Partie 5 : Passion. Chapitre 7 : Faire la paix !

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Point de vue de Leyza

- Entre
dit-il seulement. Certainement croit-il que c'est son père ou sa mère. Tenant le jeu de Monopoly d'une main, avec le plateau en équilibre dessus, j'ouvre la porte. Il est couché sur le ventre, sur son lit, en train de lire. Sa tête est tournée vers la fenêtre afin d'avoir plus de lumière, il ne tourne pas la tête pour voir qui entre, il ne doit pas encore savoir que c'est moi. Quelle va être sa réaction ?

Je m'arrête en tremblant à mi-chemin entre la porte et son lit. Je n'ose rien dire, j'ai toujours le jeu et le plateau dans les mains. Sans tourner la tête, il dit simplement
- si c'est pour me parler de la négresse que tu viens, c'est pas la peine, tu peux repartir et lui dire de quitter la maison.

Voici donc comment il me considère, une négresse, avec certainement tous les aspects péjoratifs du terme. J'ai les larmes qui me montent aux yeux en même temps qu'une colère s'empare de moi. Je n'ai qu'une envie c'est d'envoyer le plateau sur lui puis de courir dans ma chambre prendre ma valise et partir de cette maison. Cependant, si je fais cela maintenant, il n'y aura pas de retour en arrière et cela signifiera un retour direct au Gabon.

Je suis venu le voir pour discuter et ne pas avoir de remords si je dois retourner au Gabon. C'est mal parti, mais je dois quand même essayer. Malgré tout, je m'attendais à tout, mais pas à une telle insulte. Refrénant la colère qui m'envahit et voyant que de son côté il reste sans bouger, absorbé en apparence par son livre, mais je suis sûre qu'il ne le lis pas, qu'il attend la réaction de sa mère ou son père, je finis par dire d'une voix que j'essaie le plus posée possible, comme si son insulte ne m'avait pas touchée
- Je t'ai apporté un goûter.

Au son de ma voix il se retourne brusquement et me dévisage avec l'air surpris qui semble dire « comment as-tu osé entrer dans sa chambre ? » J'aimerai voir de la culpabilité dans son regard, suite à ce qu'il vient de dire, mais il n'y en a pas, seulement de la surprise avant que son regard vire au noir, à la haine. Avant qu'il ne prononce une phrase désagréable supplémentaire qui risquerait de faire éclater ma colère que j'essaie toujours de contenir, je lui dis
-J'ai frappé à la porte et tu m'as dit d'entrer.

Toujours avec son regard noir, il me crache
- Je pensais que c'était ma mère.

Prenant de grandes inspirations pour essayer de me calmer, je lui récite alors le texte que j'avais préparé. De toute façon, c'est soit ça pour essayer de trouver un compromis avec lui, soit c'est le clash en lui balançant le plateau à la figure. Ce mec est un con, mais c'est le fils de mes amis, je suis prête à faire l'effort de réconciliation jusqu'au bout. Sous l'effet de ma colère contenue, ma voix est tremblotante quand je dis
- Nous sommes partis du mauvais pied tous les deux, j'ai demandé à tes parents à quitter la maison, mais ils refusent et veulent absolument que je reste. Je n'ai donc d'autre solution que de vivre avec vous. Je l'avoue que cela m'arrange car je n'ai nulle part où aller. Aussi, comme nous devons vivre sous le même toit, j'aimerai beaucoup qu'on recommence tout à zéro et qu'on essaie de se supporter sinon de s'entendre. Ce serait quand même dommage de se pourrir la vie et de culpabiliser tes parents à cause de malentendu.

Il me regarde sans rien dire avec un sourire sadique qui n'engage à rien de bon et je fais un pas en arrière. Je suis prête à lâcher ou plutôt à lui jeter le plateau et le jeu pour m'enfuir s'il se lève de son lit. Il finit par répondre avec un ton agressif
- Mes parents ont raison de culpabiliser, ils auraient dû d'abord m'en parler avant de prendre cette décision, c'est aussi ma maison, je vis ici et je suis concerné si quelqu'un d'autre vient y vivre. Mais non ! Pour eux je ne suis plus rien, il préfère une étrangère et ils me l'imposent, une noire en plus. Il faudrait que je leur dise merci ?

Les âmes sœursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant