Kingdom Hearts - A l'amiable

Mourir avec toi

"J'veux mourir avec toi."

Ça sort droit comme la trajectoire d'une balle, dans la bouche d'Axel. Le matin est à peine levé et Saïx se retourne dans le lit pour tomber sur son regard vert, deux fentes qui le couvent avec la vivacité claire d'une journée d'été.

Est-ce que le rouquin arrêtera jamais de l'épier comme ça, au sortir du sommeil ? La joue dans sa paume, le coude sous l'oreiller ? Sa peau blanche brille plus que les draps parfumés de l'hôtel et il cligne des yeux en rabattant la couverture sur lui, à la recherche d'une chaleur qui ne semble pas vouloir le quitter.

"On est marié depuis vingt-quatre heures et tu veux déjà nous enterrer ?"

Axel tend la main vers ses cheveux. Un geste qui lui appartient, comme s'ils étaient déjà seuls au monde dans ce cercueil allongés l'un contre l'autre, à profiter ensemble de la douceur du linceul. Saïx laisse faire. Il entend sa propre voix en sourdine, rauque comme à travers une toile, et c'est assez agréable pour qu'il ne culpabilise pas d'avoir bu tout ses cocktails de la veille.

"C'est pas ça, Axel répond."

Il fait courir un index sur son épaule, froisse le nid qu'ils ont tissé pour s'allonger sur lui. Le rouquin respire dans son oreille, vit, soupire, se cale contre sa peau avec l'envie explicite de se fondre en lui. La manœuvre tire une esquisse de sourire à Saïx, qui l'attrape aussitôt par la nuque et serre avec juste ce qu'il faut de force pour l'embrasser.

Maintenant qu'ils sont là, il n'a plus jamais envie de se lever. Il ne devrait peut-être pas y penser mais ils ont ça, avec Axel. Pas de sujets tabous, pas d'attentes particulières jusqu'à la mort. Il n'y a que lui qui peut comprendre, même s'il se demande parfois comment il fait pour être aussi borné. Bien sûr qu'il aimerait qu'ils meurent ensemble. Mais pour mourir, est-ce qu'il ne faudrait pas déjà qu'ils vivent quelque chose ? Il commence à peine à avoir des projets d'avenir maintenant que le renard est rentré dans sa vie. Des choses qu'il n'aurait jamais osé espérer avant de le rencontrer, qu'il a toujours scellé au fond de sa poitrine comme on oublie un monstre.

Il n'a pas envie que ça s'arrête si vite. Même s'il ne le lui dira probablement jamais.

"C'est quoi, alors ?

"Hm."

Axel agite la main. L'anneau doré qu'il porte attrape distraitement les rayons du soleil. Pour quelqu'un qui avait si peur de s'engager, Saïx le trouve plutôt fier de sa babiole. Il caresse sa joue.

"Pour qu'on meure ensemble il faudrait que je te tue."

— Et tu le ferais ?

— Si tu me demandais, oui.

— Tu peux pas me tuer.

— Bien sûr que si.

— Non."

Saïx fronce les sourcils. Axel le coupe sans lui laisser le temps de s'étonner.

"Pas d'une manière qui importe."

Un sourire mystérieux passe sur sa bouche et puis, il rit.

"Pour ça, il faudrait me quitter."

***

NDA : le thème du 12 avril était : "Tu ne peux pas me tuer d'une manière qui importe." ("You can't kill me in a way that matters".)