À peine rentrée, je constate le silence, le calme, et du même coup le désordre qui y régnaient. Ce silence qui pouvait provoquer l'angoisse en moi, et le désordre que je ne pouvais gérer car rien ne me motivait. Il est vrai que notre servante est chargée du nettoyage mais ma chambre a toujours été ma responsabilité.
Je cherche mon téléphone dans mon sac et je remarque qu'il est déjà cinq heures et que j'ai eu deux appels manqués d'un numéro qui m'est totalement inconnu. Qui ça pourrait être ? Éliana, ma meilleure amie ? Non. J'ai son numéro enregistré dans mon répertoire. En vue de satisfaire ma curiosité, je compose le numéro mais malheureusement ça ne capte pas. Je laisse tomber.Hum... Bon début ! Moi qui n'aimais pas les gens aient mes coordonnées surtout après la mort de Cassy. Car ils m'agaçaient trop. Ils se montraient tellement inquiets qu'ils ne m'ont pas laissé respirer à longueur de journée je devais m'accrocher au téléphone pour subir leurs interrogatoires. Ils voulaient tous savoir si je vais tenir le coup.
《 Mais comment ne pas tenir le coup, tu ne penses que je vais mourir après ma sœur tout de même 》avais-je failli répondre à l'un de mes oncles quand il m'a téléphoné le surlendemain des funérailles.
Mais je me retiens, ne préférant pas compliquer davantage la situation. Je me souviens avoir pris quelques bonnes secondes avant d'articuler :
《 Oui, oncle James. Ça va aller 》.James est mon oncle paternel. Il est le plus jeune et mon préféré. En effet cet appel téléphonique ne cessait de me tracasser. Je prends une profonde respiration, et tout à coup mon regard se trouve attiré par une photographie accrochée au mur de ma chambre. Il y a Cassy, Kerry et moi au milieu d'eux lors de leur mariage. Ma sœur et son mari étaient ravissants et très joyeux ce jour là. On ne se marie qu'une fois non ? Alors il faut en profiter.
C'en est vraiment trop pour moi. Je saisis mon téléphone et mes écouteurs et sors d'un geste brusque de la pièce. On dirait quelqu'un qui a vu un fantôme.
* *Le lendemain matin quand mon réveil sonne cinq heures, c'est avec regret que je quitte le lit pour me préparer pour l'école. La veille, j'avais vraiment du mal à monter dans ma chambre. Une chambre que j'ai partagé pendant longtemps avec Cassy jusqu'à ce qu'elle quitte la maison après son mariage pour ensuite quitter la vie définitivement...
On avait chacune nos chambres respectives mais notre complicité ne nous permettait pas d'être aussi séparées. Nos activités en journée se faisaient ensemble et on se séparait la nuit. Je m'en souviens comme si c'était hier car c'était à la maison qu'avaient eu lieu nos meilleures rigolades. On avait l'habitude de jouer à la Ronde des Sœurs : on se tenait la main, on se disait toutes les conneries qui nous passaient par la tête et on tournait en rond.Ses douze années de plus que moi étaient insignifiantes lorsqu'il s'agissait de rigoler. Vous pouvez ne pas comprendre ce qui me traverse réellement mais ma sœur a été mon héroïne, ma seconde mère, ma complice quoi. Elle avait toujours du temps pour moi, même lorsqu'elle était mariée. Et d'ailleurs, j'allais la rendre visite dès que j'étais libre les dimanches. Parfois, en l'absence de mes parents, c'est à elle qu'on confiait ma garde lors de mon enfance et que notre servante devait également s'absenter pour faire les courses. Cela m'enthousiasmait beaucoup. Car elle en profitait pour m'emmener dans divers endroits comme à un supermarché, à la place publique de notre quartier où jouaient les enfants les après-midis ou à un restaurant quand elle ne voulait pas manger à la maison. Cette fille restait rarement à la maison, elle n'était ni fainéante ni oisive. Elle sortait tantôt pour se rendre à la faculté, tantôt pour sortir avec Kerry ou s'occuper de ses affaires.
Elle a étudié la comptabilité informatisée et ensuite opter pour l'art floral et la cuisine afin de compléter son cursus. Avoir une tête bien pleine a toujours été son idéal.La sonnerie de mon téléphone me tire de mes pensées. C'est Éliana qui me laisse un message :
《 Bien dormi, ma grande ? Dépêche-toi et n'oublie pas que tu as un exposé à présenter ce matin. Ne sois pas en retard ! Grosses bises》.Ah! Je l'avais complètement oublié cet exposé. Que ferais-je sans Ana ? Elle est toujours là pour moi.
《 Oui, ma chérie. Ça va. Merci beaucoup. Je vais me dépêcher 》.
Je réponds très rapidement et je m'empresse daller me préparer.* *
- Tu es prête, Jenny ?
- Oui, M. François.
- Bien! Ralph et toi pouvez prendre place sur le podium, à présent. Il est l'heure de commencer.
- D'accord.
M. François est le directeur du Collège. Et dans notre établissement, chaque mois, il y a une classe qui présente un exposé autour d'un thème différent pouvant être utile aux élèves. Je suis en troisième année du Secondaire, et en ce mois d'Avril, c'est ma classe qui présente l'exposé. Les élèves m'ont choisie. Au début, j'ai refusé catégoriquement. Et quand le directeur a demandé quels ont été les élèves sélectionnés, ils n'ont pas hésité à répondre que c'étaient Ralph et moi. Si ça vous intéresse, je peux vous dire que je suis une fille plutôt brillante en classe, je me débrouille assez bien. Les calculs et les lettres ne me posent aucun problème. Mais je préfère mieux les lettres.
Pour revenir à l'exposé, j'ai beau expliqué à M. François que je ne pouvais pas mais il m'a parlé en ces mots qui résonnèrent encore dans ma tête :
《 Ne laisse surtout pas ton chagrin te maîtriser, je sais bien que tu peux te surpasser. Tu peux y arriver. Alors fais-le ! Ce sera pour toi l'occasion idéale de prendre le contrôle des choses 》.Wow! J'ai cru entendre mon père. Alors là tout le monde peut voir que je peux me surpasser mais sauf moi.
Et voilà comment j'ai accepté tout en choisissant Les Épreuves De La Vie comme thématique après avoir consulté Ralph.Le Collège dispose d'une grande salle de conférence et c'est là que se réunissent les élèves de la Septième année fondamentale à la Terminale. Ralph et moi montons sur le podium. Après l'accueil par le directeur et les salutations par Ralph, c'est mon tour. Mon camarade m'invite à avancer afin de commencer. Je suis terriblement nerveuse et mon coeur bat la chamade. J'ai envie de renoncer tout à coup mais je ne peux pas faire ça. Je tremble de tout mon long, sentant un conflit destructeur déchirer mes entrailles. Les mots restent bloquer dans ma gorge. Je suis paralysée et je ne peux émettre aucun son alors que tous les élèves, ainsi que des membres de la direction et du staff professoral sont suspendus à mes lèvres. Cette situation me terrifie beaucoup. Alors, voyant dans de beaux draps, Ralph vient à ma rescousse :
- Veuillez excuser ma chère co-présentatrice. Elle a un petit souci.
Je lui remercie avec un sourire avant de quitter le podium. Je cours au plus vite m'asperger le visage d'eau froide et en boire un peu. Dîtes donc, l'eau est un véritable remède. Étonnement, je me sens bien mieux et je m'empresse de regagner la salle de conférence.
_____________
Oulala! Elle a la frousse, la pauvre Jenny. Qu'en pensez-vous ? Pourra-t-elle continuer l'exposé ? Mettez vos commentaires. Partagez l'histoire à vos proches, vos connaissances. À bientôt ❣
VOUS LISEZ
Et Si On Se Trompait...
AdventureQuand celle que j'ai aimée de tout mon être quitte la maison de mes parents pour se marier, j'ai reçu une blessure en plein coeur mais je me suis dite que c'est une étape de la vie et que je dois m'y faire. Mais quand elle quitte la vie définitiveme...