Chapitre 27 : Et maintenant ?

1.5K 106 0
                                    

Louise regrettait.

Pas l'acte en lui-même. Elle l'avait voulu, désiré. Il était bon, enivrant.

Mais elle regrettait le reste. Tromper Enzo, un dommage collatéral qu'elle aurait pu éviter si elle n'était pas si égoïste.

Elle le savait. Elle s'en rendait compte un peu plus chaque jour. Elle était égoïste.

Elle aimait Nina.

Elle aimait Damaris.

Alors, pourquoi leur faire du mal. Pourquoi jouer avec leurs sentiments.

Elles aussi étaient des dommages collatéraux qu'elle aurait pu éviter.

Elle était égoïste.

Elle ne savait plus qui elle était. Elle ne se reconnaissait plus. Elle ne savait pas où aller, quoi faire.

Elle aimait Damaris.

Elle aimait Nina.

Alors, pourquoi était-ce si dur. Pourquoi ne pouvait-elle pas juste les aimer.

Elle aurait pu être heureuse. Elles auraient pu être heureuses ensembles.

Elle était égoïste.

Elle ne parvenait pas être elle, à être celle qui les comblerait. Elle avait l'impression d'être prisonnière de cette relation, prisonnière de ses sentiments. Ils étaient trop grands, trop puissants. Ils l'étouffaient, elle suffoquait.

Elle aimait Nina.

Elle aimait Damaris.

Elle les aimait.

Elle devait s'aimer un peu plus, pour pouvoir les aimer sans égoïsme.


La première chose que Louise devait faire était de parler avec Enzo.

Elle l'avait raccompagné la veille après la soirée champagne. Elle l'avait aidé à se coucher et était rentrée chez elle. Il était déjà dix-sept heure passé quand elle frappa à sa porte. Il lui ouvrit nu enroulé dans un plaide, ses yeux étaient à peine ouverts, son teint blafard. Il l'invita à entrer et se coucha sur son canapé.

— Tu veux un verre d'eau ? demanda Louise, et peut être un doliprane ?

Il accepta d'un signe de tête et d'une grimace.

— Le champagne, plus jamais, dit-il en se redressant pour boire. J'ai un de ces mal de tête, tu n'imagines même pas.

— Une coupe, c'est bien, trois bouteilles un peu moins.

— Tu es venue t'occuper de moi ?

— Pas vraiment, dit Louise avec un air désolé.

— Je m'en doutais.

— Je suis désolée.

— Ne le soit pas, dit-il en essayant de lui sourire, on est trop différents. Mais j'ai quand même une question.

— Laquelle ?

— Hier soir, enfin cette nuit, après t'être assuré que j'étais bien couché, tu es partie les rejoindre ?

— Non, dit-elle après un silence, mais dans le club, je les ai rejoints dans les toilettes.

Enzo resta silencieux un instant se demandant ce qui était le pire.

— J'étais vraiment bourré, je n'ai rien vu, dit-il en essayant d'en rire.

— Je suis désolée de t'avoir fait ça.

— Laissons ça derrière nous, dit-il en essayant de se montrer courageux.

Louise ne resta pas plus longtemps, elle s'assura qu'il était bien installé, bien hydraté et partie.


Nina et Damaris hésitaient à aborder le sujet, chacune d'entre elles n'étant pas sûre que ce n'était pas un rêve, une simple illusion. Elles n'étaient pas convaincues des conclusions qu'elles pouvaient faire après cet épisode qui ressemblait plus à une vengeance qu'à une réconciliation. Qu'est ce qui pouvait se passer après ça ? C'était loin d'être la meilleure façon de reconstruire leur relation.

— Qu'est-ce que tu penses de ce qui s'est passé avec Louise ? demanda finalement Damaris.

Nina prit le temps d'y réfléchir. Ne sachant pas ce que Damaris volait entendre. Louise était son premier amour. Elle l'avait toujours aimé. Pendant longtemps, elle n'avait aimé qu'elle. Elle l'aimait toujours. Mais tout avait changé. Quelque chose c'était brisé entre elles. Leur rupture n'était qu'une fissure, mais leur rencontre dans les toilettes avait fait éclater ce qui restait de leur relation en un tas de verre tranchant. Elle ne voulait plus. Elle n'avait plus envie de se débattre pour garder Louise.

— Je ne sais pas.

— Tu peux être un peu plus précise ? insista Damaris.

— Qu'est-ce que tu veux savoir exactement ? Si j'ai pris mon pied ? Oui. Est-ce que je pense qu'on va se remettre ensemble ? Non.

— Tu ne penses pas que cela ait changé la donne ? demanda Damaris.

— Peut-être.

Damaris se sentait un peu coupable. Elle était heureuse avec Nina, mais elle l'était encore plus avec Nina et Louise. Elle avait l'impression que cette rupture était sa faute, qu'elle était de trop dans cette équation déjà compliquée. Elle voulait que Louise revienne, mais comment prendre cette décision si Nina n'était pas du même avis ? Si Louise revenait dans leur vie, devrait-elle choisir entre elles deux ? Ou pire, si Louise revenait, devrait-elle partir ?

— Elle n'a pas l'air heureuse avec Enzo, dit Damaris.

— Il faut croire qu'elle n'était pas plus heureuse avec nous.

Nina marquait un point. Les choses ne semblaient pas plus clairs que la veille, mais les deux femmes semblaient plus entrain à accepter la situation. Elles venaient, sans le savoir, de tourner une page, de clôturer un chapitre, mais il leur restait tout un livre à découvrir.


Les jours s'étaient écoulés, Louise y avait beaucoup réfléchi. Elle voulait que Nina et Damaris fassent partie de sa vie. Elle les aimait, elle le savait, elle en était certaine. Mais elle savait que ce n'était pas une bonne idée de se remettre en couple avec elles. Elle ne savait même pas si elles en avaient envie. Elle n'avait pas eu de nouvelle depuis leur rencontre fortuite.

Elle avait besoin de se retrouver, de comprendre qui elle était en dehors de leur histoire d'amour, qui elle était pour elle-même, pas juste la petite amie.

Elle ne devait plus se montrer égoïste. Elle ne pouvait pas leur dire d'attendre qu'elle se soit retrouvée, d'être là, dans sa vie, sans garder l'espoir qu'un jour peut-être.

Elle était seule maintenant. C'était ce dont elle avait besoin. Elle n'irait pas les voir, elle n'irait pas leur dire au revoir ou adieu. Elle ne leur donnerait pas de faux espoirs, alors qu'elle gardait l'espoir qu'un jour elle serait prête à vivre cette histoire sans égoïsme, qu'elles seraient prêtes à l'aimer de nouveau.

Un Café Pour TroisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant