VIII. « note voc'a''le »

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À lire avec la musique On a Cloud de Riopy

Je déverrouillai mon téléphone. Comme à chaque fois que l'envie me prenait, j'allais faire un enregistrement de quelques minutes.

- Nous sommes le onze septembre, et aujourd'hui je peux dire que ma vie est stable. Je rembourse chaque mois le crédit de mon appartement, je travaille tous les jours avec Amadeo et j'avance d'ailleurs sur mon premier violon.

Je souris en pensant à l'instrument en fabrication, avant de reprendre.

- Ah, j'ai un copain ! Depuis le 16 août, je sors avec un homme du nom de Charles.

Mon corps se réchauffa rien que de parler de lui.

- Je suis complètement sous le charme. Charles est compréhensif et plein de petites attentions. Ce soir, il m'a emmené dans un restaurant gastronomique. Et puis il respecte mes décisions. Il est évidemment trop tôt pour le dire, mais j'espère que c'est le bon..

Un coup de vent me fouetta le visage, je fronçai le nez.

- Il faut que j'envoie un message à Erina pour m'excuser de lui avoir posé un lapin ce soir. L'autre jour, c'était son anniversaire donc je lui ai offert un livre !

Le Misanthrope, très bon choix de ma part. Je souris à pleines dents, satisfaite du cadeau.

- Je crois qu'elle va revoir un homme qu'on a rencontré en soirée,  Nicolas. Peut-être que ça va coller entre eux. Et...

Je regardai la silhouette au loin. Elle semblait être au bord, mais ne regardait pas en bas. Je me demandai un instant si elle allait se jeter dans le vide. Je crois que c'était un homme. Du moins, il en avait l'allure. Je commençai une nouvelle phrase en regardant la Lune.

- Je sens que je suis heureuse. Tout se passe à merveille, je n'ai à me plaindre de rien. Je crois que la dernière note vocale que j'ai enregistrée date du 31 juillet. Puis..

J'essayai de distinguer une étoile dans le ciel pollué de la capitale.

- Je ne vois pas ce qui pourrai arriver de mauvais. Je n'ai pas la vie de rêve c'est vrai, et j'ai parfois des petites galères comme la panne de la machine à laver l'autre jour. Mais cette vie-là me convient. Et j'espère qu'un jour j'aurai une famille, des enfants à qui je pourrai lire une histoire le soir et un mari qui m'aimera autant que j'en serai amoureuse.

Mon téléphone vibra dans ma main. Je reportai mon regard dessus et je m'aperçus que j'avais reçu un message. Je coupai l'enregistrement et je le nommai « note vocale 11/09/21 »

De : Florian
À : Soluna

« Bonsoir, c'est Florian (le pianiste) »

Florian ? Comment se fait-il que...
Je n'eus pas le temps de réfléchir qu'il me renvoya un autre message.

De : Florian
À : Soluna

« Ça vous dirait de discuter un peu ? »

Je restai bloquée devant cette phrase. Je n'avais pas l'habitude de faire la connaissance de nouvelles personnes, je ne savais pas trop comment m'y prendre.

De : Florian
À : Soluna

« Enfin, si vous ne voulez pas, je ne vous en voudrai pas ! Je me suis dit que ce serait sympa de parler, vous aviez l'air gentille au magasin. »

Cette dernière phrase fit naître un petit sourire sur mon visage. Pourquoi pas, après tout ? Florian me donnait envie de le connaître.
Je m'apprêtais à envoyer une réponse quand l'écran changea pour afficher un appel entrant de Charlou.

- Allô ?
- T'es où ? Je te cherche !, dit-il d'un air paniqué.
- Calme-toi, je suis sur le toit. J'arrive.

Je raccrochai et verrouillai mon téléphone avant de me lever. J'ouvris rapidement la porte et je descendis dans le couloir.
Je tournai la clé dans la porte de l'appartement quand elle s'ouvrit d'un coup, laissant place à Charles. Il soupira de soulagement.

- Tu m'as fait peur. Préviens-moi quand tu pars comme ça...
- Pardon mon cœur. Je te le dirai la prochaine fois.

J'entrai et je l'embrassai rapidement avant de me diriger vers la salle de bain. J'y pris une douche puis j'enfilai une tenue confortable pour dormir, un jogging et un t-shirt ample.
À l'instant où j'entrai dans la chambre, il regarda ma tenue et souris.

- Qu'est-ce qu'il y a ?, demandai-je.
- T'es habillée comme une clocharde, mais à part ça rien, me répondît-il en riant.

Je haussai les sourcils et je vins m'installer en souriant poliment à côté de lui. De toutes façons c'est pour dormir, je n'ai pas besoin de me faire belle. Il me prit dans ses bras et murmura doucement à mon oreille.

- Je t'achèterai un ensemble, tu seras sexy...

Je ne répondis pas, n'en ayant pas la moindre envie. Mes yeux se fermèrent et je sombrai presque directement dans le sommeil.

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