10. Les malices de Mahoutokoro

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"Discret poète,

Le pommier déroule

Ses strophes fleuries"

(Renarde de Brume)

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Mardi 03 avril 2007, île d'Iwo Jima, Mahoutokoro

Quand Hugo émergea du sommeil, il ne se souvint pas immédiatement où il se trouvait. La douce lumière qui filtrait des fenêtres, l'image de ses camarades soit endormis soit déjà partis déjeuner mirent un moment avant de s'imprimer dans son esprit. Dès qu'il fermait les yeux, son confortable lit aux tentures jaunes et noires de Poudlard lui revenait naturellement.

En sortant de la tiédeur des draps, il parvint enfin à se situer et écarta les rideaux pour regarder à travers la vitre. Cette face donnait sur la mer, le flanc de la montagne à peine discernable tant il était raide. La brume nimbait l'horizon et donnait aux autres îles une allure fantastique. Des albatros effleuraient la surface des vagues dans de gracieux mouvements, ce qui lui rappela son voyage à dos de pétrel-tempête. Il chercha la silhouette de l'un d'eux, mais il n'y en avait aucun par ici. Il se demanda où ils résidaient et qui s'occupait d'eux. Avaient-ils un Hagrid version japonais ?

Il enfila son uniforme, les chaussons de paille tressée fournis par sa mère et qui avaient un peu été écrasés dans sa valise, puis mit son sac de cours à l'épaule.

Ce ne fut qu'une fois arrivé dans la salle commune déserte qu'il se rendit compte qu'il avait un problème. Il était incapable de retrouver le chemin vers le Réfectoire. Au même moment, heureusement, la porte du dortoir des filles coulissa.

« Oh, bonjour Hugo ! chuchota Matsuko avec un grand sourire. Bien dormi ?

— Mieux que toutes les autres nuits que j'ai passé au Japon ! »

Et c'était vrai. Soit il s'était enfin habitué au décalage horaire, soit l'école avait une atmosphère plus apaisante que la maison de sa grand-mère. Il se sentait prêt à affronter cette première journée.

« Parfait ! répondit-elle en lorgnant le tableau d'affichage. Pff, je suis déjà de nettoyage après les cours. »

Elle se dirigea vers la seconde sortie, à côté de la cheminée, et Hugo s'empressa de la suivre.

« De nettoyage ?

— Tu arrives pile la bonne année, toi. Jusqu'à la fin de notre cinquième année, on doit aider les elfes de maison à nettoyer les salles de classe et les communs. Tout en révisant comme des fous, évidemment. Ce n'est pas le cas à Poudlard ?

— Heu... non. »

Il tripota la manche de son uniforme, un peu honteux. À Poudlard, ils étaient un peu comme des coqs-en-pâte : la lessive, le ménage et la nourriture incombait entièrement aux elfes. Il avait été choqué lors de sa découverte des cuisines, et donc des dessous de la Grande Salle où il pensait jusque-là que la nourriture ne venait de nulle part en particulier. Puis, même s'il avait lu les longs articles d'Hermione Granger sur la condition de ces créatures dans le Chicaneur, il s'était très vite habitué au confort. Il eut soudainement envie de se racheter, même s'il était trop tard. Heureusement, désormais les elfes pouvaient recevoir un salaire et des jours de congé, s'ils le désiraient. 

Ils tournèrent dans un couloir dissimulé derrière un paravent, si étroit que s'il écartait un peu les bras, ses coudes touchaient les parois, et que Matsuko lui présenta comme un raccourci.

« Prends garde à ce que tu dis, en dehors de la salle commune. Certains murs et cloisons de papier sont magiquement insonorisés, mais d'autres non, selon qui les a reconstruits. Je ne sais pas si on t'a dit, mais en tout il y a eu plus de seize incendies ici. Ça n'a jamais brûlé entièrement, ceci dit.

Le Sourire du Corbeau (Mahoutokoro, tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant