Devenir invisible. C'est ce que Saïx voudrait, alors qu'il ouvre la bouche pour parler. Remercier cet homme séduisant qu'il a raccompagné et qui se penche sur lui pour l'embrasser. Faire un immense pas de côté et, vite fait bien fait, prendre la poudre d'escampette.
"C'était une bonne soirée, il lâche, de ce ton sans émotions qu'il utilise pour répondre au boulot."
Il a l'impression d'avoir oublié le mode d'emploi, comment agir et exister dans la même sphère que quelqu'un d'autre, formuler des phrases qui ne soient ni cordiales, ni glaciales, encore moins mécaniques. Ça n'était pas si difficile, avec Axel. A se demander comment il a réussi à décrocher ce date en premier lieu.
L'autre le regarde de travers et il doit prendre sur lui pour ne pas le jeter hors de sa voiture. Ils ont passé la moitié de la soirée ensemble et ce n'est que maintenant qu'il réalise à quel point sa présence le révulse. Il fait de son mieux pour conserver une expression neutre mais ça le frappe comme un coup de poignard, ça hurle et ça crie, en dedans.
Ne me touche pas.
Dégage.
Enlève ta main.
Il réajuste sa ceinture de sécurité, la gorge nouée. L'autre s'est reculé et un étrange silence s'installe dans l'habitacle. Un poids dans son estomac alors que Saïx se remémore de la raison de leur petite entrevue. Le dernier métro est passé il y a une heure et il ne peut pas le ramener parce qu'ils avaient la ferme intention de... il préfère autant pas y repenser. Pas dans la même pièce où il a accueilli ses enfants. C'est hors de question.
A quoi est-ce qu'il pensait ?
Il voit ses doigts qui tripotent son pantalon froissé, le paquet de Mentos à la fraise qui dépasse de sa poche. Encore deux minutes et il lui trouvera tous les défauts du monde. Un jugement injuste, cruel, le même qui l'a poussé à ne pas regarder sa bio avant de se lancer. Ses mains encerclent le volant.
Il recrache l'air comme s'il allait gerber.
"C'est... Ça va ?
— Non."
Il n'a jamais été très doué pour mentir, et sa réponse franche achève de déstabiliser l'inconnu. Il ne doit pas être si impressionnable s'il a accepté de les rencontrer, lui et sa cicatrice. Un fétiche étrange, un syndrome du sauveur ? Ses yeux croisent les siens comme un saut dans le vide, et il réalise qu'il a le vertige en repoussant la portière à la recherche d'air frais.
"Tu veux que je...
— Je vais t'appeler un taxi."
Et il mettra tout en œuvre pour qu'ils ne se revoient plus jamais. Plus de match, plus de restau, plus de numéro à appeler. Avec un peu de chance, les choses retourneront à l'état où elles étaient avant qu'il ne rencontre Axel. Juste lui, Roxas et Xion. Il peut y survivre. Oublier le froid qui habite sa poitrine en imaginant le rouquin à sa place dans le lit, ses bras ouverts comme un millier de flammes.
Le type le suit, et il s'arrête sur le parking.
"On pourrait..."
— Non. Je suis marié."
Ça sort tout seul. Et c'est peut-être bien ça, le plus embarrassant, alors qu'il file dans la nuit en prétextant une absence de réseau.
***
NDA : le thème du 24 avril était : Prendre la poudre d'escampette
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Kingdom Hearts - A l'amiable
FanficAxel regarde Saïx. Il a envie de rire. Un divorce à l'amiable ? Ils ne savent même pas ce que ça veut dire. *** Une nouvelle fanfiction susceptible de ne jamais finir, parce que pourquoi pas ? [AkuSai/AU - Défi sur le Forum de l'Eclaireuse "Un jou...