Partie 1 : Deuil. Chapitre 5 : Accident

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Lundi 12 octobre 1964, 15 heures

C’est la fin des cours, nous ne voulons pas nous précipiter à l’hôtel, nous voulons prendre le temps d’y arriver, faire durer notre attente, notre dernière attente avant le grand saut. Nous sortons du lycée, main dans la main et décidons d’aller au le parc.

Nous déambulons dans les allées et, sans vraiment l’avoir décidé, nous arrivons au banc de notre premier baiser. Nous nous jetons un regard, pas la peine de parole, on s’est compris. Une fois assis sur le banc, nous vérifions qu’il n’y ait personne aux alentours. Ensuite, nous restons un moment à se regarder dans les yeux, échangeant mentalement milles promesses.

Petit à petit, sans nous quitter des yeux, nos visages se rapprochent. Enfin nos lèvres se retrouvent pour un baiser doux et également rempli de promesses. Rapidement, notre baiser s’intensifie et devient passionné. J’ai placé mes mains dans le cou de Théo, plaquant sa bouche contre la mienne. Théo m’enlace, une main dans mon dos et l’autre sur mes fesses, me plaquant fortement sur sa poitrine.

Je suis à moitié assise, moitié couchée sur lui et je sens mes seins écrasés contre lui, mais j’ignore cette douleur, elle est largement supportable d’autant que tout mon esprit est concentré sur notre baiser. Sans compter notre premier baiser donné sur ce banc exactement deux ans plus tôt, jour pour jour, c’est notre premier baiser dehors en plein jour.

Les autres fois, nous avons toujours profité de l’obscurité quand nous étions dehors. Notre baiser est interminable, nos langues se cherchent et dansent l’une avec l’autre et l’une contre l’autre.

Je repense à notre baiser d’il y a deux ans et au dégoût qui avait suivi notre premier échange. Dégoût que nous avions vitre surmonté pour échanger un vrai baiser. Il y a de cela que deux ans et pourtant j’ai l’impression que je connais Théo depuis toujours, notre relation a évolué tellement vite, nous avons fait tant de chose ensemble depuis ce baiser.

Quand nous nous séparons, essoufflés mais heureux, nous n’avons qu’une envie, se retrouver au plus vite à l’hôtel.

Nous quittons donc le parc pour se diriger vers la station de métro la plus proche. Cependant, chemin faisant, notre envie pressante s’est atténuée et nous décidons de faire encore durer un peu l’attente. Nous flânons donc un peu dans les rues en direction de la prochaine station, puis nous prenons tranquillement le métro.

Nous descendons à la station Convention. L’hôtel est tout prêt, notre enthousiasme précédent revient. Nous sommes tout excités et on rit comme des fous dans la rue. Oubliant la pudeur dont on faisait preuve jusqu’à maintenant, nous nous arrêtons tous les dix mètres pour se donner un petit baiser furtif.

Ici, dans ce quartier, personne ne nous connait. Aussi, nous ne cherchons plus à nous cacher, au contraire, nous voudrions que tout le monde sache combien nous sommes heureux d’être ensemble.

Je ne dirais pas que j’ai envie de crier en pleine rue :
« je vais le faire et ce sera ma première fois »
mais c’est presque ça. J’ai malgré tout une appréhension, il parait que la première fois c’est un peu douloureux. Mais j’en ai tant envie de le faire avec lui, l’homme de ma vie, mon âme sœur.

Je suis décidée à me donner, toute entière et sans réserve. Je sais, je suis même sûre, qu’il en est de même pour lui.

J’ai aussi l’appréhension de tomber enceinte. Nous ne voulons pas de limite pour notre première fois, nous irons jusqu’au bout. Mais je pense que le risque est limité, du moins je l’espère. Si j’ai bien compris les histoires sur les cycles menstruels, nous, les femmes, sommes fécondes essentiellement les deux semaines du milieu de cycle.

Les âmes sœursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant