XV. Epilogue

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Deux mois se sont écoulés depuis l'explosion du théâtre à Vienne. Deux putains de longs mois qui m'ont paru une éternité. Durant les premières semaines, je ne suis pas sortie de l'hôtel, trop mal en point pour me confronter au monde réel. Enfermée, mes journées étaient rythmées par le sommeil, les pleurs et les souvenirs.

Palerme est rapidement rentré chez lui, en Sicile. Il n'a pas supporté l'absence et la douleur était trop forte. Il le voyait à chaque recoin de notre appartement. Nous étions deux à ressentir ce chagrin nous bouffant l'âme, à la différence que nous ne la traitions pas de la même façon. Lui, s'est empressé de se noyer dans les excès, vous ne serez pas étonné. Ça coule de source, le truc, c'est que les soirées Autrichiennes lui rappellent Berlin. L'alcool aidant, je me doute qu'il doit passer ses nuits à picoler jusqu'à perdre le contrôle. Il ne doit plus sortir aussi et se morfondre dans une dépression lugubre.

Marseille me donne régulièrement des nouvelles, il prend le temps de passer me voir. Il s'assure de mon état même s'il n'est pas glorieux. Parfois, il m'apporte un repas tout prêt et nous dînons ensemble en écoutant de la musique classique. Il me parle de sa jeunesse, de son amour pour les bêtes et de son rejet pour la société capitaliste. A l'écouter, vivre au sein d'une ferme animalière serait le parfait équilibre entre paradis et avenir. Le retour au naturel, vous voyez. J'ai appris qu'il avait un furet dénommé Sofia et qu'il n'aime pas la savoir seule plus de deux jours consécutifs. Il est attachant, ce drôle de type avec une moustache. Il a la dégaine d'un type des années trente, ou d'un type d'un autre monde. Une autre époque, quoi. Lorsque l'envie le prend et que je ne décroche pas un sourire, il pousse la chansonnette et entame des chants traditionnels dans sa langue natale. Il me remonte le moral du mieux qu'il peut. Je le pensais pudique mais il semble se dérider avec moi. Cet homme, c'est quelqu'un de bien.

Nous n'avons jamais eu de nouvelles du Professeur. L'intello a lunettes s'est volatilisé. Inconnu au bataillon. Mort.

Puis, le deuxième mois est arrivé avec son lot de déboires. La dure réalité m'a éclaté à la gueule et ça m'a fait l'effet d'un coup de massue. Je me suis effondrée. J'ai littéralement pété un câble, j'ai tout envoyé valser. Sans en informer le Croate, j'ai tout vendu. L'hôtel particulier, situé en plein centre de la ville est parti à une vitesse folle. J'ai rassemblé l'argent du braquage, fait mes bagages et je me suis barrée, j'étouffais. Je n'avais plus ma place dans les vestiges de cette ville.

Dorénavant, j'habite un petit quartier reculé de Madrid, près de mon ancien studio avant la Fabrique de la monnaie et du timbre. Avant ma rencontre avec Sergio. Avant mes retrouvailles avec Berlin. De temps en temps, je retourne dans le petit cinéma où je travaillais. Vivre cachée est devenu impossible pour moi, surtout seule. Je n'y arrive plus. Une existence en cavale devait être pour nous deux, on était préparés mais il n'est plus là. Et vous savez quoi ? Je suis tellement au fond du gouffre que même si je me faisais coffrer par les flics, je m'en ficherais ! Retour à la case prison et on me foutrait la paix. Sauf que je risque la perpétuité mais la liberté sans Andrés revient au même. Il me manque. Il me manque à en crever. J'ai eu beau me couper de tout ce qui me le rappelait, il est sans cesse présent dans mon esprit.

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Aujourd'hui est une drôle de journée, je me suis levée tôt. Je me suis préparée vite. J'ai eu le temps de m'occuper de mon chez moi et de rêver à un monde meilleur. Puis, le silence est arrivé fracassant et a tout balayé. Je suis tombée à genoux, larmoyante. Ca me fait mal au plus profond, c'est une entaille qu'on ouvre continuellement avant de recoudre pour recommencer encore. Chaque jour. 

Rome, ce n'est pas toi.

Alma, reprends toi.

Je vide mes poumons en tentant de me calmer. Mes nerfs sont à bout, mon âme semble perdue dans un néant où l'attente n'est que la solution. Mais attendre quoi ? L'attendre lui ? Je vis seule, à me morfondre dans mes souvenir.

II. Ciao Bella [TOME 2 - La Casa de Papel | Money Heist]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant