VII. Le calme avant la tempête

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Vu la tournure des événements, le Professeur panique intérieurement. Il n'aurait jamais imaginé, ni même anticipé les choses concernant Pedro Nuevo. Connaissant les deux autres, il sait qu'un dérapage pourrait vite arriver.
Il est parti passer des coups de fil. Ses fameux contacts d'Europe de l'Est. A l'en croire, il a le bras long et connaît un paquet de monde. Il compte faire de nouveau appel aux Serbes, ces types aussi durs que la glace et prêt à tout pour une poignée de dollars. Ou une poignée d'euros. Je ne peux pas m'empêcher de faire référence aux westerns que je regardais petite. Je déconne, ils sont aussi appâtés par les billets mauves qu'un renard devant un poulailler. A vrai dire, je m'en moque. Non, ce que je veux moi, c'est une solution. Je veux réussir à nous sauver et j'aimerais pouvoir respirer autrement qu'avec mon arme à portée de main. Le temps où je vivais aux côtés de Berlin, pleine d'insouciance est loin.

Ce dernier s'est levé pour débarrasser les verres de vin. Palerme a fait de même, il est monté à l'étage pour trouver une tenue adéquate pour ce soir. Nous sortons en ville, mon amant aimerait profiter de la soirée avec son frère. Il sait que chaque seconde est une seconde qui le rapproche de la mort. Et surtout, il sait qu'il fait une connerie monumentale. Il connaît l'issue de son plan. Ce putain de braquage... Il s'apprête à anéantir Sergio une deuxième fois. Mais que voulez-vous, il aime l'argent, c'est obsédant. Il ne peut se résoudre à terminer son existence sans ressentir le frisson de la cavale. Ça lui brûle la peau, il en a besoin pour mettre un terme à son dernier souffle. C'est poétique, non ? Poétique et foutrement dramatique. Tout ça me retourne tellement l'estomac que je ne sais même plus si je suis ironique ou complètement à la masse. Le concerné pose la bouteille de vin sur le plan de travail de la cuisine. Une main dans la poche et l'autre hésitante, il la pointe dans ma direction, confus :

- Que penses-tu de la proposition de mon frère ?

- Je pense qu'il serait prêt à vendre son âme au diable pour toi. Tu ne devrais pas prendre ses avertissements à la légère.

- Il a toujours été ainsi, il ne sait pas ce que signifie "profiter de l'instant présent".

- Non Andrés, il est juste responsable et il sait mesurer les dangers.

- Il gâche sa vie à vivre de la sorte. Il devrait profiter, sortir et prendre conscience du bonheur de la liberté.

Il marque une pause et grimace. Il aimerait tant ouvrir les yeux de son frère mais ce dernier ne voit pas la réalité comme mon amant :

- Son réseau de malfrats d'Europe de l'Est. Il n'était pas obligé de nous proposer cette alternative.

- Tu as déjà entendu parler de ce "Marseille" ?

- Oui, je le connais. C'est un sacré type qui est compétent pour cette mission. Sergio ne mettrait jamais un abruti aux commandes s'il s'agit de sauver son frère. La famille est trop importante pour lui. Les liens du sang, c'est quelque chose de fort Alma. Je suis le seul qu'il lui reste.

J'esquisse un sourire moqueur alors qu'il se penche vers moi pour réclamer un baiser. Il ne changera jamais et je me surprends à aimer cette facette de sa personnalité. Il est pédant. Il est orgueilleux. C'est un con fini. Oui. Après tout, c'est ce qui m'a attiré chez lui. Une telle prestance qui vous charme en un claquement de doigt. Je me souviens, ce soir là, il m'avait retrouvé au bar d'un restaurant à la mode. Ce n'était pas donné et il avait sorti le grand jeu. J'aurais tout donné pour une dose, j'ai finalement eu le voleur. Ce n'était pas de la cocaïne qu'il avait étalé sous mes yeux ébahis mais bel et bien un diamant. Il était majestueux. Ce n'était pas que ses promesses ou que le somptueux costume trois pièces qu'il portait. Non. Andrés incarnait l'élégance même. Il avait obnubilé chaque autre client qui dînait autour de nous :

II. Ciao Bella [TOME 2 - La Casa de Papel | Money Heist]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant