Chapitre 17 : malédiction

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Le général Toel, sidéré, ouvrait la bouche à s'en décrocher la mâchoire. Khalil exigeait également des explications, ne comprenant pas ce qu'il avait sous les yeux. Yhana lâcha le jeune homme et comme beaucoup de ses collègues ne put retenir ses larmes.

Aliénor, elle, semblait sourire. Elle émit même un grognement de satisfaction qui ressemblait à un ronronnement de félin.

— Elle n'est pas contaminée, réagit finalement Yhana.

Elle avança, ramassa la veste jetée au sol et lui replaça sur les épaules.

— Allons tous nous mettre à l'abri avant qu'ils ne reviennent plus nombreux. Je t'expliquerai en chemin, déclara-t-elle à Nina en dégageant affectueusement les mèches de cheveux qui lui tombaient sur le visage.

— Nous vous suivrons au-dessus de la cime des arbres. Nina est trop importante pour qu'on laisse de simples humains la protéger, déclara Aliénor à tous les Mahinas présents.

La sergente et Khalil la soutinrent pour l'aider à marcher. Nina était complètement épuisée. Elle ne rêvait que d'une chose : son appartement. Elle désirait plus que tout s'allonger dans son lit sous sa couverture lestée, respirer le parfum bien spécifique de sa lessive et de s'endormir bercée par les ronflements rassurants de Blue.

Elle se redressa brusquement :

— Blue ! Blue ! appela-t-elle. Où es-tu ?

Elle repoussa ses deux amis et dit sèchement à Yhana :

— Tu m'avais promis de la protéger !

— Je suis désolée. Je lui ai ordonné d'aller se cacher... Je...

— Ta louve a été pris en charge par une de mes dragonnes, la rassura Aliénor. Elle vous attend dans la forêt.

Nina retomba soudainement. Khalil la rattrapa et ils reprirent leur chemin dans les bois. Yhana resta en retrait. Elle avait vraiment tout raté aujourd'hui. Le général Toel les escorta :

— Les daphaines était autrefois des humains comme vous et moi.

Khalil le dévisagea, apeuré. Nina ne réagit pas. Elle n'en avait plus la force. Elle savait que tout ce qu'elle entendrait détruirait encore plus son univers. Elle se focalisait sur le fait de mettre un pied devant l'autre. C'était déjà bien assez pour le moment.

— Une morsure suffit à vous contaminer, expliqua le général.

— Et on se transforme en... monstre ! en conclut Khalil avec une grimace.

Le jeune homme se sentait de plus en plus nauséeux. Finalement il avait eu de la chance d'être projeté contre la roche et laissé pour mort.

— Non, pas immédiatement. Vous êtes maudit, mais vous vivez une vie normale. C'est votre mort qui ne sera jamais tranquille... Vous devenez un daphaine.

— Génial ! s'exclama Nina. J'ai hâte de me barrer d'ici.

Ils apercevaient déjà le camp de fortune que quelques soldats avaient installé. Elle ne pensait qu'à se coucher et à dormir. Rien d'autre ne lui importait pour le moment. Elle avait besoin de recharger ses batteries, même si elle craignait ne plus être capable de le faire.

Avec tout ce qu'ils avaient vécu en quelques heures et tout ce qui les attendaient encore comment pourrait-elle s'apaiser ? Elle risquait d'enchainer les crises de surcharge, d'angoisse, de tétanie ou encore de mutisme.

Elle n'était pas la bonne personne pour vivre ce genre d'aventures. Elle adorait les lire ou les regarder à la télévision. Cependant elle se disait toujours qu'elle ne supporterait pas d'être à la place des personnages. Et voilà qu'elle semblait tenir celle du protagoniste principal.

Le royaume d'Atoerrhi : NinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant