaume d'Atoerrhi : Nina

Chapitre 27 : Nina, qu'as-tu fais ?

Après le départ des domestiques, Nina s'était lavée et nourrie sans pouvoir échanger un seul mot avec Khalil. Fonctionner au minimum exigeait trop d'énergie. Il s'inquiétait vraiment pour elle.

L'espoir de rentrer sur Terre s'amoindrissait d'heure en heure. Pourtant l'évidence le frappa. Nina supporterait difficilement de rester sur Maa, même pour seulement un jour ou deux supplémentaires. Alors des semaines, mois ou années paraissaient totalement invraisemblable.

Yhana les ramenait à la caserne. L'édifice en larges pierres foncées tranchait avec la blancheur du château. Pourtant ils se dressaient côte à côte au nord d' Errohi.

Ils marchèrent quelques mètres avant de se trouver devant une entrée simple mais imposante. Deux colonnes surplombées d'une pierre polie, taillée et agrémentée du symbole royal ainsi que des marques des Mahinas et des Soigneurs : un loup et deux mains jointes formant une cloche.

— Ils ne restent plus que ces deux clans qui sont donc tout naturellement devenus le symbole des spécialisations de notre armée, leur expliqua Yhana.

Nina n'écouta pas les explications. Elle économisait le peu de force qu'elle conservait pour continuer à mettre un pied devant l'autre.

Une imposante grille, qui bloquait le passage, s'ouvrit lentement. De l'autre côté on entendait des cris, des bruits divers de choc – bois contre bois, fer contre fer, sons étouffés probablement des corps tombant par terre- des aboiements, des conversations, des ordres,...

Ils suivirent Yhana au milieu d'un grand parc où plusieurs entrainements avaient lieu. Le silence envahit soudainement cette grande cour et les têtes se tournèrent vers eux. Nina baissa la tête, regard rivé sur ses chaussures.

Puis le brouhaha reprit. Il y avait du corps à corps, de l'entrainement à l'épée, un parcours d'obstacles divers, des louveteaux qu'on éduquait et des stands pour apprendre à guérir.

Khalil écarquilla les yeux :

- Ils sont vraiment en train de se blesser volontairement ?

- Oui, des plaies superficielles pour les novices. Rien de grave. Les volontaires sont tous professeurs ou soldats émérites. Si les premières années n'y arrivent pas, le pronostic vital n'est pas engagé. Ils ont le temps d'attendre que les Soigneurs référents interviennent.

Nina jeta un coup d'œil rapide. Les premières années n'étaient que des enfants, environ huit ou dix ans. Elle reporta son regard vers le sol en se demandant s'ils partaient au combat si jeune. Le garçon d'écurie qu'elle avait vu devait avoir quatorze ou quinze ans.

Des enfants soldats, décidément elle n'aimait pas ce monde. Mais peut-être que tout était différent dans d'autres pays de cette planète. Après tout sur Terre, cela existait aussi dans certaines régions.

- Et ils combattent ? demanda Khalil qui avait les mêmes aprioris que Nina.

- Non ! Les premières missions se font à partir de quinze ans. Principalement de reconnaissance, de surveillance des frontières,... Mais vous avez vu ce que ça a donné il y a quelques jours. Nous avions presque que des novices avec nous. Ça a été le chaos total. Je pense qu'il n'y aura plus d'apprentissage sur le terrain pendant quelque temps. Nous avions choisi un territoire qui était dans une paix relative depuis plusieurs mois. Nos éclaireurs n'avaient rien remarqué, ni ennemis, ni monstre. Ce qu'on a subi change tout. Les enfants et les adolescents ne seront plus en sécurité à nous suivre.

Khalil jeta un regard à Nina réalisant que les daphaines les avaient peut-être sentis à des kilomètres à la ronde et convergé directement vers eux. Mais son amie, recroquevillée complètement sur elle, ne remarqua pas son besoin de contact.