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Axel scrute l'écran brisé de son téléphone. Il a l'impression d'avoir quinze ans en appuyant sur la touche pour le mettre en veille, le rallume quinze secondes plus tard avant de soupirer. Il devrait checker le site de Pôle Emploi et payer sa facture d'électricité, mais il n'arrive pas à décrocher ses yeux de l'objet. Comme s'il avait soudain perdu de sa gravité et que la chose l'aspirait.

L'écran d'accueil s'éclaire et il contemple le fond galaxie par défaut. Son doigt compose machinalement le grand S qui lui sert de code. Il devrait le modifier, mais l'habitude l'en empêche. C'est simple, à chaque fois qu'il en trace un autre il se plante, le retient deux jours, finit par oublier, rage, retourne dans les paramètres pour se souvenir de ce qui cloche, craque et au bout d'une semaine, il abandonne l'idée d'en changer.

Peut-être qu'il devrait laisser tomber Saïx comme son mot de passe. Laisser glisser leurs années de vie commune à la corbeille au lieu de tirer sur ce fil qui s'effiloche au fur et à mesure qu'il essaie de le réparer. Le bleuté a raison, il était d'accord pour arrêter. Il nie de tout son être mais c'est vrai. Leur relation l'a étranglé. L'anneau à son doigt serré comme on arracherait une vie à l'aide d'un crochet, comme si son cœur avait été exfiltré de ses tripes au fur et à mesure qu'il quittait sa terre pour rejoindre la sienne. Son mode de vie libre et ensoleillé, son existence comme un volcan cracheur de feu et de poussière, disparus dans l'ombre de la lune.

La galaxie de Saïx était claire et sèche. Un noyau brillant, calme, qu'il brûlait de toucher, une planète où il a voulu établir la vie en colonisateur alors qu'il aurait dû savoir qu'il ne servait à rien de changer l'immuable. Que la terre tourne et que la lune ne bouge pas, et que les étoiles meurent plus vite qu'il n'a de temps pour y penser.

Il se laisse choir de tout son long sur le canapé, en apesanteur. La fusée de Space X a décollé le matin même mais si on le lui demandait il n'hésiterai pas à dire à Elon Musk ce qu'il en pense, lui, de la terre rouge. Y'a plus de vie sur Mars. Fini. Et sûrement que si y'en avait encore, les martiens seraient pas en train d'attendre un coup de fil venu d'un vaisseau spatial qui a coûté mille fois plus qu'une blinde. Il vit sur une planète où il dit tout alors qu'il n'a pas son mot à dire et où Saïx ne rappelle pas. C'est ça, Mars. Lui dans un vieux fauteuil incapable de vivre alors que ses mioches font la sieste dans la pièce d'à côté. Des restes de cailloux tranchants et son passé qui brûle.

Il renifle en comprenant que son portable ne sonnera pas. Quinze heures passées, un mercredi. Il fait tellement beau à travers les carreaux personne ne soupçonnerait l'apocalypse.

Encore dix minutes, et il réveillera les gosses pour aller s'aérer.

***

NDA : le thème du 23 avril était : Y'a t-il de la vie sur Mars ? (Is there life on mars ooooohhh-)


Kingdom Hearts - A l'amiableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant