Les âmes sœurs

Partie 4 : Fusion. Chapitre 8 : Visite à la banque

Point de vue de Xun

J'ai enfin fini la lecture du manuscrit. C'est totalement différent de ce que j'avais imaginé. D'ailleurs, quand j'ai commencé à lire le manuscrit, je ne comprenais pas en quoi il pourrait m'apporter des réponses. C'était comme un roman, la vie de deux jeunes adolescents qui vivaient à Paris dans les années 60. Je ne voyais vraiment pas le rapport avec moi et Samia. La seule chose qui m'interpellait était le fait que les deux adolescents se prénommaient Théo et Chloé.

J'ai donc continué à lire et j'ai compris. Pas de rêve, pas de magie, pas de quête, seulement un amour démesuré de la part de Chloé pour Théo et alors elle a réussi à se réincarner en gardant quelques souvenirs de sa vie précédente. Juste de quoi retrouver son Théo. Je passe les détails, mais ils ont eu plein de déboire. Au final, ils ont relancé un processus de réincarnation, tous les deux ensembles et le résultat est Samia et moi. Je suis Théo, elle est Chloé. Cela semble incroyable, mais tout est écrit et je sais que c'est vrai puisque j'avais des souvenirs, souvenirs qui m'ont fait venir jusqu'ici, jusqu'en France.

Maintenant, c'est à moi d'écrire ma vie, toute ma vie, tous mes souvenirs. D'écrire aussi mes pensées, mes sentiments, mes douleurs et mes joies, ma vision des choses et mes espérances. Samia l'a fait, les autres l'ont fait, certains passages sont très intimes, mais les seuls lecteurs de ce manuscrit sont les deux auteurs, Théo et Chloé, quels que soient leurs noms dans leurs différentes vies. Je vais écrire la vie de Xun, mais c'est Théo qui écrira. Je dois le faire sans pudeur, sans tabou, sans censure.

J'avoue avoir été extrêmement gêné quand j'ai lu la partie de Samia, d'autant qu'elle n'était pas loin de moi. Je la sentais d'ailleurs stressée et tendue de savoir ce que je lisais. Mais je comprends et je suis heureux qu'elle ait tout marqué et je vais faire de même.

Point de vue de Samia

Plus d'un mois que cela dure. La semaine au lycée à Vienne et chez moi à Chuzelles, le week-end à Paris dans cet hôtel à proximité du restaurant. A peine cinq heures par jour, dix dans le week-end pour faire connaissance de Xun. Nous nous entendons vraiment bien, nos âmes se sont retrouvées, mais nous souffrons de nos séparations. Jusqu'à maintenant, nous occupons notre temps à se promener dans Paris, visiter les monuments et surtout discuter ensemble du futur et des problèmes que nous devons résoudre, en particulier notre situation irrégulière en France.

Nous n'avons pas reparlé d'amour et nous n'avons pas encore commencé la découverte de nos corps, parfois je le regrette mais je ne veux pas le brusquer. Dans la semaine, il passe une partie de son temps libre chez Michel à rédiger son histoire à la suite du manuscrit. Dès qu'il aura fini, il me le donnera et je pourrais le lire. J'espère qu'il sera aussi franc que je l'ai été et que nous l'avons été dans nos vies précédentes. Alors je pense que l'on pourra aller plus loin dans nos relations.

Il y a deux semaines, j'ai demandé à Xun d'interroger ses patrons afin de savoir combien ils demandent pour racheter sa liberté. J'ai espoir qu'ils acceptent cette transaction mais Xun les craint et tarde à leur poser la question. J'insiste encore ce week-end pour qu'il le fasse, il me promet de le faire dès qu'il en sentira l'opportunité. Je le sens mal sur ce coup. N'a-t-il pas envie autant que moi que l'on se retrouve ensemble ? Est-ce que son âme aurait été corrompue au cours des réincarnations ? Est-elle encore aussi pure que lorsqu'il était Théo. Pour ma part, je me sens profondément Chloé.

Finalement, il a discuté avec ses patrons. Ils ont ri à sa demande mais ils ont finalement quand même répondu que s'il trouvait 100 000 euros en liquide, il était libre. Nous avons de l'argent, le problème n'est donc pas là. Le problème est de pouvoir retirer une telle somme en liquide. Pour cela il faudrait que je sois officiellement la gérante de la société. Et pourquoi pas après tout, tous les papiers sont là et signés. Le problème est de rencontrer le gestionnaire de patrimoine à la banque alors que je n'ai aucun moyen de prouver qui je suis.