III. Fantôme du passé

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- J'ai connu un complice de casse avant toi.

- Un complice de casse ?


J'attends des explications devant ses arguments à moitié avoués. Andrés est nerveux, il se gratte la nuque, le regard rivé vers le sol. Il perd rarement ses moyens et le voir perdre le contrôle me fait douter quant à la gravité de son état. Il est un homme qui ne lâche jamais rien. Un homme qui tient les rênes jusqu'au bout. Il ferme les yeux, bouleversé par ce qu'il s'apprête à me dire :


- Alma... Avant de te rencontrer, j'étais proche d'une personne. Cette personne était chère à mes yeux.

- Arrête de tourner autour du pot et dis moi pour de bon !

- Martín Berrote.


Il prononce à demi mot, à la fois soulagé et navré de m'annoncer une partie de son passé. Je ne connaissais pas les détails de sa vie avant de me connaître. Berlin a ses secrets, j'ai les miens. Toutefois, je perçois dans son regard l'effet que lui provoque cet aveu. Il se sent piégé, acculé contre un mur qui l'empêche de s'échapper. Mais bordel, qui est ce type pour le plonger dans un état pareil ! Il reprend après une longue inspiration :


- Nous étions tous les trois, Martín, le Professeur et moi. Il était ingénieur et nous rêvions d'un monde meilleur en imaginant des plans pour des braquages futurs... Des braquages qui nous permettraient de ne plus nous soucier des problèmes qu'instaurent la société... Martín était un homme extraordinaire. Le genre de personne qu'il nous faut tous. Le genre de personne qui nous admire et nous épaule même dans les situations les plus critiques. Et c'est ce qu'il a fait... Martín... Ce vantard Sud Américain qui passait ses journées à faire des calculs et des théories sur des bouts de papier...

- Est-ce qu'il est mort ?

- Mort ? Tu veux rire ! Il ne m'abandonnerait jamais ! Mais tu vois Alma, la vie est injuste parfois. Entre lui et moi, c'était une relation parfaite. Il n'y avait aucune question, aucun doute. Une symbiose totale qui nous aveuglait. Sauf qu'il y en avait un qui ne l'était pas. Sergio... Le Professeur... D'après lui, c'était une toxicité qui finirait par nous détruire sur le long terme. J'avais une emprise sur Martín, et Martín était fasciné.

- Fasciné par toi ?

- A défaut de paraître arrogant, je suis dans l'obligation de l'admettre.


Sur le coup, je ne sais pas si je dois le trouver pathétique ou éprouver une quelconque pitié pour lui :


- Martín était amoureux de moi.

- Et toi ?

- L'amour n'a pas de limite.


Il passe une main dans ses cheveux et se dirige vers l'ascenseur. Ce grand con essaie de s'esquiver avec finesse :


- Ce que j'essaie de te dire, c'est que c'est un sentiment indestructible. Si indestructible qu'il a mené à ma résurrection. Il m'a trouvé. Je ne sais pas par quel moyen mais il est venu me trouver un soir, alors que je pourrissais dans une chambre d'hôpital. J'étais en piteux état et il est venu. Il m'a sauvé. Il a réussi à passer outre les flics qui surveillaient l'entrée et m'a ramené chez lui, à Palerme. Nous étions dans un monastère, tout était si calme...

- Palerme ? Toi dans un hôpital ? La police n'y a vu que du feu ? C'est impossible...


Trop de questions se bousculent dans mon esprit et je m'empresse de stopper l'ascenseur afin d'obtenir davantage d'explications :


- Après ce que nous avons vécu, tu crois toujours que la vie est une histoire impossible ? Martín m'a soigné, il s'est occupé de moi. Je suis revenu ensuite ici pour te retrouver. C'est tout ce que tu dois savoir. Le reste, tu es au courant. 

II. Ciao Bella [TOME 2 - La Casa de Papel | Money Heist]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant