XIV. A ta mémoire de scélérat

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Vous le sentez, le coup foireux ? Je le sens à des kilomètres. Mensonge, je le sens depuis le début. On trace jusqu'à rattraper Monsieur Elégance, je m'emmêle les pieds dans un pan de ma robe et manque de trébucher. On s'agite, on perd patience. Ce jeu du chat et de la souris est suffoquant. Jusqu'où va t-il nous mener ? Je n'ai pas signé pour ça.

Palerme est devant moi, ses yeux autrefois mutins sont désormais emprunts d'un voile sombre. Tout ça pour des putains de lingots d'or :

- Martín, ralenti...

- Tu crois que l'autre fou furieux de narco va ralentir lui, une fois qu'il saura qu'on veut lui foutre à l'envers ?

- La faute à qui, Monsieur Alberto Abril ?

Tout en continuant sa route, il se retourne et me toise, mauvais. Nous n'avons pas le temps de nous arrêter. Il ajoute, les lèvres pincées sous la pique :

- Magne toi si tu ne veux pas perdre ta couronne, Princesse.

Je ne supporte pas quand il m'appelle ainsi. Quelle mouche le pique à me parler comme si j'étais une diva ? La diva, c'est lui. C'est lui qui rêve de paillettes, pas moi.

- Arrête avec ce surnom à la con, ça ne me ressemble pas.

- J'aurais dit le contraire, tu as tout pour être heureuse. Il t'a tout donné, tu mènes une vie de château dans ce palais qu'il t'a offert.

- Dans ce cas, t'es quoi toi dans l'histoire ?

- À défaut d'être la reine, je suis le vilain crapeau.

Je gémis en levant les yeux au ciel, je ne vais pas lui jeter la pierre. On se chamaille depuis trop longtemps et il a fait ses preuves. Ça me fait mal de l'avouer mais je suis franche :

- Je te voyais plutôt en preux chevalier.

- Au service du roi ?

- Au service de l'hommage. Ou de la justice, à toi de voir.

Le principe même de notre premier braquage et de ce sauvetage. Néanmoins, ce latin lover pas foutu d'admettre que j'ai raison manque de s'étouffer durant sa course. Il bondit en gesticulant ses bras en l'air :

- Tu te fous encore de moi ? Tu trouves que j'ai une tête à débarquer sur un cheval blanc ? T'es perchée à inventer des idées pareilles ! Bouge ton cul au lieu de rêvasser. Il nous devance !

Quel insolent avec ses airs satisfaits. Il ne comprendra jamais la finesse oratoire. Il doit trouver cette comparaison réductrice mais ce n'est pas mon avis. Il a su utiliser son courage dans les moments délicats. C'est lui qui nous a sorti du pétrin quand notre amant commun nous a chopé en train de fumer. C'est lui qui m'a réconforté après l'enlèvement d'Andrés. C'est lui qui m'a protégé lorsque Pedro Nuevo nous a accosté. Il a su me pousser à donner le meilleur de moi même. Il m'a pris et m'a donné. C'est avec lui en ce moment même que je forme un duo un tant soit peu burlesque, mais qui fonctionne. Alors oui, il a beaucoup de défauts, oui, nous nous entendons comme chien et chat mais au fond, on se ressemble. On aime et souffre de la même manière. Retenez bien ça, je viens de le défendre et ce sera la dernière fois que mon ego sera mis de côté pour lui. Est-ce réciproque ? Je ne sais pas mais j'ai l'honnêteté de le reconnaître. Sans Martín, peut-être que les choses se seraient passées différemment. Revenons au sujet initial, ça commence à me mettre mal à l'aise tant de flatteries.

Berlin, l'élément principal de notre vie. Celui autour de qui, disons le, notre existence tourne. Il n'est pas si loin que cela. Ce qui nous trahit est la perspective des couloirs. Ils sont immenses et étroits. Magnifiquement décorés certes, mais suffisamment exigus pour chambouler nos sens. Ce dernier tourne à l'angle et s'approche de l'ascenseur au bout du long corridor. J'aimerais crier son nom et l'interpeller mais imaginez les répercussions. Ouais, on est pourtant seuls, mais je sens que des regards indiscrets sont braqués sur nous. Les caméras sont planquées à coup sûr. Mon époux de substitution déroge à la règle :

II. Ciao Bella [TOME 2 - La Casa de Papel | Money Heist]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant