V. « 's'oleil »

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À lire avec la musique The quiet voice de Alexandra Streliski

À deux heures trente passées, je consultai ma montre. J''avais passé la soirée collée à Charles. Il tenait absolument à ce que je reste avec lui pour que je ne me sente pas seule, je trouvais cela mignon. Grâce à lui, je m'intégrais aux discussions. Il posait même parfois des questions à Erina, semblant véritablement être intéressé. Cette dernière répondait par politesse mais était perdue dans ses pensées.

- Je vais y aller, finit-elle par dire.
⁃ Déjà ?, répondis-je

Elle hocha la tête et posa une main sur mon épaule avant de me faire la bise.

⁃ On se revoit bientôt de toute façon.
⁃ Hm...

Charles sourit en posant sa bière sur une table puis il la prit dans ses bras.

⁃ Merci d'être venue, Erina.

Je haussai les sourcils, légèrement surprise mais heureuse de ce geste. Elle lui sourit rapidement puis partit vers l'entrée. Je la suivis du regard. Sur le chemin, un homme attrapa son bras. C'était Nicolas, l'homme avec qui nous avions parlé au début de la soirée. Il sembla lui dire quelques mots, puis elle hocha la tête et sortit.

- Charles ?

Mon copain me regarda, attendant que je poursuive.

- Pourquoi est-ce que tu n'aimes pas Nicolas ?
- Je te l'ai déjà dit. Ce n'est pas un homme bien.
- Qu'est-ce qu'il t'a fait pour que tu sois comme ça avec lui ?

Il souffla en détournant le regard. Je posai doucement une main sur sa joue.

- Eh.. mon cœur, je veux simplement comprendre.
- Arrête de vouloir tout savoir, putain. Ça commence à devenir lourd, me répondit-il d'un ton sec.

Je retirai ma main et regardai le sol.

- Pardon..

Je sentis quelques secondes après une main se poser sur mon épaule. Je relevai le regard et je vis que quelques personnes autour de nous s'étaient arrêtées dans leur conversation pour nous fixer.

- Pardon, mon rayon de soleil. C'est la fatigue, je voulais pas être sec avec toi..

Il me regardait d'un air désolé. Sa main se retira de mon épaule pour se poser sur son front.

- Il est tard, et... putain j'veux pas que tu me voies comme ça...

Je l'entendis renifler, les yeux brillants de larmes. Charles.. pleurait ?

- C'est pas grave, ça va aller.

Je le pris dans mes bras et frottait ma main en faisant des cercles sur son dos. Il renifla une nouvelle fois, le regard des autres s'était attendri sur nous. Je décidai alors de leur demander gentiment de partir, en raison de l'heure tardive. Une fois l'appartement vide, nous allâmes nous coucher dans sa chambre. Je m'endormis blottie contre lui, sentant son cœur battre.

-

J'ouvris les yeux et fixai le réveil affichant 11h20, sentant une odeur de café. J'étais dans la chambre de Charles, mais la place à côté de moi dans le lit était inoccupée. Je m'appuyai sur mes mains pour me redresser.

⁃ Merde ! On est jeudi, il est quelle heure ?

Je jetai un coup d'œil au réveil et pinçai les lèvres. J'attrapai mon téléphone pour appeler Amadeo.

- Allô ??
- Soluna, je crois que tu as oublié quelque chose.
- Pardon, j'arrive.. je te présente mes excuses, j'ai oublié de mettre mon réveil. Quelle débile !

Je tapai une main contre mon front en levant les yeux au ciel.

- Ce n'est pas grave, tu avais apparemment besoin de sommeil. Ne viens pas travailler aujourd'hui, je me débrouillerai seul. Cependant j'aimerai que demain tu fasses l'ouverture du magasin. Cela te convient ?
- Oui, je serai à l'heure. Promis.
- D'accord, bonne journée Sol.
- À toi aussi.

Au moment où je raccrochais, mon copain replaça une assiette sur un plateau en entrant dans la chambre. Il avait préparé le petit déjeuner pour moi...

⁃ Salut mon rayon de soleil. Bien dormi ?
⁃ Super, et toi ?
⁃ Oui. Je t'ai préparé à manger.

Il le posa au-dessus de mes jambes puis prit place à côté de moi. Je plaçai une main sur son cou tout en embrassant sa joue.

⁃ Merci, c'est génial. Tu es génial, dis-je en souriant.
⁃ Je sais.

Il alluma la télé pendant que je commençais à manger. Par dessus les voix des personnages de la série qu'il avait lancé, j'entamai une discussion.

- Je ne vais pas travailler aujourd'hui.
- Super, on pourra passer du temps ensemble.
⁃ T'es allé faire la révision de ta voiture au garage ?
⁃ Non, pas encore.

Je croisai les bras, levant les yeux au ciel.

⁃ Ne tarde pas trop.
⁃ Oui je sais, d'ailleurs il faudra que je passe au magasin pour acheter de nouveaux pneus. Les deux arrières sont usés, et je ne veux pas avoir d'accident.

Je hochai la tête en buvant une gorgée de chocolat chaud.

⁃ Je crois qu'un de mes clients tient un garage.
⁃ Ça marche bien le magasin, en ce moment ?
⁃ Oui. J'attends un piano pour un homme, monsieur Ordoñez.

Mon copain acquiesça d'un signe de tête puis on se concentra sur l'épisode.

-

J'aidais Charles à étendre la couverture sur l'herbe du parc avant qu'on ne s'assoit dessus. Il plaça un bras sur mes épaules, je me calai contre lui. Pour une fois, il y avait du soleil et même le vent léger ne pouvait perturber la chaleur qui en émanait. Je sortis mon téléphone de ma poche pour envoyer un message à Erina quand mon copain posa une main dessus.

⁃ Tu veux bien profiter du moment sans ton téléphone ?
⁃ Oui, pardon mon coeur.

Je rangeai l'appareil et tournai la tête vers lui en souriant. Je l'appellerai demain. Mon copain s'approcha et m'embrassa tendrement. Entre deux baisers, je l'entendis murmurer.

⁃ Je t'aime, mon rayon de soleil...

Je sentis mon corps se réchauffer.

⁃ Je t'aime aussi.
⁃ Je ne laisserai rien ni personne nous séparer.

Je pris sa main qui était au-dessus de mon épaule et j'entrelaçai nos doigts. Notre amour était sans limite, il me comblait de bonheur. Je me perdais dans mes souvenirs quand il me ramena sur Terre.

⁃ Tu voudrais avoir un ou plusieurs enfants ?
⁃ Je n'en sais rien. Pas maintenant, ça c'est sûr. Et toi ?
⁃ Oui, j'aimerai beaucoup.

Son regard était pétillant. Il en avait envie, c'était certain.

⁃ Tu nous imagines former une famille ?, ajouta-t-il. On aurait deux.. Non, trois enfants ! Et un chien. Ou alors un chat, c'est comme tu veux.

Je ris pendant qu'il continuait de penser à notre futur ensemble. Charles et moi n'étions même pas en couple depuis un mois qu'il voyait déjà les choses en grand.

- Tu te souviens de notre rencontre ?, lançai-je.
- Bien sûr. C'était le seize août. J'avais mis une heure avant de me décider à venir te parler, ajouta-t-il en riant.
- Je me souviens de ce moment. Tu étais trop mignon ! Ta démarche pas sûre et ton air un peu gêné m'ont fait craquer.

Nous continuâmes à parler jusqu'au soir. J'aimais ce genre de moment avec lui, où plus rien d'autre ne comptait.

NotesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant