Chapitre 12

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Il allait le tuer.
Il ne savait pas quand. Il ne savait pas comment. Mais il est clair qu'il allait le tuer.
De la pire des façon. Et lentement, il en va de soi.

Alexander l'observait d'un regard interdit, fébrile. Il demeurait à ses côtés hors de la baignoire, lui laissant ainsi de son espace vital. Il fallait dire que son espace vital avait été depuis longtemps bafoué, tout comme sa pudeur et son semblant de dignité.

Il sentait le regard du policier descendre un peu plus bas, quittant le territoire du visage et de la bienséance pour des monts bien plus aventureux.

Non mais je le dérange peut être ?

Dabi aurait bien voulu se lever à cet instant, quitter cette prison de porcelaine histoire de garder le peu de contenance qu'il avait encore. Mais cela demeurait impossible. Sa liberté avait comme prix le déshabillage total.

-Je... Hum, tu... il...Murmura Alexander.

Nous, Vous, Ils.
Bien. Il sait citer tous les sujets singuliers de notre bonne vieille conjugaison. Formidable.

-Je ferais mieux... d'y aller.

-Non ? Tu crois ? Et moi qui allait te passer le shampoing pour faire connaissance.

Il partit. Sans demander son reste.

***

Il ferma la porte derrière lui avant de se tenir le visage dans les mains.
Ce n'était pas le moment de se sentir gêné pour quoi que ce soit. Il fallait qu'il se ressaisisse.

Hawk. Le paillasson. Mort imminente.

Ça devrait le calmer. Ça aurait dû le calmer. Alors bordel de merde pourquoi était il tout sauf calme ? Était-ce justement parce qu'il savait qu'il était dans une situation des plus dangereuses ?

L'adrénaline. Oui c'était ça. Ça ne pouvait être que ça. Sacré adrénaline, toujours le mot pour rire.

Haha.

Par la faute de ses élucubrations mentales il ne s'était pas rendu compte de la présence d'un nouveau venu. Celui-ci avait déjà pris pour acquis le canapé du salon, s'y installant de tout son long, jambe croisée, tandis qu'il grignotait des ailes de poulet chaudement rapporté du KFC.

-Tu en veux ?

Après une pause, Alexander prit la volaille tendue tout en observant circonspect ses rideaux danser avec la brise.

-Par la fenêtre. Pourquoi n'y ai je pas pensé ? Dit il en refermant ce qui fut la porte de Hawk.

-Tu m'as pas vraiment laissé le choix. La réception était exécrable.

-Mea culpa. J'avais des caleçons à cacher.

-Dans la salle de bain ?

-Endroit propice aux linges sales.

-Et au soulagement. D'ailleurs si ça ne t'ennuie pas je vais y faire un tour.

-Les toilettes sont cassées depuis ce matin. Je vais les faire réparer.

-Ah. Tant pis.

Silence.

-... Pourquoi es- tu mouillé ?

-Je suis... Tombé dans ma douche. Et j'ai ouvert le pommeau dans ma chute.

-Hum. Étrangement ça te ressemble.

-Je ne sais pas comment le prendre.

-Prends le comme tu veux.

Nouveau silence. Nouvelle mastication dans la chaire panée.

Un malheur n'arrive jamais seul.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant