10 - Heu... Qu'est-ce qui me prend ?

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C'est la fin des cours, je suis pressée, car ma mère a eu la bonne idée de me donner rendez-vous chez le dentiste tout juste après les cours. Sauf qu'en réalité ça ne m'arrange pas et en plus je n'aime pas y aller, je suis toujours stressée.

Je n'ai pas beaucoup de temps, donc je fourre rapidement mes Bics, crayons dans mon plumier, mes feuilles de notes dans mon classeur sans les trier et je pars, mais sans mettre mon classeur dans mon énorme sac, mon plumier non plus d'ailleurs et j'eus la très mauvaise idée de ne pas fermer celui-ci.

Tout se répand sur le sol quand, en sortant de la rangée, je me cogne à quelqu'un qui est apparemment aussi pressé.

- Mais nom d'un chien !

- Désolée !

- La bizarroïde en plus ?

Tout d'un coup, le garçon que j'ai bousculé attrape un de mes papiers et est sur le point de le déchirer.

- Non ! Arrête, ne fais... Il m'interrompit.

- Tu vas le regretter ! Tu n'es...

Mais un coup d'œil derrière moi le fait taire et il ne déchire rien, heureusement car sinon j'aurais craqué devant tout le monde.

Mais pourquoi ne m'injurie-t-il pas ? Pourquoi m'a-t-il lâchée ? Pourquoi a-t-il eu peur ? Je tourne la tête dans la direction qu'il a regardée et je vois cet imbécile lui lancer un regard noir. Je ne comprends pas tout de suite.

Le garçon me rend correctement mes notes et s'en va en me disant :

- Fais gaffe la prochaine fois.

Quoi ? Et c'est tout ?

Je le vois encore regarder vers SA direction, inquiet. Qu'est ce que Nathan a encore fait pour que les autres aient peur de lui ?

Je ramasse mes papiers, mon classeur, mes Bics que je fourre dans ma trousse. Je n'ai pas terminé qu'une main apparaît dans mon champ de vision et attrape le Bic que je veux prendre. Dans mon élan, je la touche et des frissons me parcourent le corps.

L'imbécile me tend le Bic que je prends sans grande rapidité et il continue à rassembler tout.

- Waouw ! C'est super clair et structuré. Dit-il en lisant mes notes.

Puis il me les tend. Nos yeux se croisent et ce fut impossible pour moi de ne pas les quitter. Je suis agacée d'être hypnotisée par le bleu si intense. Il me sourit. Un sourire si craquant, ça en devient maladif.

- Je peux les prendre si tu veux, mais je risque de ne jamais te les rendre.

Il me sort de ma rêverie, je me ressaisis et m'empare de ce qui m'appartient.

- Non, tu n'auras rien de moi. Certainement pas mes notes alors que je sais que tu n'écoutes même pas en cours. Je déteste être la bonne de service, la bonne à tout faire.

- C'est pour ça que je te les redonnais, Poupée. Je connais ton avis négatif sur moi, mais aussi le positif. Tu ne me résistes pas, je suis bien trop beau pour que tu me tiennes tête.

C'est dingue le changement de caractère soudain avec lui. Il ne bégaie plus avec moi. Depuis qu'il a rencontré Henry dans la rue. Il a pris en assurance et me déstabilise complètement. Je ne vais pas dire que les rôles ont complètement changé, mais il n'est plus le même.

- Tu as plutôt une tête de gros narcissique vantard. Et je rêve ou tu fais régner ta loi ?

- Que veux-tu dire pas là ?

- Comment as-tu fait pour que tout le monde arrête de m'embêter ?

- Je ne vois pas de quoi tu parles. Ment-il.

- Arrête, je l'ai bien vu. Ce garçon n'a rien dit alors qu'avant il se serait acharné sur moi.

- Je n'ai rien à voir avec tout ça.

- Arrête de me mentir. J'ai vu son regard vers toi. Qu'est ce que tu as fait ?

Il s'approche dangereusement de moi, je recule pour l'éviter, mais mon pied trébuche sur la marche d'escalier, je perds l'équilibre, j'allais tomber lorsque sa main attrape mon bras fermement m'empêchant de justesse de me retrouver les fesses par terre. Ce touché m'électrocute. Cette sensation agréable parcourt tout mon être. Je sens des frissons me parcourir la peau.

- Je voudrais t'aider.

Je me dégage de lui. Mais il reste toujours près de moi, je monte la marche pour l'éviter, mais il fait de même pour garder la même distance entre nous.

- Depuis quand un Bad boy populaire s'intéresse-t-il à une impopulaire dérangée ?

- Depuis que je suis arrivé il y a un mois et demi et que je te connais. Tu sais et je te le répète encore et encore, tu m'intéresses et tu es à moi. Je tente tant bien que mal de te faire intégrer alors tu devrais plutôt me remercier.

- Je n'ai pas besoin de toi. Répliquais-je.

- Si Poupée, tu as besoin de moi, car je suis le seul ici, qui a découvert la personne extraordinaire qui se cache derrière ce masque impopulaire. Tu t'es créée cette carapace et tu continues à alimenter cette réputation, mais ça ne marche pas avec moi. Tu es belle, sexy même. Tu as un caractère bien trempé, mais tu es une personne gentille, aimante qui ne sait pas encore donner sa confiance, mais un jour, je suis sûre, tu changeras et tu découvriras un monde magnifique.

Il se tut d'un coup, moi je ne peux rien dire à tout ça tant je suis sous le choc. Il pose ses deux mains sur mes épaules et vire son regard dans le mien, l'air sérieux.

- Je prendrais mon temps avec toi. J'ai d'ailleurs tout mon temps et je compte profiter de chaque instant que tu me permets d'avoir avec toi. Ajoute-t-il après une pause.

Il pose sa main sur ma joue, je rougis sûrement et sans m'en rendre compte j'ai la bouche ouverte, mais je ne peux rien faire, je suis comme paralysée par ses paroles et son geste affectueux.

- Je briserais chaque mur que tu as créé et que tu comptes créer pour nous repousser moi et les autres. Et un jour, tu auras à nouveau confiance. En attendant ce jour, personne, je dis bien personne à part moi, ne peut t'embêter désormais. Tu es à moi et rien qu'à moi.

Puis il me laissa là seule dans l'énorme classe. Je ne sais pas combien de temps je suis restée debout sans bouger, une chose est sûre, j'ai raté mon rendez-vous.

Il a réussi à me percer à jour, il sait que j'ai vécu l'enfer. Mais sait-il ce qu'il s'est réellement passé ? Non, je suis sûre que non. C'est vrai, il est peut-être marqué sur mon visage : « Je souffre. Laissez-moi tranquille », mais il n'est certainement pas marqué mon histoire. Espère-t-il que je le lui dise, que je me confie à lui ? Mais il en est hors de question. Je le déteste, je ne lui dois rien. Il ne sera jamais au courant de mes problèmes. Jamais !

Âmes briséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant