XVIII. « s'i' compliqué »

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Tw  : viol

- Je te le répète, il ne s'est rien passé entre Florian et moi, putain tu peux le comprendre ça ?!
- Espèce de connasse ! T'as pas à partir comme ça ! Tu m'as laissé tout seul, t'es qu'une salope qui m'a trompé !

Au fond de moi, j'étais heureuse qu'il m'adresse de nouveau la parole, même si c'était pour m'insulter. Cela faisait déjà trois jours que Charles ne m'avait rien dit. Je me contentais de lui apporter ses repas, de dormir dans le salon et d'essayer d'entamer une discussion. Malgré cela, les regards qu'il me jetait me glaçaient le sang.

- Pourquoi est-ce que tu ne veux pas me croire ?
- Parce que ton connard de Florian continue de t'envoyer des messages alors que tu ne réponds pas. Il est amoureux de toi et je ne veux pas que ce soit réciproque !

Sous mon regard surpris, il sortit le smartphone que je pensais avoir perdu de sa poche.

- Le code.

Face à mon silence, il prit un verre traînant sur la table basse et le lança au sol. L'objet se brisa en mille morceaux contre le parquet dans un bruit fracassant. Je reculai, il empoigna mon avant-bras.

- Ton code !, hurla-t-il.
- 14 08, lâche-moi !

Puis il commença à lire les messages que j'avais reçu, chacun avec un ton plus amer que l'autre.

De : Florian
À : Soluna

« T'es bien rentrée ? »

« Bon.. je suppose que oui. Passe une bonne soirée. c'était sympa de te voir, même si j'aurai aimé que ce soit dans de meilleurs circonstances »

« Dis-moi que tu vas bien, s'il te plaît. »

Je pinçai les lèvres. Il s'inquiétait, je n'ai pas pu lui répondre.

De : Erina
À : Soluna

« Hello, ça va ? »

« Je viens de finir de lire le livre que tu m'as offert. J'aimerais qu'on en parle. »

« Au fait, on se voit samedi soir ? Nico est de sortie »

- Attends.... Quoi ?! Ta meilleure copine se tape mon cousin ?

Dans un élan de courage, je croisai les bras en arquant un sourcil.

- Et alors, en quoi ça te regarde ?
- Ne sors plus de cet appartement. C'est indiscutable.

Il toussa et me rendit mon téléphone après plusieurs réclamations avant de retourner dans la chambre. Je jetai un coup d'œil aux éclats de verre sur le sol puis je m'assis sur le canapé pour répondre aux messages.

De : Soluna
À : Florian

« Bonjour Florian, je te présente mes sincères excuses pour le... silence dont j'ai fait preuve. J'ai beaucoup à faire et je ne trouve pas une seconde à moi. Merci pour l'accueil de l'autre soir, c'était très généreux de ta part. »

Je rajoutai « tu me manques » avant d'effacer ces quelques mots.

De : Soluna
À : Erina

« Salut ma Eri, tu peux peut-être passer manger à l'appartement ce soir :) Charles est malade, alors je ne peux pas sortir. »

-

J'apportai le plat dans un silence de mort. Ma meilleure amie et Charles n'avaient pas échangé un seul mot, chacun ne me parlait qu'à moi.

- Qu'est-ce qu'il est arrivé à ton tapis ? Il a l'air en mauvais état.
- J'ai fait tomber un verre dessus, il s'est brisé.

Je crus voir Charles sourire légèrement avant de tousser puis de reporter les yeux sur son assiette que je remplissais de nourriture. À ma grande surprise, Erina s'adressa ensuite à Charles.

- Qu'est-ce que tu as comme maladie ?
- Une leucémie.

Il baissa les yeux et toussa une nouvelle fois. Je croisai le regard de ma meilleure amie avant de sourire tristement. Il me prit la main sous la table alors qu'on changeait de sujet pour parler du violon que j'avais reçu de mon presque-papa. Charles semblait très intéressé par la conversation, tandis que ma meilleure amie m'exprima son impatience de me voir jouer un morceau avec l'instrument.

Quand elle fut partie, l'expression de Charles changea. Il me demanda de le suivre jusqu'à la chambre pour quelque chose de banal, alors je posai les assiettes dans l'évier avant de le rejoindre. Dès l'instant où je fus dans la pièce, il ferma la porte derrière moi.

- Charles ?, dis-je
- Ça fait longtemps qu'on l'a pas fait..
- Je.. hum, oui. C'est vrai.

Coucher avec lui était la dernière chose à laquelle je pensais. Je n'en avais pas vraiment envie, surtout après les événements récents. Les souvenirs me remontèrent en tête. Mon dos heurtant le mur, la trace de sa main sur ma joue après qu'il m'ait giflée et ses insultes. Son silence pesant, ses regards me faisant culpabiliser. J'eus un mouvement de recul lorsqu'il s'approcha de moi.

- Tu veux bien le faire, hein ? Ça nous permettrait de penser à autre chose, que cette maladie qui me pèse sur le moral.
- Hum.
- Je prends ça pour un oui !
- Non, je regrette...

Il fronça les sourcils et se tourna dos à moi. Je ne compris pas de suite, jusqu'à ce qu'il se tourne vers moi avec des larmes bordant ses yeux.

- Pourquoi tu me fais ça, hein ? Tu le sais, que j'ai peu de chance de survivre contre cette putain de maladie !

Mon coeur se serra. Je le laissai faire, à la seule condition qu'il éteigne la lumière. Mon corps était raide, je me sentais incapable de prendre du plaisir comme Charles. Alors je le vis lui. Mes pensées furent dirigées uniquement vers Florian. Je revis les moments que nous avions passés ensemble; notre rencontre à l', notre dernier appel, son morceau au piano.

Ce n'est qu'après l'acte que je fus horriblement gênée, cependant je ne dis jamais rien de tout ce qu'il se passa ce soir-là dans ma tête à Charles.

Avant de m'endormir à ses côtés, je rédigeai une nouvelle note sur mon téléphone.

« Pourquoi est-ce si compliqué ? »

Puis mes yeux se fermèrent doucement.

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