Fiction OrelxGringe - Qu'est-ce que tu caches ?

Partie 33 - La demande.

« Aurél... Dis-le moi... »

Il déposa un petit baiser sur la taille de ce dernier en lui demandant cela puis releva la tête pour le regarder. Aurélien était allongé sur son lit, le tee-shirt de pyjama blanc qu'il lui avait passé sur le torse et légèrement relevé afin de lui permettre d'embrasser son hématome ainsi penché par-dessus lui. Le plus jeune lui offrit un petit sourire désolé et secoua la tête doucement, le faisant soupirer.

« S'il-te-plaît... J'ai besoin de savoir.

— Et moi j'ai besoin que tu n'en saches rien, Guillaume. C'est la seule façon dont je peux te protéger. De toute façon... tu partirai en courant si tu savais.

— Pourquoi tu dis ça ? demanda-t-il au plus jeune en fronçant les sourcils, réfléchissant à qui d'autre que Julien aurait pu lui faire cela. Tu crois... que j'aurais peur de lui ? Que je fuirai ?

— C'est... très probable, oui, dit le plus jeune après une légère hésitation. Mais non, ce n'est pas pour ça que je dis ça. N'y pense plus, d'accord ?

— Aurél, tu penses que j'aurai peur de cette personne ? Pour de vrai ?

— Peur... Je ne sais pas, je pense oui... Mais surtout... Il pourrait te faire du mal. Ce qu'il m'a fait... Je refuse qu'il te le fasse à toi aussi.

— Aurél...

— C'est non-négociable, Guillaume. Si tu veux continuer à me voir, il faut que tu arrêtes d'essayer de comprendre. »

Il ouvrit la bouche en l'entendant lui dire ça avant de la refermer. Mais qu'est-ce qu'il lui cachait, putain ? Et est-ce qu'il allait
lui faire du chantage maintenant ? Il fallait pourtant qu'il comprenne si quelqu'un d'autre que Julien et sa bande s'amusait à le harceler de nouveau.

« C'est quelqu'un du lycée ?

— Guillaume.

— Est-ce que c'est Victor ? Parce que si c'est lui, il ne me fait pas peur, hein.

— Victor ? répéta Aurélien en fronçant les sourcils. Pourquoi ce serait Victor ?

— Je sais pas, parce que c'est lui qui m'a appelé pour que je vienne te chercher tout à l'heure ? Parce qu'il était avec toi ? Je sais que t'avais déjà cet hématome avant cette soirée mais quand même... Je suis en droit de me poser la question.

— Non, ce n'est pas Victor.

— Aurél, je n'ai pas le temps de jouer aux devinettes, s'emporta-t-il alors et le plus jeune se redressa en l'entendant hausser la voix.

— Et moi, je t'ai dit que je ne pouvais pas te dire qui c'était...! Si tu insistes, je pars.

— Tu pars ?

— Je rentre chez moi. J'étais censé rentrer chez moi après la fête en plus, non ? Mon père doit s'inquiéter.

— Non, reste, dit-il doucement en posant sa main sur l'avant-bras du plus jeune qu'il voyait déjà sur le point de se lever du lit. Je suis désolé. Et puis... J'ai déjà prévenu ton père. Il sait que tu dors chez moi ce soir. »

Aurélien resta silencieux un moment, se contentant de le dévisager, avant qu'il ne l'entende pousser un petit soupire et qu'il ne le voit se rallonger sur son lit.

« Tu l'as prévenu ?

— Oui, je ne voulais pas qu'il te voit dans cet état. Il se serait inquiété. Tu ne crois pas ?

— Si, c'est même sûr... »

Il se tut un instant, observant Aurélien qui avait les yeux rivés sur le plafond de sa chambre, puis il se pencha pour passer une main dans ses cheveux :

« Si t'as peur que moi je ne sois pas de taille... Pourquoi tu n'en parles pas à ton père ? Je sais que tu voulais déjà pas lui dire pour Julien et tout mais... Si ça recommence... Peut-être que tu devrais lui en parler.

— Ça ne recommence pas, Guillaume. Ça continue. Ça ne s'est jamais... arrêté.

— De quoi tu parles ? C'est Julien ou c'est pas Julien qui t'a fait cet hématome ? Je comprends rien. Parce que si c'est lui et que j'en ai pas terminé avec lui... il faut que tu me le dises. Je n'ai pas peur de ce connard. »

Aurélien le regarda longuement en silence avant de fermer les yeux et il l'entendit pousser un petit soupire fatigué :

« Si tu veux, Guillaume. Si tu veux, c'est lui. Demain... Ne me ramène pas à la maison, je rentrerai seul.

— Quoi ? Mais pourquoi ?

— Parce que je suis fatigué. Et tu sais... Mon père est très protecteur envers moi. Et je pense... que s'il te voit me ramener encore une fois à la maison, il va se faire des idées.

— Des idées ? Tu veux dire... qu'il va se douter de quelque chose ? Est-ce qu'il y a quelque chose à se douter d'ailleurs ? demanda-t-il en se demandant si c'était seulement un baiser comme ça ou s'il s'agissait de plus.

— Tu ne veux pas sortir avec moi, Guillaume ? lui demanda alors Aurélien en rouvrant les yeux doucement et il sentit ses joues devenir écarlates à cette question.

— B-Bien sûr que si. Je ne rêve que de ça... Mais... Et toi...? Est-ce que tu le veux aussi ou... est-ce que ce n'était qu'un baiser comme ça...? Pour... que je me la ferme...? »

Il se sentit rougir de plus belle en disant ça et il vit Aurélien le regarder d'un air interrogateur.

« Pour que tu... Non, pas du tout... Je suis... vraiment amoureux de toi, lui dit Aurélien. Et j'aimerai vraiment... sortir avec toi. Mais... si mon père commence à se douter de quelque chose... ça ne va pas être possible. Je suis encore... son petit garçon à ses yeux, Guillaume. Il ne laissera pas de sitôt un autre homme m'emmener loin de lui.

— Mais j'en ai pas-

— Je sais. Je sais que ce n'est pas ton intention. Mais lui, c'est comme ça qu'il va le ressentir. Et moi... Je ne veux pas lui faire de peine, tu comprends ? Alors... ne me ramène pas demain matin. »

Aurélien l'attira à lui pour venir l'embrasser en disant ça, passant une main derrière sa nuque. Il se laissa faire et participa au baiser avant de s'allonger à ses côtés sur le lit, l'amenant à se blottir dans ses bras.

« Et je risque... de ne pas être là les prochains jours au lycée aussi. On doit aller voir de la famille, tous les deux. J'ai oublié... de te le dire.

— Et... ta mère ? osa-t-il demander en le sentant sur le point de s'endormir, cette question brûlant ses lèvres depuis bien trop de temps.

— Plus là. »

Aurélien murmura cette réponse dans un souffle et il se perdit dans ses pensées, se disant que c'était bien ce qu'il avait cru comprendre ces dernières semaines en ne l'entendant jamais parler de sa mère. Il sentit alors un petit souffle régulier s'échouer dans son cou et vint embrasser le cuir chevelu du plus jeune, attristé. Il s'était endormi. Il avait besoin de reprendre des forces après cette soirée. Et lui aussi, se dit-il alors qu'il pensait que malgré la demande d'Aurélien il finirait bien par découvrir la vérité que celui-ci souhaitait lui cacher.