XXV. « 's'oudain changement »

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À lire avec la musique Standing Still de Zack Hemsey

- Écoutons-tout ça, dit-il.

Il avança chacune de mes notes vocales au moment où je parlais de Florian.

« Je me suis rapprochée de Florian. C'est un ami qui est là pour moi, et j'aimerai l'être pour lui mais il ne me dit pas tout ce qui ne va pas. Hier soir on s'est parlé au téléphone et j'ai... j'ai senti quelque chose se passer. C'est assez... »

Je baissai les yeux en entendant ma propre voix me trahir.

« ...tenant un autre homme a une place importante dans ma vie. Florian... Je crois que je ressens peut-être quelque chose envers lui, mais c'est encore difficile pour moi de le décrire. Mais... je sais que j'apprécie chaque moment que je passe avec lui , je suis à l'aise et j'ai envie de le connaître davantage. J'aime son sourire rassurant et son morceau de piano. J'ai plus de points communs avec lui qu'avec Charles... Je crois que je suis un peu perdue. »

Il stoppa l'écoute et mit sa main sur ma joue pour faire revenir mon regard sur lui. Je me sentais très mal.

- Je te laisse une chance de t'expliquer. Je veux entendre ce que tu as à dire.
- J'ai souvent pensé à lui, certes. Mais je ne t'ai jamais trompé. Je n'ai jamais cessé de t'aimer, même si ces derniers temps notre relation se tarissait.
- Ah ouais, t'es sûre de ne m'avoir jamais trompé ?

Il retira sa main et fit quelque chose que je ne pus voir sur mon téléphone.

- Bonsoir, ici la messagerie de Soluna ! Je suis en week-end, mon copain va donc gentiment se charger de consulter les messages que j'ai reçu et il me les lira quand je daignerai revenir alors que ce pauvre garçon est malade..., dit-il avec une pointe d'ironie dans la voix. Premier message, de Florian. (il changea sa voix) « Salut, c'était cool l'autre soir. J'ai apprécié passer la nuit avec toi. » Deuxième message, de.. Florian ! « Est-ce que tu as pris ta décision concernant Charles ? Je la respecterai, mais j'aimerai poser un mot sur notre relation. » Troisième message, oh, c'est encore de Florian ! Tiens donc. « Sol, je commence à m'inquiéter. Je sais que je force... Dis-le moi si tu n'as plus envie de me parler. (Il soupira) mais avant, donne moi des nouvelles, dis moi n'importe quoi qui puisse me rassurer. »
- Arrête, répondis-je.

Il verrouilla le smartphone puis le posa brutalement sur la table.

- Tu m'as trompé.

Au fond de moi, je trouvais cela assez culotté de sa part de me dire ça alors que je l'avais surpris avec une femme, dans mon appartement. Mais la culpabilité m'obligeait à me taire. J'étais tombée amoureuse d'un autre homme, je ne pouvais rien dire.

- C'est alors que son expression changea. Elle se fit plus tendre.

- Repartons sur de nouvelles bases.
- Je... non.
- Mais enfin, mon rayon de soleil. Je t'aime et j'ai besoin de toi, rappelle-toi que je suis malade tout de même !

Le sourire qui s'étire sur ses lèvres semblait prouver le contraire. Soit il profitait de sa maladie, soit il n'en avait pas. Et mon instinct semblait me dire à cet instant précis que je m'étais fait mener en bateau.
On sonna à la porte, ça devait être Erina. Je ne m'en souciai pas pour le moment et ce fut à mon tour de mener la discussion.

- Tu n'as jamais voulu que je t'accompagne à l'hôpital, pas vrai ?
- Exact.
- Et je ne t'ai pas une seule fois vu prendre un traitement quelconque. Tu n'es pas malade, rajoutai-je en murmurant.
- J'ai pas entendu. Tu peux répéter la fin ?
- Tu n'est pas malade, dis-je en appuyant chacun de mes mots.

Il me regarda quelques secondes puis rit doucement avant de me répondre.

- Ça se peut.

Ma colère grandissait à mesure que je le regardais prendre du plaisir à m'avoir dupée.

- Mais tu sais ce qui est le mieux dans tout ça ? C'est qu'à part ta meilleure copine, personne ne te croira. Après tout, tu n'as aucune preuve. Et puis, qui accuserait son petit ami malade de mentir ?
- Je peux très bien en parler à Florian. Lui dire ce que tu m'as fait subir.

Je semblais avoir pris le dessus pendant un instant, mais cela ne fut que temporaire.

- Oui, mais tu ne le feras pas, dit-il d'un ton posé. En fait, tu vas même lui dire qu'il a tout au plus été une distraction pour toi. Un banal jouet pour te divertir de ton quotidien morne. Et bien sûr, tu rajouteras que le seul que tu aimes, c'est moi.
- Pourquoi le ferais-je ?
- Parce qu'on a tous nos petits secrets, et que je doute que tu aies envie qu'une petite vidéo où je pleure en montrant les messages et les vocaux indiquant que tu ne m'aimes plus, moi ton mec malade, soit envoyée à tous tes contacts.

Je serrai le poing pour retenir mes pleurs. Mes ongles rentraient dans ma peau. Erina sonna à nouveau.

- C'est puni par la loi de faire ça.
- Je me fiche des lois. Ah, et dis à ta copine d'arrêter de sonner. Bonne nuit.

Il m'embrassa si rapidement que je n'eus le temps de réagir.
Je déglutis et j'ouvris la porte à Eri.

- Enfin ! Je t'attends depuis un bon quart d'heure, tu sais. On y va, ou tu préfères manger là ?
- Finalement, je n'ai pas très faim. Mes sincères excuses pour t'avoir fait attendre et...
- Ça va, t'excuse pas. Je vais reprendre ma valise et on se rappelle dans les prochains jours.

Elle attrapa son bagage et me fixa étrangement.

- Ça va ?
- Oui oui. Je suis simplement fatiguée de ce voyage. Merci pour le week-end.

Elle se tourna et me répondit en descendant.

- Merci à toi ma belle !

Je fermai la porte et je consultai mon téléphone.

De : Soluna
À : Florian

« Bonsoir. Je te présente mes excuses. Je n'étais pas chez moi ce week-end. Quand peut-on se voir ? »

La réponse me parvint presque instantanément.

De : Florian
À : Soluna

« Pourtant tu m'as laissé des "lu"...
Ok pour qu'on se voie. Je suis dispo demain matin, ou ce soir mais tard. Ça va toi ? »

De : Soluna
À : Florian

« 23h30 en bas de chez moi ? »

De : Florian
À : Soluna

« Ok »

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