Un, deux, et trois colocataires !

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PDV ERIN

— Patate ?

— On en a pris 500.

— Pommes de terre ?

— On en a pris 306.

— Manioc ?

— 301 et quelques bouts cassés.

Maud Rogers nous fixe tour à tour en tapotant des pieds, tandis que son acolyte Christoph Raye tient un petit bloc note, stylo à la main, en train de compter les patates. Si la situation ne faisait pas aussi peur, j'aurais très bien rit, à voir la tête de Maud, son gros bide et son imperméable tout moche; et à côté d'elle un petit Christoph maigrichon à lunette qui compte des patates qui vont pourtant finir en purée.

— Ils viennent du champ du Sud près de la rivière ?

— Oui madame, près de la rivière, je réponds tel un petit soldat.

Et encore vous ne voyez pas la tête que tire Aspen, on aurait cru qu'il allait me sauter dessus. Enfin « sauter » du genre « je vais te tuer, ne fais pas ta chouchoute », qu'on soit bien clair.

— Parfait, conclut Maud. Allez donc rejoindre vos chalets respectifs. Vous êtes répartis par groupe, dont trois personnes par chalet. Quand la sirène retentira, vous sortez, et prenez place sur les tables et bancs près du seul chalet rouge. Et dans le calme !

— Oui Miss Rogers !

Franchement, si j'avais su qu'on allait être formés pour être soldat, j'aurais dû rester chez moi, quitte à endurer la voix ennuyeuse de Shawn Mendes pour Emilie.

Nous sortons alors de la maison où a été aménagée une grande cuisine, et où on devait ranger tous nos provisions, pour nous diriger vers nos chalets respectifs. Aspen me bouscule, manquant de me pousser dans la mare, et marche devant moi à grandes enjambées.

— Bouscule plus fort aussi. Déjà que tu n'as pas daigné sortir un seul mot tout à l'heure, marmoné-je.

Il se retourne vers moi.

— Tu t'en sortais bien tout à l'heure pourtant, madame j'ai-fait-tout-le-travail.

Je soupire en roulant mes yeux.

— C'est bon, avoue je t'ai quand même aidé tout à l'heure, et puis tu vou-

Sans même que je ne puisse terminer ma phrase, il entre dans l'un des chalets et claque la porte.

Au revoir et bonne nuit Aspen, c'était une agréable journée !

Pfff.

Je me retrouve alors seule, et je fais le tour sur moi-même pour découvrir que nous sommes réellement en pleine forêt. Les arbres sont si hauts et énormes, des étoiles sont parsemées partout dans le ciel et une légère brise chatouille et fait virevolter mes cheveux. De nombreux chalets sont dispersés ici et là, avec de jolies lanternes et une balançoire posée devant chacun. Celui où vient de s'enfermer Aspen est le numéro vingt-cinq, et je regarde ma carte où est inscrit le numéro vingt-six.

Sans grande surprise, je découvre alors mon chalet qui est en face de celui de l'agneau. Il est allumé, et je peux déjà entendre des cris depuis l'extérieur.

Je m'avance, ne prends pas la peine de toquer et pénètre dans la salle. Avant de m'immobiliser.

Quelqu'un peut me dire ce qu'elle fout ici ?

— Arrête !

— Allez, touche le. Il ne mord pas !

— Non non et non ! Pousses toi bon sang, arrête !

ERINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant