Kingdom Hearts - A l'amiable

Pardon

"Faut que j'te dise quelque chose.

— Plus tard."

Axel se recule doucement. Il regarde Saïx s'éloigner à nouveau et cette fois il n'a pas envie de le rattraper, ni de lui balancer un jeu de société en plein dans la figure. Soit sincère, a dit Demyx. Ne joue pas. Il le sent qui s'éloigne d'une façon qu'il ne reconnait plus, ses pieds s'enfoncent dans un sol gonflé d'eau et il prie pour que cette fois, son ex comprenne qu'il n'est pas là pour lui mettre des bâtons dans les roues.

"C'est important, il précise en posant le sac des jumeaux dans le coffre.

— Si c'était important, tu l'aurais dit depuis longtemps. Depuis quand est-ce que tu tourne autour du pot ?"

Axel reste silencieux. Roxas et Xion gazouillent à l'arrière. L'histoire se répète.

Quand est-ce qu'il a laissé les choses s'envenimer de cette façon ? Il a en mémoire l'amusement discret avec lequel Saïx le regardait, au début, quand il refusait ses avances. Les piques lancées du tac au tac, les déjeuners d'affaires pour le boulot. Le bleuté l'impressionnait dans son uniforme sobre. Le contraste saisissant de ses cheveux bleus sur le noir luisant de son costume, les perles de son chapelet toujours pendu à son rétro. Il disait qu'il croyait, à l'époque. Il voulait le pardon. Il se souvient lui avoir dit que s'il le voulait vraiment, son pardon, il n'avait qu'à agir au lieu de rester là à se tourner les pouces.

Saïx avait ri, avant de le virer. Le lendemain, ils quittaient la région ensemble pour partir Dieu sait où.

"Je te demande pardon."

Le bleuté relève la tête. C'est de la surprise, qu'il lit sur son visage ? Son bras lui fait mal comme il se serre trop fort, et il regrette instantanément de ne pas avoir attendu le retour des vacances pour ouvrir la bouche.

"De quoi ?"

Axel ose à peine soutenir son regard. Il a envie de répondre "tout", mais est-ce que ce ne serait pas un peu se prendre pour Jésus ? Est-ce que ce ne serait pas mentir d'omettre les rares fois où il avait raison ?

Il fait un pas en avant, les doigts tendus vers lui. Ses ongles effleurent sa cicatrice, et Saïx ne le repousse pas.

"De t'avoir blessé.

— C'est fini, maintenant.

— Je sais.

— Et tu t'excuse quand même ?

— Mieux vaut tard que jamais."

Il caresse sa joue, s'écarte lentement en entendant son nom. Saïx le regarde dire au revoir aux enfants avec l'impression que l'univers vient de lui faire une blague impossible à comprendre. Il fixe la maison qu'il a construit, les cheveux d'Axel qui dépassent de la portière et le temps qui flotte autour d'eux comme autant de lames de rasoirs, avant de contourner sa place pour se mettre au volant.

"Bonne route."

Le rouquin agite la main. Il sait qu'il leur faudra du temps – en témoigne son corps tout percé de douleur, mais Saïx veut bien accepter le délai. Il boucle sa ceinture.

"A dans deux semaines, alors.

— Ouais, sourit Axel. Fais gaffe sur le trajet."

***

NDA : le thème du 26 avril était : Évangile