II. Ciao Bella [TOME 2 - La Casa de Papel | Money Heist]

X. Ouvrez le bal !

Mes jambes sont molles. Mon corps faibli d'une traite. Je tombe au sol, les genoux à terre. Andrés a été enlevé sous nos yeux. Les larmes me montent et j'explose en pleurs. Silencieuse, elles roulent sur mes joues alors que je sens la panique paralyser mes muscles. La panique et la colère. Je n'ai pas su le protéger. J'avais juré l'aider après son retour d'entre les morts, j'avais juré ne plus laisser la Faucheuse nous séparer. Pourtant, elle s'est de nouveau immiscée entre nous. Tout semble tourner autour de moi, comme si je vivais un rêve éveillé. Ou plutôt un cauchemar, me direz vous ? Bordel, on y est, le point de non retour. Ça craint. Marseille fait les cent pas en cherchant une solution, ses traits sont tendus. Sa petite moustache est ré haussée par une grimace déchirant son ego. Lui aussi a échoué, il devait le protéger, le Professeur lui avait confié une mission. Les Serbes s'agglutinent autour du cadavre de leur semblable et camouflent pudiquement le corps à l'aide de leur veste. On est en plein milieu d'une rue déserte, du sang immacule une partie du trottoir. Je suis agenouillée à même ce foutu béton bouillant qui me brûle les mains. Néanmoins, on est tous là à geindre sur notre sort. Tous, sauf un. A ma grande surprise, le Latino qui me servait de rival jusqu'à présent ravale sa peine. Il renifle et remonte ses manches puis avance vers moi, la mine soudainement confiante. Je ne l'ai jamais vu aussi déterminé. Il en serait presque intimidant avec son sourire satisfait en coin et ses yeux perçants. À ma hauteur, il pose ses mains sur ses hanches et déclare d'un ton moqueur :

- Tu vas rester à quatre pattes comme ça encore longtemps ?

Je n'ai pas le temps de répondre qu'il enchaîne avant de tendre son bras pour m'offrir son aide. Lui, m'aider à me relever ? C'est une blague :

- Tu peux rester dans cette position en plein milieu de la route si ça te chante, mais moi je vais sauver Andrés. Cette ordure de narco trafiquant va le tuer si nous n'intervenons pas. Tu dois m'aider, tu ne peux pas l'abandonner. Pas toi.

Je remballe ma fierté et accepte sa proposition. Il tire avec force et me redresse immédiatement. C'est qu'il m'avait caché cette qualité, l'Argentin douteux. Un type serviable qui peut avoir les épaules solides :

- Martín... Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Je n'ai rien vu venir. Je me suis sentie foudroyée. Je suis tombée en voyant le van partir... Je ne voulais pas...

- Tu n'as pas à t'expliquer, c'est une réaction normale... Tu es amoureuse de lui et c'est réciproque. Tu es la mieux placée pour craquer dans un moment pareil.

Je louche sur lui avec stupeur. Est ce que j'ai bien entendu ? Est ce qu'il vient de m'avouer sa capitulation ? Il reconnaît enfin ma véritable place. C'est quoi ça, le synopsis d'un film à petit budget à l'eau de rose ?! Je déglutis et recouvre doucement une respiration régulière. Son regard continue de me scruter, il tente de comprendre ma réaction. Si j'avais su qu'on en viendrait à faire la paix après le tragique rapt de notre amant commun... Quelle ironie. Marseille se présente à nous, la mine noire. Il appréhende la boule au ventre le destin funeste :

- Je n'ai pas les mots pour expliquer ce qu'il vient de se produire... Je vais résoudre ce problème, je ne vais pas laisser Berlin courir à une mort certaine. C'est un homme bien, spécial... Mais un homme qui ne mérite pas un sort si cruel. Je vais me racheter, le Professeur compte sur moi. J'en fais ma priorité.

Palerme se retient d'applaudir, je me contiens pour ne pas laisser de nouveau la colère m'envahir. Imaginer Andrés ligoté et torturé par cette ordure de Pedro me donne la gerbe. Marseille discute dans sa langue natale avec les Serbes. Ils conviennent de la tournure des événements. Martín prend mon bras et m'amène à lui avec délicatesse :

- On va former le meilleur duo qui puisse exister Alma. Toi et moi, Rome et Palerme, on va ramener Andrés de Fonollosa même si on doit y laisser la vie. Tu es avec moi ?