Et la terre s'effondre

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C'est le premier week-end où il se retrouve seul. Une dernière recommandation, un sourire forcé et Axel claque la porte de leur grande maison, sa maison, une baraque en bois gigantesque peuplée de jouets colorés qui lui font mal aux yeux et qu'il a bien du mal à reconnaitre maintenant qu'elle est vide. Plus de cris, de pleurs ou de babillages qui lui tirent des rires jusqu'au bout des oreilles. Ça fait bizarre, d'un coup. Le silence. Il a l'impression de déambuler dans les ruines d'un vieux parc d'attraction.

Il se laisse tomber dans le canapé, une bière fraîche à la main.

Évidemment, il a cédé. Qu'est-ce qu'il pouvait faire d'autre ? Saïx a assuré qu'il emmènerait Xion a son atelier et Roxas... Roxas avait l'air tellement heureux à l'idée de visiter sa nouvelle maison. Il n'aurait pas crû. Il lui a demandé pourtant, tu es sûr, tu veux y aller, il l'a pris dans ses bras en lui expliquant qu'il ne serait pas là pour lui lire son histoire préférée le soir, celle où il imite le renard qui va manger la poule, mais non. Au moment de partir, il n'a même pas chouiné. Pas une larme, rien. Il a lâché sa main et il a pris la sienne, avec ses petits doigts de bébé, et Saïx l'a porté jusqu'à la voiture et ils ont disparu comme ça, sans un regard, en le laissant sur le perron avec l'horrible sensation d'avoir été piétiné.

Axel porte la bouteille à ses lèvres. Il pourrait en profiter, là, s'il avait seulement une idée de quoi faire. Depuis combien de temps est-ce qu'il n'a pas touché ses vieux jeux vidéos ? Sa guitare électrique ? Il lève les yeux vers le buffet, laisse traîner son regard sur les tapis recouverts de bordel, l'évier et la cuisine où gisent encore les assiettes sales de la veille. Il pourrait en profiter pour faire la vaisselle, mais ce serait gâcher. Ou alors, il pourrait se branler. L'idée l'effleure vaguement tandis qu'il se relève, erre comme un mort jusqu'à sa chambre pour retrouver son placard, ses affaires, son lit. Cet immense lit double peint d'une couleur qu'il n'aime plus vraiment.

Leur lit à deux.

Il parcoure les photos accrochées au mur sans approcher, sans respirer, même. Les clichés sous le soleil d'été, les cadres près de la lampe où les souvenirs vivent. Quelque chose attire son attention. C'est rien, deux lignes à la lumière du verre. Un détail qu'il avait fini par oublier à force de passer devant, comme ça arrive quand on ne fait plus vraiment gaffe.

"Your hand touching mine. This is how galaxies collide."

La gorge serrée, Axel s'avance pour désosser le cadre. Le papier est si doux sous ses doigts. Sa main tremble. C'est l'écriture de Saïx là dessus - il la reconnait.

Et en bas, inscrit en tout petit, la date de leur rencontre.

Le rouquin ouvre la bouche pour crier. La referme. Deux jours pour s'effondrer, finalement, c'est pas si mal.

***

NDA : le thème du 9 avril était : "Ta main touchant la mienne. C'est ainsi que les galaxies entrent en collision.(Sanober Khan)"

Kingdom Hearts - A l'amiableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant