I. Prologue

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Berlin ciao, quel fabuleux nom pour un hôtel, vous ne trouvez pas ? Non, je blague. En réalité, c'est une appellation beaucoup trop personnelle pour convenir à un lieu public. Une intimité qui ne se partage pas. Mais vous savez, la promiscuité que j'ai avec cet endroit est si forte qu'au final, le crier sur tous les toits m'est indispensable. Berlin. Ce grand con en costume sur mesure. Monsieur Élégance. Vous connaissez l'histoire désormais : il est mon quotidien. Je me dégoûterais presque à m'entendre parler. Avouez que vous avez du mal à me reconnaître... Bref, c'est un quotidien que je savoure à chaque instant depuis qu'il m'est revenu d'entre les morts et surtout, depuis que ses jours sont comptés. Le traitement qu'il a repris me donne de l'espoir, ou« nous donne de l'espoir » ? Je n'arrive toujours pas à cerner son opinion sur la Mort en personne. Mais quoi qu'il en soit, Berlin et sa foutue maladie sont tout de même liés. Elle finira par prendre l'avantage le jour venu. Tic-tac. Les secondes défilent. Les minutes passent. Les heures me donnent l'illusion de jours meilleurs. Puis les jours rallongent. Quant aux mois, ils scellent lentement son destin. C'est une chienne de vie, la vie. La vie de braqueur. 

Nous sommes à Vienne, presque un mois après son retour. Je ne sais pas par quel miracle il a pu s'en sortir. Je ne pose pas de question. Peut-être ai-je peur de connaître la vérité ? Peut-être ai-je peur de souffrir ? J'évite d'être curieuse. Il n'a pas évoqué le sujet. Mon amant se montre bavard mais très peu sur ce domaine. Son jardin secret. Celui dont je ne peux franchir le putain de portail. Croyez-moi, j'aimerais parfois. J'aimerais connaître tous les recoins de son passé, même les plus sombres. Ce qu'il s'est passé avant moi. Ce qu'il s'est passé après moi. Ce qu'il s'est passé quand j'étais là, présente près de lui. J'ai conscience de la vie mouvementée qu'il a eu : les altercations que nous avons eu avec Pedro et ses sbires lors de notre évasion de la Fabrique ont confirmé mes soupçons. Il traînait avec les mauvaises personnes. Celles qui ont l'argent et les stupéfiants au bout des doigts. Mais quand on a ce type dans la peau, on veut savoir ce qui le forge de l'extérieur, comme de l'intérieur. Ça amènerait à une relation malsaine, mais nous y sommes déjà. Nos fréquentations, notre vie commune, les braquages... Ça va ensemble. C'est à prendre ou à laisser. Vous connaissez déjà ma réponse.

Il reste muet mais je finirai par avoir le dernier mot. J'ai fini par réussir à dompter ce mégalomane égocentrique et arrogant. Je ne lâche plus l'affaire. Non. Les derniers événements avec l'équipe du casse m'ont marqué d'une empreinte indélébile. J'ai changé, beaucoup trop me direz-vous. Je suis devenue froide et prévenante. J'ai peur pour nous. Je veille sur notre magot planqué dans le coffre de notre suite au dernier étage. Je veille sur notre passé sulfureux et risqué qui pourrait éclater au grand jour. Je veille sur cet hôtel particulier qui retrace notre gloire. Et surtout, je veille sur lui. Je ne pense pas qu'il s'en aperçoive, il est bien trop nombriliste. On le savait tous que Berlin était un éternel égoïste, imbu de lui-même. Un manipulateur avec de belles promesses. Il m'en a faite, sauf que là, les rôles se sont inversés. Je ne peux pas me résoudre à le laisser. Il voulait m'offrir le monde et le luxe que je méritais. Je le soutiens bienveillante lorsqu'il a le dos tourné. 

J'ai sacrément souffert après le braquage. Je me souviens de ces insomnies dans la chambre, recroquevillée en boule sur le lit. Je sentais son absence au fond de mes tripes. Je sentais sa mort me bouffer de l'intérieur. J'étais cadavérique et mes pensées suivaient. Vous savez, les fameuses idées noires qui vous hantent la nuit. Elle m'ont suivi durant une longue période. Car lorsque je me tournais pour l'observer étendu contre moi. Je n'arrivais pas à y croire. Je n'arrivais pas à imaginer les yeux ouverts, que cet homme était vivant. Il avait échappé à la mort. Échappé à une nuée de balles qui l'avaient perforé de toute part. Il le sait. C'est un survivant. Lui aussi à changé. Son humour noir et sexiste ?Non, celui-ci, il l'a toujours. En dehors de ce charisme qui le caractérise si bien, c'est ce qui le définit par dessus tout. Tout le monde le disait avant. Combien de fois il a failli éclater notre bande à cause de remarques déplacées envers Tokyo ou Nairobi. Mais il fallait le prendre avec, car il était le cerveau des opérations. Le cerveau après le Professeur.

II. Ciao Bella [TOME 2 - La Casa de Papel | Money Heist]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant