On ne négocie pas avec la peur

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Le rouquin le regarde s'enfuir. Il a envie de rire tandis qu'il coure à sa suite pour le rattraper. Un divorce à l'amiable ? Ils ne savent même pas ce que ça veut dire. L'autre peut tordre la vérité comme ça lui chante il ne lui fera pas gober un truc pareil. Pas à moins d'avoir sa bite dans la bouche. Pas comme ça.

"Et j'étais censé faire quoi avec ? Refuser et me les fourrer bien profond dans l'urètre ?

Saïx sent l'étau se refermer sur lui. Il chasse les doigts qui l'encerclent, carre la mâchoire en réalisant qu'il ne pourra pas être à l'heure au travail. Il sait comme Axel peut-être puéril, et cruel. Il déteste au moins autant qu'il aime et lui, il n'a pas envie d'avoir cette conversation.

— Ne joue pas les victimes. Tu as donné ton accord, point final.

— J'ai donné mon accord parce que c'était mieux pour les gosses. Pas parce que j'le voulais."

Cette fois, Saïx se retourne. La colère craquèle sa figure alors qu'il écarte l'index accusateur posé sur sa poitrine. Sa bouche se déforme, sa silhouette carrée l'avale tout entier et le roux disparait soudain, minuscule devant lui. Il tremble, même. Mais pas de peur. Plutôt comme s'il attendait qu'on le cogne. Il voit comme Saïx en meurt d'envie.

"Je vais oublier que tu viens de te servir de nos enfants pour justifier un choix que tu as fait.

— C'était pas un choix, c'était un guet-apens.

Le renard persifle, son regard dentelé planté sur sa cicatrice. Cette marque en biseau qui se plisse quand il retrousse les lèvres, dernier souvenir de sa vie d'avant. Il doit fournir un effort surhumain pour ne pas lui sauter à la gorge.

— Tu pouvais faire appel. On en a déjà parlé.

— Je pourrais dire que tu me menaçais."

Axel s'avance. Sa voix se fait plus douce, dangereuse, le genre d'attitude qui l'a fasciné plus d'une fois quand ils étaient amants. Il jette un coup d'œil vers la maison comme pour s'assurer du secret autour d'eux, et Saïx croit voir passer en lui un fragment d'inquiétude. Presque, quelque chose de maternel.

"Je pourrais dire que j'ai signé sous la contrainte. Que tu te serais arrangé pour conserver la garde exclusive de Roxas et Xion si je disais non.

— Ça ne changerait pas le fait que notre mariage est terminé, et tu le sais très bien."

Axel claque de la langue, mais le bleuté tient bon. Ce ne sera pas la première fois qu'il désamorce une bombe.

"On a qu'à faire comme si on ne s'imposait rien, alors, l'autre finit par concéder en haussant les épaules."

Il rebrousse chemin et Saïx s'autorise un soupir en regagnant sa voiture. Au moment d'enclencher la première, pourtant, il s'arrête. Le doigt d'Axel tape contre la vitre.

A contrecœur, il baisse le battant.

"Juste, si tu pars trop loin souviens toi d'une chose."

L'homme d'affaire n'aime pas ça, quand Axel lui sourit.

"C'est moi, le parent légal."

***

NDA : le thème du 14 avril était : "Même si je tremble, je n'ai pas peur" (Pomme)

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