Partie 2 : Espoir. Chapitre 6 : M'attendras-tu ? (suite)

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Point de vue de Théo

Je me sens de plus en plus faible. Je regarde Peter, il est assis dans une chaise, près du lit, une main sur mon épaule. Il ne peut me tenir la main, il ne faut surtout pas qu’il ait du sang sur lui.

Je le regarde, il a le regard vide, tourné vers moi mais je vois qu’il ne me regarde plus, il est perdu dans ses pensées et des larmes roulent sur ses joues, sans qu’il essaie de les essuyer. Dans l’état où il est, je ne suis même pas sûr qu’il se rende compte qu’il pleure.

Mes pensées sont claires, je ne suis pas vraiment triste, dans cette vie, je ne peux dire que j’ai été heureux. Cela aussi je l’ai écrit ce matin dans le manuscrit. Je sais que Peter ne le lira qu’après ma mort.

Cela fait presque trois quart d’heure que je me suis ouvert les veines des deux poignets, le sang s’écoule doucement, mais je pense que maintenant la fin ne devrait plus tarder. Je n’aurai pas dû demander à Peter de rester près de moi jusqu’au bout, c’est une épreuve trop terrible pour lui.

Quand j’ai assisté à la mort de Chloé, cela a été rapide, trop rapide. Lui est obligé d’assister à une mort lente, trop lente, j’espérais en finir plus vite. Je pourrais lui dire de partir, que c’est fini de toute façon, mais j’ai besoin de sa présence près de moi. C’est égoïste.

Je reste donc à le regarder sans rien dire. Ma vue commence à se brouiller. Je vais bientôt perdre connaissance, je le sens. Avant de sombrer je murmure
-  je reviendrai, je te le promets.

J’ai l’impression de me réveiller, je me sens bien. Ne devrais-je pas être mort ? Tout est noir autour de moi, fait-il déjà nuit. Finalement, le noir ne me semble plus aussi noir et rapidement tout s’éclaire, avais-je oublié d’ouvrir les yeux ?

Tout est flou, je ne le vois pas, mais je sens que Peter est là. C’est vrai je sentais que je perdais connaissance et maintenant je viens de me réveiller. Tout s’éclaircit de plus en plus autour de moi.

Je me rends compte que je me vois aussi. Je ne suis plus dans mon corps, je suis juste au-dessus. Ca y est, je dois donc être mort. Que suis-je sensé faire maintenant ? Je ne peux rester ici trop longtemps.

Peter ne s’est pas encore aperçu que je ne suis plus vivant. J’essaie de m’approcher pour le lui dire, mais je suis comme attaché à mon corps. J’attends donc. Peter tend la main vers mon cou, il cherche ma carotide pour vérifier mes pulsations cardiaques. Il ne semble pas en trouver. 

- Adieu Théo, reviens moi vite, je t’attendrai
dit-il.

Il se lève et remet la chaise en place. Je sais ce qu’il va faire, il va attendre que les draps de cette nuit aient fini de sécher avant d’appeler la gendarmerie.

J’attends, toujours attaché à mon corps. La gendarmerie est là. Un des gendarmes prend des photos mais ne touche à rien. Avec Peter, nous avons pris toutes nos précautions, j’espère que tout se déroulera comme prévu et qu’il ne sera pas embêté.

Le gendarme se penche sur moi, sa tête semble me traverser, c’est très désagréable et cela me propulse vers le haut, hors de son atteinte. Je flotte maintenant près d’un mètre au-dessus mon corps. Je n’y étais pas attaché comme je le pensais, il doit être possible de se déplacer. Pourtant, je n’y arrive pas.

C’est au tour de la police scientifique de venir. Ils ont mis du temps à venir, certainement viennent-ils de Lyon. Il ramasse tout ce qu’il trouve.

Hier, je suis mort. Je suis toujours au-dessus de mon corps. La police a très rapidement conclu à un suicide, ce qui est vrai et Peter ne sera donc pas mis en cause.

Les âmes sœursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant