J'ai cru que je dormirais tranquillement ce soir mais je me suis trompée. Ce ne fut pas le cas. Je me suis retournée dans mon lit, tout en cherchant une bonne position pendant environ une quinzaine de minutes avant de parvenir à m'endormir. Enfin, si on peut appeler ça dormir. Je me réveille d'un coup en sursaut et en sueur de mon lit. Je respire difficilement. Je viens encore de faire ce cauchemar. Celui que je fais presque toutes les nuits et qui me hante beaucoup. Je vois les funérailles de ma sœur et moi assise dans l'assistance à crier : " Non, Cassy. Tu ne peux pas me faire ça. Pas à moi."
C'est une torture incessante dans mon esprit. Je cherche à tâtons ma lampe de porche dans l'obscurité et j'allume la lumière. Je me lève et vais prendre un verre d'eau dans la cuisine que je bois d'une traite. Contrairement aux autres fois, cela ne me calme pas. Je monte m'asperger le visage d'eau froide à la salle de bain mais c'est pire. Je rejette tout ce qui était dans mon estomac. D'ailleurs, je n'y avais même pas grand-chose. Je ressens une grande faiblesse tout à coup, une faiblesse musculaire et une violente migraine. Seigneur ! Mais qu'est-ce qui m'arrive ?
J'ai les mains moites et le souffle saccadé. J'ai mal. Je souffre. La douleur m'assaille. Je ne pense pas pouvoir endurer un jour de plus. Ah! C'est bien la fin de monde, pour moi certainement... D'ailleurs n'y aura-t-il pas une fin ?
M'armant du peu de de force qui me restait, je regagne ma chambre et cherche mon portable. Il fait cinquante minutes après douze heures. Mes yeux sont remplis de larmes. J'ai mal. Ne sachant pas quoi faire, je fais une prière à mon Créateur, celui qui sait ce qui se passe à l'intérieur de mon corps et je me couche à nouveau car je ne souhaite vraiment pas réveiller mes parents.
Étonnement le sommeil me vient cette fois sans casse-tête.Le lendemain matin, je me réveille avec des maux d'estomac, signe d'une grande faim chez mon organisme.
Après avoir pris mon bain, je prépare mon sac d'école. Je suis déjà épuisée. Je trébuche. Qu'est-ce qui m'arrive, au fait ?
Pour une fois, je m'empresse d'aller manger car je n'en peux plus. Et j'espère que la nourriture fera l'affaire.- Bonjour, maman.
- Bonjour, ma grande. Tu vas bien ?
- Oui, ça peut aller. J'ai seulement une grande faim.
- Sers-toi alors. Il y a du pain et du chocolat. Et j'ai aussi préparé de la banane à omelette que tu aimes tant accompagnée de tomates coupées en rondelle. Choisis ton plat ! Et je crois que tu n'as pas seulement faim, il y a quelque chose d'autre car tu es toute pâle, ce matin.
- Je sens que je vais bien me régaler. Je vais prendre de la banane. Tu n'as pas à t'inquiéter maman car ça va aller.- Je l'espère, mon coeur. Bon appétit !
- Merci.
- Je vais me coiffer. Une fois finie, tu te sers du jus et tu te dépêches. Je ne veux pas de retard.
- C'est entendu.
* *
- Jenny! Qu'est-ce qui ne va pas ?
Je lève ma tête posée contre le bureau. C'est M. Mathurin, le professeur d'analyse qui me parle.
- Où est ton devoir ?
Après avoir fouillé dans mon sac, je me souviens que je ne l'avais pas fait hier.
- Veuillez m'excuser, M. Mathurin car je n'ai pas rédigé votre devoir.
Il me regarde d'un air étonné.
- C'est la première fois que cela t'arrive. Qu'est-ce qu'il y a ?
- J'ignore ce que j'ai sincèrement. J'ai beau essayé de me concentrer mais mon esprit divague malgré mes efforts.
- Je te crois parce que tu es une élève disciplinée. Des jours sombres, ça arrive à tout le monde. Mais il faut que tu essayes d'arranger ça car la vie continue après tout.
Et je pose à nouveau ma tête contre le bureau. J'ai une forte migraine et je ne comprends vraiment pas ce qui m'arrive.
- Qu'as-tu, Jenny ?
C'est Éliana qui me parle, à présent.
- Crois moi, ta tête fait vraiment peur à voir aujourd'hui. Ça va ? Continue-t-elle.
- Oui, ça peut aller. J'ai tout simplement une migraine.
- Alors je vais t'aider à te rafraîchir le visage aux toilettes. Je m'occupe de tout. Je comprends que ça ne va pas et qu'il te faut de l'aide.
Elle ne me laisse même pas le temps de protester. Elle va demander à M. Mathurin la permission de sortir. Vite accordée, elle me tire par le bras et je ne me fais pas prier pour la suivre. Ainsi fait, je me tourne vers le miroir en vue d'admirer un peu mon reflet. J'ai du mal à croire à l'image de celle que je vois. J'ai beaucoup maigri ces derniers jours. Moi qui avait des rondeurs, une corpulence convoitée quoi. C'est un vrai décalage.
- Tu as une sale mine, me dit mon amie tout en m'observant.
- Oui. Je sens que mon corps va me lâcher aujourd'hui, l'avoué-je enfin au prix d'un grand effort.
Son regard reste fixé sur moi sans autant prononcer un mot. C'est alors que je commence à me sentir vraiment mal. Je laisse aller ma tête en arrière et je prends une profonde respiration.
- Ma chérie, tu crois vraiment que ça va aller ?
- Non, m'éclaté-je en sanglots.
- D'accord. Calme-toi, tente-t-elle de me rassurer tout en me prenant dans ses bras.
- Allons prendre un peu d'air au-dehors, ajoute-t-elle.
- Non, je me sens pas prête en entrer en classe.
- Oui. On va rester dehors.
- Tu peux rentrer si tu le souhaites.
- Laisse moi faire ce qui est bon pour toi, ma grande.
À peine a-t-elle fini de parler que je sens une nausée. Je me dirige rapidement vers l'une des toilettes. Et ce sera ma dernière action car l'instant d'après je perds toute connaissance.
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Et Si On Se Trompait...
AdventureQuand celle que j'ai aimée de tout mon être quitte la maison de mes parents pour se marier, j'ai reçu une blessure en plein coeur mais je me suis dite que c'est une étape de la vie et que je dois m'y faire. Mais quand elle quitte la vie définitiveme...