IX. La loi du talion

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On rentre directement dans le vif du sujet ? Je ne sais pas du tout ce qui m'est passé par la tête hier soir. Le trou noir hormis quelques bribes... Le black out complet. La seule chose dont je me souvienne réellement est que je vais le regretter. Je revois le visage de Palerme, les traits attisés par le désir de voir Berlin si sensuel. Je ressens encore la sensation. C'est physique et psychique. C'est étrange et ça ne va qu'attirer des problèmes. Il ne faut pas mélanger la vie privée et le boulot, mais il ne faut pas non plus mélanger les sentiments et ses amis. Ou ses ennemis, à vous de voir.

Je me réveille la tête lourde. Mes yeux me piquent, un bourdonnement est encore présent. Il sillonne mes oreilles et parcourt mon corps en entier. Il résonne dans mon crâne. Je n'avais pas été si mal en point depuis les soirées que je menais au lycée. Je sens une présence à mes côtés. Les souvenirs intimes me reviennent et un rictus inonde ma figure. Andrés est là. Il a toujours été là. Je me tourne vers lui, il me fait face. La mine éclairée par la satisfaction de me voir au réveil, il embrasse mes lèvres avec douceur :

- Bonjour Alma, tu as bien dormi ?

- Bien dormi oui, mais j'ai oublié une partie de la soirée.

Il ricane soudainement en écarquillement les yeux. Puis, il comprend que je suis sérieuse, une vague d'étonnement plane sur son visage :

- Tu ne te souviens de rien ?

- A vrai dire...

Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase, j'entends un râle rauque à côté de mon amant. Martín est de l'autre côté du lit. J'ouvre une bouche ronde de stupeur :

- Je me suis envoyée en l'air avec ce mec ?!

- Tu ne te souviens vraiment pas ?

Il est hilare. De si bon matin, son euphorie sème la pagaille dans mon esprit. J'essaie de visualiser la nuit. Tout m'est confus. Néanmoins, Palerme lui, ne l'est pas. Il pivote vers Andrés, confiant :

- Je n'ai pas droit aux croissants sur un plateau au réveil ? Je m'attendais au petit déjeuner au lit...

- Non Martín, tu n'y as pas droit. Encore moins si tu laisses ta main traîner sur ma cuisse.

Le Latino réagit aussitôt. Pris sur le fait, il a un mouvement de recul et lève les bras au ciel :

- Je croyais que toi et moi...

- Il n'y a pas de toi et moi. Tu as eu ce que tu voulais... Si ça ne te dérange pas, j'aimerais que tu quittes ma chambre et que tu me laisses avec ma femme.

Il reste de marbre mais je peux voir ses efforts pour contenir sa déception. Puis, avec détachement, Palerme hausse les épaules et se lève. Il ramasse ses vêtements au sol et prend la direction du couloir avant de se tourner une dernière fois :

- Je ne t'en veux pas, moi je suis juste le bon copain qu'on appelle quand on est dans le besoin.

Il s'éloigne le pas lourd. Andrés est resté stoïque, j'en suis presque émue de voir cet homme encore à ses pieds malgré le coup qu'il vient de lui faire. Ou le coup qu'il vient de se faire ? Je m'égare. Quelques scènes de la veille me reviennent. J'ai magouillé avec des dealers, j'ai bu beaucoup, j'ai dansé, j'ai ri puis j'ai râlé. L'alcool est redescendu, j'ai joué aux devinettes avec Palerme. J'aurais bien aimé en apprendre plus mais mes capacités de réflexion étaient limités. Mon amant reporte son attention sur moi. Nous voilà seuls, il replace une mèche derrière mon oreille. C'est cliché mais j'en ai bien besoin, un peu de romantisme fleur bleue me redonne l'illusion d'autrefois. Un passé insouciant et sulfureux :

- Tu n'as pas été sage hier.

- Comment ça ?

- Tu as dit beaucoup de choses qui étaient fausses.

II. Ciao Bella [TOME 2 - La Casa de Papel | Money Heist]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant