XXIV. « 's'urprise »

40 2 0
                                    


10h24

Après mon réveil, j'enfilai des habits chauds et je pris un vieux vélo dans le garage. À l'avant de l'engin était accroché un petit panier, parfait pour y mettre les victuailles que j'allais rapporter de la boulangerie.
Je fis donc le chemin jusqu'à la rue commerçante. Là-bas, j'y achetai des croissants et des pains au chocolat. Je pris également des oranges chez un primeur. Quand je fus rentrée, je me mis à la préparation du petit déjeuner. Je pressai les oranges une à une jusqu'à l'obtention d'un jus, je posai les viennoiseries dans une assiette et j'amenai le tout dans la chambre que je partageais avec ma meilleure amie.

- SUPRISE ! LE PETIT DÉJEUNER AU LIT DE MADAME BIANCHI EST SERVI !, hurlai-je.

Elle se redressa d'un coup, les yeux écarquillés, et me lança un regard noir avant de voir le plateau que je tenais entre les mains.

- Oh, c'est trop bien...

Je ris en m'asseyant face à elle sur le lit, et je posai le plateau entre nous. Pendant ce temps, elle se frotta les yeux et s'étira comme chaque fois que je la voyais se réveiller. Nous commençâmes à manger tout en parlant de la journée. Le ciel était nuageux, alors on prévoyait de rester au chaud dans la maison. Je décidai de jouer un peu de piano pour m'entraîner tandis qu'elle cuisinait.

Je fus ensuite appelée à table, et j'annonçai à ma meilleure amie la proposition faite plus tôt par Madame Guillon. Elle en fut enchantée et me demanda quand commenceraient les répétitions pour moi.

- Le 8, l'orchestre répète chaque vendredi.
- C'est génial !
- Oui mais il faut que je trouve quelqu'un pour m'aider à la boutique et c'est compliqué.
- Tu trouveras, m'assura-t-elle.

À la fin du repas, je m'allongeai sur le canapé pour faire une sieste. C'est Erina qui me réveilla en début de soirée.

- J'ai une proposition à te faire !
Hum..., grognai-je, encore à moitié endormie.
- En rentrant à Paris, on pose nos affaires chez toi puis on va à la pizzeria de ta rue. Ça te dis ?
- C'est très bien.

Je me levai et je rassemblai mes affaires. Je n'avais pas eu le temps de les éparpiller bien loin, alors les retrouver ne fut pas d'une grande difficulté. Au retour, ce fut moi la conductrice. Puisque je m'occupais également de la playlist, j'en profitai pour lancer un album particulier. Une reprise des Quatre Saisons de Vivaldi, par un certain Max Richter.

Le soleil se coucha et sa lumière s'évanouit avec lui. Erina s'endormît, la tête posée contre la vitre. Je me retrouvai seule avec mes pensées. Je réfléchis alors à ce que je dirai à Florian, une fois face à lui.

« Mes excuses, j'ai des sentiments pour toi mais mes principes m'interdisent d'aimer un autre homme que celui avec qui je partage déjà mes nuits et mon coeur. Je crois que j'ai peur de le perdre. »

Non, c'est affreux. Comment réagira-t-il ?
Peut-être en éclatant de rire. Ce qui montrerait que je me fais de fausses idées en pensant qu'il m'aime. Sûrement m'apprécie-t-il simplement, moi, l'amie qui l'a battue une nuit à une course en trottinette électrique.

J'aurais aimé monter sur mon toit et le questionner à propos de ses sentiments, au téléphone. Mais à quoi cela aurait-il servi ? S'il s'avère qu'il m'aime, cela ne lui fera que du mal, et à moi aussi.

Et Charles dans tout ça...
Charles me désoriente par ses actions. Tantôt est attentionné et s'occupe du repas, du film et des pop-corns, tantôt il m'insulte avec froideur. Je ne le comprends plus. Nous sommes ensemble, nous devons nous chérir et n'apporter que du positif l'un à l'autre, pourtant...

Hm..., grogna Erina dans son sommeil.

Je la regardai une seconde en souriant légèrement. Si elle savait ne serait-ce qu'un quart de ce que j'ai vécu avec les deux hommes dernièrement, elle me supplierait de tout lui raconter.
Cette pensée me fit doucement sourire, et je continuai ma route.


À l'arrivée à vingt heures, je pris soin de garer la voiture dans le parking situé sous l'immeuble, puis je réveillai ma meilleure amie. Elle mit quelques secondes avant d'émerger. Nous sortîmes les valises pour les monter, et le voyage fut assez long en raison de l'absence d'ascenseur dans l'immeuble. De plus, je dûs également monter la valise de Eri, pour qu'elle puisse répondre à un appel qu'elle ne pouvait apparemment pas différer.
Arrivée sur le palier, je tournai la clé dans la porte et je sentis une agréable odeur de nourriture.

Une voix me parvint de la cuisine, un rire léger, comme celui d'une femme. Curieuse, je m'y rendis et mes yeux s'écarquillèrent quand je la vis. Une femme était bien adossée à un mur, tenant un verre de vin à la main. Charles lui, était assis sur une chaise, le sourire aux lèvres.

- C'est quoi ce bordel ?

Quand ils me virent, la femme se raidit et lui se leva lentement.

- Vous... vous êtes sa femme ?, demanda-t-elle.

Je compris alors que si ce n'était pas déjà fait, il prévoyait de me tromper avec elle.

- Sa copine.
- Chérie, commença-t-il.
- Ne m'appelle pas comme ça.

Il s'approcha de moi et posa ses mains sur mes épaules, que je retirai en le regardant froidement. Notre relation s'était dégradée, mais je pensais que c'était dû à sa maladie. De l'irritabilité, un sang chaud que je pardonnais. Cette rencontre fortuite mit un terme à mes sentiments.

- Partez, madame.

Elle bredouilla des excuses et assura qu'il ne s'était rien passé en se précipitant vers la porte. Dès que cette dernière fut refermée, j'ouvris la bouche en me tournant vers lui, mais son regard me déconcerta. Il se tenait bien droit, et me fixait d'un air menaçant.

- Tu vas...

Je n'eus pas le temps de finir ma phrase qu'il me prit par les épaules et me plaqua contre le mur. Le choc me coupa temporairement la respiration.

- Ouh!
- Toi tu vas m'écouter. J'ai rien fait avec elle. Et même si c'était le cas, je ne vois pas en quoi ça te regarde. Donc ne me parle pas de ça. J'espère que c'est clair.

Il me lâcha et je sentis mon cœur battre rapidement. Ma colère monta en flèche.

- Tu te fous de moi ? Tu allais me tromper, et je ne devrais pas en parler parce que ça ne me regarde pas ?! Pour qui tu te prends ?, criai-je presque.
Pour l'homme que tu trompes. Je te l'ai dit, tu es à moi parce qu'on s'aime. Mais toi tu as préféré aimer ce gros naze de Florian.

Il sortit mon téléphone de sa poche et mon visage se décomposa. Il connaissait mon code et avait donc accès à mes notes, mes messages et surtout, mes vocaux. Voyant mon air paniqué, il sourit légèrement et le déverrouilla.

- Surprise, dit-il simplement en montrant l'écran qui affichait mes notes vocales.

NotesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant