Partie 37 - La réalisation.

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Protège-moi. Protège-moi. Parce que moi je ne le peux pas.

Cette phrase tournait en boucle dans son esprit alors qu'il était en train de jeter des cailloux sur la fenêtre qu'il savait être celle d'Aurélien pour attirer son attention. Il s'en souvenait maintenant. Ce cauchemar auquel il n'avait pas donné beaucoup d'importance. Il avait été persuadé qu'Aurélien avait rêvé de Julien ce soir-là. Alors qu'en fait... c'était de son père ? Aurélien avait crié Papa en se réveillant pourtant, merde ! Il avait cru qu'il cherchait ce dernier, qu'il avait besoin de le sentir le réconforter après avoir vu dans son cauchemar ce que l'autre garçon l'avait forcé à faire alors qu'en fait... c'était son père ?! Lâche-moi, ce n'est pas normal, je ne veux pas, il ne faut pas, personne ne fait ça, tu m'as menti... Il sentit ses yeux se remplir de larmes en repensant a ce qu'avait dit Aurélien alors qu'il se battait avec son cauchemar. Avec ses... souvenirs ? Et lui, il avait été assez con pour penser qu'il parlait de Julien ? Je ne voulais pas. Mais il est trop fort pour moi. Je ne peux rien faire. Il va finir par me tuer s'il continue. Il pensait à Julien alors qu'Aurélien lui parlait de son père. Il ne me touchera plus ? Pourquoi n'avait-il pas compris à ce moment-là, merde ? Il venait de piéger Julien, il avait une vidéo pour le faire chanter s'il tentait quoi que ce soit d'autre, et Aurélien le savait. Pourtant Aurélien avait parlé au présent et il avait cru qu'il était seulement en proie à la panique pour ne pas s'en rappeler. Puis Aurélien avait paniqué aussi le lendemain quand il lui avait dit qu'il avait compris. À ce moment-là, il n'avait pas compris pourquoi il avait paru aussi paniqué mais... Est-ce qu'il avait cru qu'il avait compris qu'il parlait de son père ? Que son cauchemar concernait ce dernier et non Julien ? C'était pour ça qu'il s'était effondré en larmes quelques jours plus tard quand ils étaient rentrés de chez Claude ? Qu'il lui avait dit... qu'il ne voulait pas qu'il lui fasse ça, qu'il était trop fort, qu'il est trop fort, se reprit-il en repensant comment lui-même s'était repris pour parler au présent. Qu'il ne pouvait rien faire et qu'il ne voulait pas qu'il comprenne ? Aurélien avait semblé complètement perdu quand il lui avait expliqué comment il était au courant de ce qu'il avait dû revivre dans son cauchemar en parlant de sa bagarre avec Julien et maintenant il comprenait pourquoi. Parce qu'Aurélien pensait à ce moment-là qu'il parlait de son père et bien sûr, en se rendant compte qu'il parlait en réalité de Julien, le plus jeune avait tenté de reprendre le fil de l'histoire comme s'il parlait de Julien depuis le début. Je ne veux pas qu'il soit pas content, entendit-il soudain la voix d'Aurélien dire dans son esprit en écho à la soirée où il était venu le chercher à la fête de son ami parce qu'il avait trop bu et il sentit sa mâchoire se serrer en s'en rappelant soudain. Il avait cru qu'il disait ça dans le sens je ne veux pas qu'il s'inquiète en voyant mon état alors qu'en réalité... Il avait eu peur qu'il s'énerve contre lui en le voyant revenir à la maison bourré. Impur. Un long frisson remonta le long de sa colonne vertébrale en pensant alors à ça et il entendit la voix de son ami Claude retentir dans son esprit : J'ai jamais vu personne comme ça. D'aussi pur. Même en sachant ce qu'ils lui ont fait subir. Ce qu'il a dû faire. Son père avait tort. Malgré tous les abus qu'il avait subis, jamais il n'était devenu impur. Parce que ça ne marchait pas comme ça. Et c'est ce soir-là, le soir où ils étaient allés passer la soirée chez Claude, qu'Aurélien lui avait demandé s'il pouvait dormir chez lui. Alors qu'il avait appris le lendemain que son père était rentré dans la soirée et l'avait sans aucun doute prévenu la veille. Alors s'il n'avait pas eu envie de rentrer malgré le fait que son père était revenu de chez son ami... est-ce que c'était parce qu'il avait eu peur de ce qu'il allait lui faire en sachant qu'il était allé chez des amis passer la soirée ? Mais est-ce que ça n'avait pas été pire qu'il découche ? Et justement, est-ce que ce n'était pas après cette soirée qu'Aurélien avait reçu cet hématome sur la taille ? Et d'ailleurs, le bleu sur sa tempe, il n'était pas arrivé après qu'Aurélien ne dorme chez lui après sa fête ? Après qu'ils aient réussi à piéger Julien avec leur vidéo ? Aurélien avait été trop épuisé pour rentrer et en voyant ça il lui avait alors proposé de rester dormir chez lui. Aurélien avait refusé, lui disant qu'il ne pouvait pas, que son père l'attendait, et déjà il n'avait pas compris. Il avait même prévenu son père. Il lui avait dit que son fils dormait chez lui, dans son lit. Et celui-ci l'avait remercié, lui disant de dire à Aurélien qu'il l'attendait à la maison dans ce cas. Et il n'avait pas compris que c'était une menace ? Aurélien lui avait dit avant de s'endormir pourtant que le pire qui pouvait arriver par rapport à la rumeur ce n'était pas que les autres lycéens soient au courant de cette dernière, mais que son père le soit. Que c'était la seule chose qui lui importait. Qu'il n'en sache jamais rien. Et il avait eu l'audace de lui répondre qu'au contraire, son père devrait être mis au courant pour qu'il le soutienne. Pour qu'il le protège de ces garçons. Mais quel con. Et il avait révélé à son père qu'Aurélien était allé à une soirée en le prévenant ainsi, alors que ce dernier ne le savait pas. Aurélien avait bel et bien fait le mur, contrairement à ce qu'il lui avait dit. Il avait menti à son père pour pouvoir venir. Et lui qui avait pensé rassurer ce dernier en lui disant où était son fils... Il l'avait plutôt condamné en faisant cela. Et Aurélien avait reçu ce bleu. Ce bleu... était arrivé par sa faute, pensa-t-il alors en relevant la tête pour regarder la fenêtre du plus jeune d'un air terrifié. Et les autres... sûrement aussi. À chaque fois qu'Aurélien avait découché pour dormir chez lui... son père l'avait battu quand il était rentré à la maison.

« Guillaume...? »

Il sortit violemment de ses réflexions en entendant soudain la voix d'Aurélien s'adresser à lui. Il écarquilla les yeux en le voyant apparaître à sa fenêtre puis il sentit sa mâchoire se serrer en le voyant le regarder d'un air effrayé, une main sur sa joue afin de cacher cette dernière à sa vue.

« Qu-Qu'est-ce que tu fais là ? Je t'avais pourtant interdis... balbutia Aurélien et il sentit sa mâchoire se serrer plus fort encore en l'entendant lui dire cela d'une voix désespérée.

— Aurél, laisse-moi monter. Tout de suite. Ou j'appelle la police. »

Aurélien lui lança alors un regard terrorisé quand il dit cela et il sut qu'il avait compris. Oui, Aurél. Tu ne peux plus mentir maintenant. Parce que j'ai enfin compris ce que tu essayais de me cacher. Et cette fois, il n'y avait pas de retour possible.

Fiction OrelxGringe - Qu'est-ce que tu caches ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant