II. « 'l'e misanthrope »

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À lire en écoutant Blue Moon de Riopy

Le lendemain, je sortis du taxi et je vis mon amie Erina m'attendant devant le cinéma. Elle arriva vers moi en sautillant, ce qui me fit d'office sourire.

- Hey, joyeux anniversaire ma belle !
- Merci !

Je la pris dans mes bras et je sortis un paquet de cadeau bleu de ma poche avant de le lui tendre. Mon coeur se réchauffa en voyant son expression quand elle l'ouvrit.

- C'est un exemplaire qui date de 1921 ! Il est plus vieux que nous deux réunies, dis-je amusée.
- J'adore ! J'ai jamais lu ce livre en plus.
- Je sais, tu m'en as parlé il y a quelques semaines.

Elle tenait entre ses mains un exemplaire annoté du "Misanthrope" de Molière que j'avais acheté dans une librairie parisienne non loin de chez moi. J'aimais beaucoup cette histoire. Elle m'a longtemps fait réfléchir sur une question. Devons-nous toujours dire la vérité à autrui, peu importe les circonstances et les conséquences ?
Après longues délibérations, j'ai pris le parti de l'ami d'Alceste, le personnage principal. Philinte savait se taire quand il le fallait pour ne pas blesser, j'ai donc décidé de suivre ce raisonnement.

- Merci beaucoup Soso !
- Tu sais que j'aime pas ce surnom, dis-je en riant.

Elle m'étreignit avant de prendre une de mes mains et d'entrer dans le cinéma. On mit un quart d'heure à sélectionner l'oeuvre qu'on verrait, mais la séance avait déjà commencée. On en choisit alors un autre, avec une légère déception. J'achetai du pop corn et lui payai un pot puis on alla s'installer dans la salle pour regarder le film du genre fantastique, qu'elle adorait.

-

- C'était incroyable, s'exclama-t-elle en poussant la porte du cinéma. L'air froid vint rosir mes joues tandis que j'entrai mes mains dans mes poches pour les garder chaudes.
- Ça te dirais qu'on mange quelque chose au restaurant ? C'est moi qui offre, pour tes vingt-six ans. Oh tu vieillis, Eri...
- Je tiens à te rappeler qu'on a le même âge, Soluna.
- Je sais, je vieillis aussi. À cet âge-là ma mère se mariait avec mon père. Et moi...

Elle posa une main sur mon épaule en souriant tristement, tandis que mon cœur se serrait.

- C'est pas parce qu'elle s'est mariée à cet âge-là qu'on est en retard. Chaque personne va à son rythme, donc ne t'inquiète pas !
- Je sais, c'est juste qu'il n'y a rien de concret entre Charles et moi.
- Ça ne fait même pas un mois que vous êtes ensemble, et il passe parfois plusieurs jours chez toi ! Je trouve que c'est un bon début. Enfin, il a l'air de ne pas trop m'aimer et je ne comprends pas pourquoi mais c'est une autre histoire.

Je hochai la tête puis nous marchâmes dans les rues de Paris pour trouver un restaurant. Ce fut rapide, on passa la porte d'un des premiers que l'on vit pour fuir le froid.

- Ça se passe bien à l'école ?, lui demandai-je tandis que nous prenions place à une table.
- Oui, tout va pour le mieux. La classe de lycéens dont je suis la professeure principale est remplie d'élèves au niveau varié, il faut donc que mes méthodes d'enseignement conviennent à tous. Je suis à l'affût du moindre problème !, dit-elle sur un ton enjoué.

Je jetai un regard autour de nous, nous étions dans un restaurant à l'ambiance plutôt calme. Il n'y avait qu'un couple et une femme seule assis plus loin. Je me détendis, profitant de cette chaleur qui entourait mon corps.

- J'ai toujours admiré ton courage. Tu commences à avoir l'habitude au fil des années, pour la différence des niveaux.
- C'est ça. Mais c'est dur de faire s'intéresser les adolescents à un sujet de nos jours.

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